Le traitement à long terme le plus efficace contre le trouble bipolaire est le lithium. Ce médicament offre une protection précieuse contre les épisodes de dépression et de manie, tout en réduisant le risque de suicide et de mortalité à court terme. Néanmoins, une étude récente publiée dans The Lancet a soulevé des inquiétudes quant à la sécurité de l’utilisation du lithium, le rendant ainsi controversé.
Les auteurs de cette étude ont examiné près de 400 articles afin d’évaluer les effets indésirables possibles du lithium. Ils ont découvert que des anomalies au niveau de la thyroïde et de la parathyroïde étaient présentes chez environ 25 % des patients traités par lithium, tandis que ces anomalies n’affectent que 3 % et 0,1 % de la population générale. De plus, il a été observé que le lithium peut entraîner un gain de poids et a le potentiel de diminuer légèrement la capacité des reins à concentrer l’urine.
Les auteurs soulignent que les preuves concernant le lien entre le traitement au lithium et les anomalies congénitales pendant la grossesse demeurent incertaines. Il y a également très peu de données établissant une corrélation entre le lithium et des problèmes cutanés ou une perte de cheveux.
Il est donc recommandé aux patients de discuter des risques d’effets indésirables avec leur médecin avant de commencer un traitement au lithium. De plus, un test de calcium sérique est conseillé lors des examens sanguins initiaux en raison du risque accru d’hyperparathyroïdie. Les effets du lithium pendant la grossesse restent flous et nécessitent davantage de recherches. Ainsi, il est important d’informer les femmes en âge de procréer sur l’incertitude des risques de malformations congénitales liées à ce traitement, sans pour autant considérer le lithium comme une contre-indication définitive.
«Les femmes qui envisagent de concevoir tout en prenant du lithium doivent être conscientes que le risque accru de malformations congénitales est incertain. Le patient et le clinicien doivent discuter de l’équilibre des risques entre la santé du bébé et la stabilité de l’humeur maternelle avant de décider de l’arrêt du traitement au lithium», précisent les auteurs.
Ils insistent également sur la nécessité de recherches supplémentaires pour clarifier le lien entre le lithium, le calcium et la fonction rénale. Les patients sous traitement au lithium devraient subir des tests réguliers, jusqu’à 12 fois par mois, pour évaluer les fonctions rénale, parathyroïdienne et thyroïdienne. Si des résultats anormaux sont détectés ou si le patient a des antécédents familiaux de maladies endocriniennes, des tests encore plus fréquents doivent être effectués.
Il est conseillé de répéter immédiatement les analyses sanguines chez les patients présentant des changements d’humeur, comme la manie, et de consigner régulièrement tous les effets indésirables, y compris les troubles cutanés et capillaires, afin d’enrichir la base de données existante.
Les auteurs mettent en garde contre les dangers d’un surdosage de lithium, ainsi que de la prise de lithium dans des circonstances pouvant entraîner une déplétion sodée ou sanguine. Cela concerne la majorité des patients présentant une toxicité au lithium, notamment en cas de diarrhée, de vomissements, d’insuffisance cardiaque, d’insuffisance rénale, de chirurgie ou d’interaction médicamenteuse avec des anti-inflammatoires non stéroïdiens ou des inhibiteurs de l’enzyme de conversion de l’angiotensine (IEC).
En conclusion, les auteurs affirment :
«Les preuves ont confirmé les avantages thérapeutiques significatifs du lithium par rapport à certains médicaments alternatifs qui l’ont remplacé, ce qui pourrait favoriser une utilisation plus large du lithium. Les lignes directrices de pratique clinique recommandent depuis longtemps le lithium comme traitement de première ligne à long terme du trouble bipolaire, cependant son utilisation a diminué, en partie à cause de préoccupations en matière de sécurité. Cet examen fournit une synthèse complète des preuves de préjudice qui devrait éclairer les décisions cliniques et attirer l’attention sur des questions clés nécessitant des clarifications supplémentaires.»
Le Dr Gin S Malhi, de l’Université de Sydney, et le Dr Michael Berk, de l’Université de Melbourne, déclarent dans un commentaire :
«Dans le contexte des données d’efficacité qui renforcent le statut du lithium, et en parallèle avec de nouvelles données qui recalibrent les risques de sécurité des médicaments alternatifs, cette étude apporte une clarification rapide de la toxicité associée au traitement au lithium et réaffirme son rôle comme traitement privilégié pour le trouble bipolaire.»
Perspectives Nouvelles sur le Lithium en 2024
À l’aube de 2024, il est impératif de se pencher sur les avancées récentes concernant l’utilisation du lithium dans le traitement du trouble bipolaire. Des études récentes ont mis en lumière les effets bénéfiques du lithium non seulement sur la stabilisation de l’humeur, mais également sur la neuroprotection. Par exemple, une étude a démontré que le lithium pourrait jouer un rôle protecteur contre la dégénérescence neuronale, ce qui est particulièrement pertinent pour les patients souffrant de troubles cognitifs associés au trouble bipolaire.
Par ailleurs, des recherches émergentes indiquent que le lithium pourrait avoir un impact positif sur la prévention des troubles de l’humeur grâce à son influence sur les voies de signalisation cellulaire. Ces nouvelles perspectives soulignent l’importance de poursuivre les études sur le lithium afin de mieux comprendre ses mécanismes d’action et d’optimiser son utilisation clinique.
Les données récentes révèlent également que le suivi régulier des taux de lithium dans le sang et l’évaluation des effets indésirables sont cruciaux pour garantir la sécurité des patients. En 2024, l’accent est mis sur la personnalisation des traitements, permettant ainsi d’adapter le traitement au lithium en fonction des besoins individuels de chaque patient, tout en minimisant les risques associés.
En conclusion, le lithium demeure une option thérapeutique de choix pour le trouble bipolaire, mais son utilisation doit être accompagnée d’une vigilance accrue et d’une approche personnalisée. Cela garantira non seulement l’efficacité du traitement, mais aussi la sécurité des patients sous lithium.