Mémoire de Travail et TDAH : Une Étude Révélatrice

Des chercheurs américains ont récemment mis en lumière que les enfants présentant un trouble d’hyperactivité avec déficit de l’attention (TDAH) affichent des temps de réaction plus erratiques lors d’exercices de mémoire à court terme, en comparaison avec leurs pairs sans ce trouble. Cette étude, dirigée par le professeur agrégé Dr Julie Schweitzer du M.I.N.D. Institute et du Département de psychiatrie et sciences du comportement à l’Université de Californie-Davis, a été publiée dans la revue Child Neuropsychology.

Dr. Schweitzer a partagé avec la presse :

« Nous pensons qu’une mauvaise mémoire de travail est une caractéristique commune chez de nombreux enfants et adultes atteints de TDAH. »

Elle explicite que cette recherche aide à comprendre pourquoi « la mémoire de travail peut être performante un jour et déficiente le lendemain, semblable à un enfant atteint de TDAH qui semble capable d’apprendre et de se concentrer en classe un jour, puis se montre distrait et inattentif le jour suivant. »

Selon les estimations des Centers for Disease Control and Prevention (CDC), environ 4,4 millions d’enfants américains âgés de 4 à 17 ans ont reçu un diagnostic de TDAH aux États-Unis. En 2003, 8% des parents d’écoliers ont rapporté que leur enfant avait des problèmes de comportement liés à l’alcool.

Les chercheurs, dont Dr. Schweitzer fait partie, affirment que leurs résultats soutiennent l’idée que l’incapacité à répondre de manière constante lors de l’exécution de tâches nécessitant la mémoire de travail altère cette mémoire chez les enfants atteints de TDAH.

Des études antérieures ont montré que les enfants atteints de TDAH présentent une variation significative dans la rapidité avec laquelle ils accomplissent des tâches nécessitant la mémoire de travail, par rapport aux enfants en développement normal. D’autres recherches ont même suggéré que ces enfants pourraient afficher des temps de réponse plus lents.

Dans cette étude, des outils statistiques plus raffinés ont été utilisés pour déterminer si les temps de réaction des enfants atteints de TDAH étaient plus rapides, plus lents, ou si le processus sous-jacent était moins efficace. Les résultats ont révélé que les enfants atteints de TDAH avaient des temps de réponse similaires à ceux de leurs homologues, mais avec une fréquence accrue de réponses très lentes.

Pour mener cette étude, les chercheurs ont soumis 25 enfants atteints de TDAH et 24 témoins (enfants sans TDAH en développement normal) à une série d’exercices d’arithmétique mentale à l’aide d’un ordinateur. Par exemple, ils devaient ajouter un numéro affiché sur un écran à un autre numéro sur un autre écran sans avoir recours à un crayon et à du papier, puis déterminer si la somme affichée était correcte ou non.

Les enfants ont réalisé ces exercices au cours de plusieurs séances, avec des vitesses et niveaux de difficulté variés.

L’auteure principale, Wendy Buzy, qui était étudiante à l’époque, a commenté :

« Nous avons constaté que les enfants atteints de TDAH étaient beaucoup moins constants dans leurs temps de réponse. »

Elle a précisé que, bien que les réponses des enfants TDAH soient tout aussi précises que celles des enfants non-TDAH, une majorité de leurs réponses prenaient plus de temps.

Cette étude a adopté une approche différente de l’analyse. Contrairement aux études antérieures qui comparaient la gamme et les temps de réponse moyens, cette recherche a utilisé des outils sophistiqués pour comparer la variabilité des temps de réaction au sein et entre les individus, ainsi qu’au sein et entre les groupes.

Dr. Schweitzer a également constaté que :

« Des niveaux plus élevés d’hyperactivité, d’agitation ou d’impulsivité sont corrélés à des temps de réaction plus lents. »

À la suite de cette étude, Catherine Fassbender, boursière postdoctorale, a commencé à examiner des images cérébrales IRMf d’enfants atteints de TDAH pour analyser la variabilité des temps de réponse lors de tâches de mémoire de travail.

Dr. Schweitzer souhaite également étudier les traitements qui pourraient aider à réduire cette variabilité dans l’utilisation de la mémoire de travail. Elle a expliqué :

« Améliorer la cohérence des réponses des enfants atteints de TDAH face à leur environnement devrait les aider à mieux généraliser ce qu’ils apprennent lors des interventions cliniques, améliorant ainsi leurs compétences dans toutes les situations. »

Perspectives de recherche en 2024

Les avancées récentes dans le domaine de la neuropsychologie du TDAH ont permis d’identifier des approches novatrices pour mieux comprendre la mémoire de travail. Par exemple, une étude récente a révélé que des interventions comportementales ciblées peuvent réduire la variabilité des performances chez les enfants atteints de TDAH. De plus, des recherches sur la neuroplasticité suggèrent que des exercices cognitifs adaptés pourraient renforcer les circuits neuronaux impliqués dans la mémoire de travail.

Les données indiquent également que l’utilisation de technologies de suivi oculaire peut fournir des informations précieuses sur l’attention et la mémoire chez ces enfants, ouvrant la voie à des stratégies d’intervention plus efficaces. En somme, la recherche continue d’évoluer, offrant de nouvelles perspectives prometteuses pour aider les enfants atteints de TDAH à mieux gérer leur mémoire de travail dans leur quotidien.

Référence : « Variabilité intra-individuelle chez les enfants atteints de TDAH sur une tâche de mémoire de travail : une approche ex-gaussienne. » Buzy, M. Wendy, Medoff, R. Deborah, Schweitzer, Julie B. Neuropsychologie de l’enfant 2009. DOI : 10.1080/09297040802646991

Sources : Système de santé UC Davis.

Écrit par : Catharine Paddock, PhD

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