Une étude révolutionnaire sur la façon dont le cerveau se répare pourrait transformer les traitements de la sclérose en plaques (SEP). Cette recherche, réalisée sur des cultures de souris et de tissus humains, révèle pour la première fois qu’un type de cellule impliquée dans le contrôle immunitaire libère également une protéine qui déclenche la repousse de la myéline.

L’étude internationale, menée par l’Université Queen’s Belfast en Irlande du Nord, Royaume-Uni, a été publiée dans une revue scientifique de renom.
La Dre Denise Fitzgerald, auteure principale de l’Institut Wellcome-Wolfson de médecine expérimentale, décrit ces résultats comme «une étape majeure dans la compréhension de la façon dont le cerveau et la moelle épinière se réparent naturellement».
À l’échelle mondiale, plus de 2,3 millions de personnes souffrent de la sclérose en plaques, une maladie où le système immunitaire attaque par erreur le tissu du système nerveux central, comprenant le cerveau, la moelle épinière et les nerfs optiques.
Dans la SEP, le système immunitaire attaque et détruit la myéline, cette gaine protectrice grasse qui isole les fibres nerveuses. En conséquence, la dégradation de la myéline perturbe les signaux qui circulent dans le cerveau à travers les fibres nerveuses touchées, entraînant une multitude de symptômes tels que mobilité réduite, fatigue intense, troubles visuels, douleurs et altérations sensorielles.
L’étude explore l’inversion des dommages myéliniques
Bien que n’importe qui puisse développer la SEP, celle-ci est la maladie neurologique la plus fréquente chez les jeunes adultes, touchant deux à trois fois plus de femmes que d’hommes.
Faits rapides sur la SEP
- La sclérose en plaques tire son nom du tissu cicatriciel (sclérose) formé suite à la dégradation de la myéline.
- La majorité des patients ne développent pas de handicap grave.
- Diagnostiquer la SEP peut s’avérer complexe, car il n’existe pas de test unique permettant de confirmer ou d’exclure la maladie.
En savoir plus sur la SEP
Bien qu’il n’existe aucune preuve que la SEP soit héréditaire, on pense que les gènes jouent un rôle, tout comme certains facteurs environnementaux tels qu’une faible exposition à la vitamine D et le tabagisme.
Actuellement, il n’y a pas de remède contre la SEP, bien que certains traitements approuvés semblent réduire la fréquence des rechutes et retarder la progression de la maladie dans une certaine mesure.
Les chercheurs sont optimistes quant à leurs découvertes, car elles ouvrent de nouvelles pistes de recherche sur le traitement des lésions myéliniques.
Dr Fitzgerald, ayant un intérêt personnel et professionnel pour la SEP, a dû réapprendre à marcher à l’âge de 21 ans après avoir souffert d’une maladie similaire appelée myélite transverse.
Cette étude se concentre sur un type de cellules immunitaires appelées lymphocytes T, qui, dans le cas de la SEP, traversent la circulation sanguine pour pénétrer dans le système nerveux central.
Le Dr Fitzgerald et ses collègues ont identifié qu’un sous-type de lymphocytes T, connu sous le nom de lymphocytes T régulateurs, non seulement jouent un rôle crucial dans la régulation du système immunitaire, mais également dans la promotion de la repousse de la myéline.
Ces lymphocytes T régulateurs favorisent la repousse de la myéline grâce à leur interaction avec les oligodendrocytes, les cellules responsables de la production de myéline. Le processus de repousse nécessite la maturation des cellules progénitrices oligodendrocytaires en oligodendrocytes matures.
Les lymphocytes T régulateurs : des acteurs clés de la régénération
Les chercheurs ont découvert que les lymphocytes T régulateurs libèrent une protéine stimulant la différenciation des cellules progénitrices en oligodendrocytes matures.
Ils ont également démontré que les souris dépourvues de lymphocytes T régulateurs présentaient une régénération de la myéline significativement compromise, restauration pouvant être observée après transfert de ces cellules chez les souris.
En utilisant du tissu cérébral cultivé, les chercheurs ont prouvé que les lymphocytes T régulateurs « accéléraient la myélinisation et la remyélinisation, même sans inflammation manifeste ».
Leurs résultats révèlent ainsi une fonction régénératrice des lymphocytes T régulateurs, distincte de leur rôle dans la modulation de la réponse immunitaire.
« Cette étude captivante nous procure une compréhension essentielle de la manière dont la réparation de la myéline pourrait être stimulée, ouvrant la voie à de nouvelles approches thérapeutiques, » déclare le Dr Sorrel Bickley, chef de la recherche biomédicale à la UK MS Society.
Restez à l’affût pour découvrir comment les globules rouges modifiés pourraient conduire à de nouveaux traitements pour la SEP.
Perspectives pour 2024
L’importance de cette recherche réside dans son potentiel à influencer le développement de traitements innovants pour la sclérose en plaques. En 2024, nous nous attendons à voir des avancées significatives dans la compréhension des mécanismes de régénération myélinique, grâce à des études cliniques et précliniques. Les chercheurs s’intéressent également à l’utilisation des thérapies géniques et cellulaires pour stimuler la réparation de la myéline.
Des essais cliniques ciblant les lymphocytes T régulateurs pourraient bientôt être lancés, ouvrant la voie à des traitements personnalisés pour les patients souffrant de SEP. Ces développements pourraient non seulement améliorer la qualité de vie des patients, mais également transformer notre approche de cette maladie complexe et dévastatrice.
