Tomodensitogrammes : Prédire le Risque d’AVC Après un AIT

Tous les patients doivent subir un examen tomodensitométrique dans les 24 heures suivant un AVC léger ou une attaque ischémique transitoire, car ces examens peuvent prédire le risque d’un autre AVC. C’est ce que révèle une nouvelle étude publiée dans un journal de l’American Heart Association.

Tomodensitométrie d'un AVC ischémique montrant des zones de lésion cérébrale

L’attaque ischémique transitoire (AIT), souvent qualifiée de mini-AVC, se produit lorsque le flux sanguin vers une partie du cerveau est temporairement interrompu. Les symptômes de l’AIT ressemblent à ceux d’un AVC, mais ils ne durent souvent que quelques minutes.

Cependant, l’AIT peut être un indicateur précieux d’un AVC futur, avec environ 40 % des personnes ayant subi un AIT qui finissent par avoir un AVC.

La majorité des patients aux États-Unis et au Canada reçoivent une tomodensitométrie (TDM) dans les 24 heures suivant un AIT ou un AVC non invalidant, c’est-à-dire un AVC qui n’entraîne pas d’invalidité à long terme.

Une tomodensitométrie fournit des images transversales du cerveau, permettant une analyse approfondie de la circulation sanguine et des lésions tissulaires.

Mais les chercheurs de cette étude, incluant le Dr Jeffrey J. Perry de l’Université d’Ottawa au Canada, soutiennent que tous les patients ayant subi un AVC léger devraient passer un scanner, car ces images peuvent prédire le moment où les patients seront les plus à risque d’un AVC ultérieur.

Les patients avec ischémie aiguë après un AIT présentent un risque accru d’AVC

L’équipe a analysé les images cérébrales de 2 028 patients qui ont subi une tomodensitométrie dans les 24 heures suivant un AVC ou un AVC non invalidant. Sur ces patients, 814 ont présenté des lésions cérébrales dues à un apport sanguin limité au cerveau par l’ischémie.

Faits rapides sur l’AIT :

  • Près de la moitié de tous les AVC surviennent dans les premiers jours suivant un AIT.
  • La plupart des AIT durent moins de 5 minutes, la moyenne étant d’environ 1 minute.
  • Les symptômes de l’AIT sont similaires à ceux de l’AVC et incluent la faiblesse, l’engourdissement ou la paralysie du visage, des troubles de l’élocution, et des problèmes de vision (cécité ou double vision).

À partir des images, les chercheurs ont pu prédire quels patients étaient les plus à risque d’avoir un autre AVC dans les 90 jours suivant l’AIT ou l’AVC non invalidant.

Ils ont découvert que les patients souffrant d’ischémie aiguë étaient 2,6 fois plus susceptibles de subir un autre AVC si les images révélaient une ischémie aiguë, c’est-à-dire des tissus récemment endommagés suite à une circulation sanguine insuffisante, comparativement à ceux sans ischémie.

Les patients présentant des signes d’ischémie étaient 5,35 fois plus susceptibles d’avoir un AVC si les images montraient à la fois une ischémie chronique (tissus antérieurement endommagés) et une ischémie aiguë, et 4,9 fois plus susceptibles si les images révélaient des lésions de microangiopathie (dommages aux petits vaisseaux sanguins) à côté de l’ischémie aiguë.

De plus, l’équipe a constaté que les patients ischémiques étaient 8,04 fois plus susceptibles d’avoir un AVC si les images combinaient à la fois une ischémie aiguë et chronique avec microangiopathie.

Il est important de noter que 3,4 % des participants à l’étude ont subi un AVC dans les 90 jours suivant un AIT ou un AVC non invalidant, et que 25 % d’entre eux présentaient à la fois une ischémie chronique et aiguë ainsi qu’une microangiopathie.

« Au cours de la période de 90 jours, et également dans les 2 jours après l’attaque initiale, les patients ont présenté un AVC plus grave s’ils avaient d’autres lésions et une ischémie aiguë », ajoute le Dr Perry.

En commentant ces résultats, le Dr Perry déclare :

« Tous les patients doivent subir une tomodensitométrie cérébrale après un AVC ou un AVC non invalidant. Les images peuvent aider les professionnels de santé à identifier les types de dommages associés aux différents niveaux de risque d’un AVC ou à prédire quand les symptômes peuvent s’aggraver.

Ces résultats devraient inciter les médecins à être plus proactifs dans la gestion des patients ayant subi un AIT ou un AVC non invalidant, surtout lorsqu’une ischémie aiguë, ainsi que potentiellement une ischémie chronique et/ou une microangiopathie, sont diagnostiquées.

Les chercheurs espèrent que leurs résultats pourront être intégrés à d’autres facteurs de risque d’AVC – tels que l’âge, l’hypertension artérielle et le diabète – afin d’élaborer des scores de risque d’AVC pour les patients.

Récemment, une étude menée par des chercheurs du Royaume-Uni et de la Chine a rapporté avoir identifié une nouvelle cible médicamenteuse pour la prévention des lésions cérébrales liées aux AVC.

Perspectives et Recherches Futures

L’importance des tomodensitogrammes dans le diagnostic précoce et la gestion des patients à risque d’AVC ne peut être sous-estimée. À l’avenir, il sera crucial de continuer à affiner nos méthodes d’évaluation, en intégrant des technologies avancées comme l’intelligence artificielle pour améliorer la précision des diagnostics. De plus, une attention particulière doit être portée à l’identification des profils de risque chez les patients, permettant ainsi des interventions ciblées et proactives.

En outre, des recherches supplémentaires sont nécessaires pour explorer les mécanismes sous-jacents des lésions cérébrales après un AIT, ce qui pourrait ouvrir la voie à de nouvelles approches thérapeutiques. La collaboration entre chercheurs, cliniciens et technologues sera essentielle pour transformer ces connaissances en pratiques cliniques efficaces, visant à réduire l’incidence des AVC et améliorer les résultats pour les patients.

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