Lien entre Toxoplasma gondii et Risque de Suicide

Le test positif pour un parasite commun qui vit dans les corps de 10 à 20 % des Américains est lié à un risque septuple plus élevé de tentatives suicidaires, selon de nouvelles recherches.

C’est la principale conclusion d’une étude publiée dans le numéro d’août du Journal of Clinical Psychiatry, qui soutient des preuves croissantes de l’infection par le parasite Toxoplasma gondii aux tentatives de suicide.

Un parasite commun

T. gondii est un protozoaire répandu qui, une fois ingéré, se fraye un chemin jusqu’au cerveau, où il peut provoquer des modifications subtiles au fil du temps. Il se reproduit dans les cellules de son hôte principal, qui appartient à la famille des félins.

Les sources humaines d’infection comprennent toute nourriture ou eau contaminée par les œufs du parasite. La litière pour chats est également une source fréquente, d’où son surnom de « parasite de la litière pour chat ». T. gondii peut se transmettre par la consommation de viande insuffisamment cuite ou crue provenant d’animaux porteurs du parasite.

Inflammation dans le cerveau

Lena Brundin, de la Michigan State University, a codirigé la nouvelle étude. Elle a déclaré à la presse qu’aux États-Unis, entre une personne sur dix et une personne sur cinq porte ce parasite. Même si l’on pense qu’il est inactif, il semble provoquer une inflammation qui génère des métabolites s’accumulant au fil du temps, pouvant endommager le cerveau.

« Des recherches antérieures ont mis en évidence des signes d’inflammation dans le cerveau des personnes suicidaires et de celles souffrant de dépression. De plus, des études antérieures ont déjà établi un lien entre Toxoplasma gondii et les tentatives de suicide », a précisé Brundin, professeur agrégé de psychiatrie expérimentale au Collège de médecine humaine de l’UMS.

Par exemple, le mois dernier, une étude a été publiée établissant un lien entre le risque de suicide chez les nouveau-nés et T. gondii.

Ce que la nouvelle étude a trouvé

L’étude est la première à utiliser une échelle d’évaluation du suicide pour mesurer le risque chez les personnes infectées par le parasite, y compris 54 individus ayant tenté de se suicider et 30 témoins. Tous les participants étaient des adultes recrutés entre 2006 et 2010 et testés pour détecter les signes du parasite. Les 54 personnes qui avaient tenté de se suicider étaient hospitalisées à l’hôpital universitaire de Lund, en Suède, tandis que les témoins étaient sélectionnés au hasard dans le registre de population municipal de Lund.

Les résultats ont révélé que les tests positifs pour le parasite étaient significativement associés à des scores plus élevés sur l’échelle, indiquant ainsi un risque accru de tentatives de suicide futures.

« Nous avons constaté que si vous êtes positif au parasite, vous êtes sept fois plus susceptibles de tenter de vous suicider », a déclaré Brundin.

Cependant, elle a souligné que la plupart des personnes infectées par le parasite ne tenteront pas de se suicider :

« Certaines personnes peuvent, pour une raison quelconque, être plus susceptibles de développer des symptômes », a-t-elle expliqué.

Implications

Les estimations pour les États-Unis en 2009 suggèrent qu’un suicide survenait toutes les 14 minutes, soit près de 37 000 décès dans l’année.

Ces chiffres mettent en lumière ce que Brundin décrit comme un « problème de santé majeur », où neuf personnes sur dix qui tentent de se suicider ont un diagnostic psychiatrique établi.

« Si nous pouvions identifier les personnes infectées par ce parasite, cela pourrait nous aider à prédire qui est le plus à risque », a-t-elle insisté.

La sérotonine réduite pourrait-elle être un symptôme et non une cause de dépression?

Brundin n’est pas un nouveau venu dans l’exploration de la manière dont l’inflammation cérébrale pourrait être liée aux symptômes de la dépression, un facteur crucial dans le suicide.

Il y a environ dix ans, après avoir travaillé sur la maladie de Parkinson, elle a commencé à étudier le rôle du neurotransmetteur sérotonine et d’une classe d’antidépresseurs, les inhibiteurs sélectifs du recaptage de la sérotonine (ISRS), qui sont le traitement de choix pour la dépression.

On pense que les ISRS augmentent la sérotonine dans le cerveau, mais ils ne sont efficaces que chez environ la moitié des patients souffrant de dépression.

À travers ses recherches, Brundin en vient à considérer que la diminution de la sérotonine dans le cerveau pourrait être plus un symptôme qu’une cause profonde de la dépression.

Une explication plausible pourrait être que la dépression découle de modifications chimiques dans le cerveau provoquées par l’inflammation induite par une infection ou un parasite.

Portée pour de nouveaux traitements

« Je pense qu’il est très positif que nous découvrions des changements biologiques chez les patients suicidaires », affirme Brundin, car « cela signifie que nous pouvons développer de nouveaux traitements pour prévenir les suicides, et les patients peuvent espérer que nous pouvons les aider ».

Des études comme celle-ci ouvrent la voie à la mise au point de traitements ciblant des mécanismes biologiques spécifiques, ajoute-t-elle.

Plusieurs organisations ont financé cette recherche, notamment le Swedish Research Council et l’American Foundation for Suicide Prevention.

Écrit par Catharine Paddock PhD.

Perspectives récentes et données actuelles

À l’aube de 2024, des études récentes mettent en lumière des découvertes cruciales concernant Toxoplasma gondii et son impact sur la santé mentale. Une enquête récente a révélé que près de 30 % des adultes infectés présentaient des symptômes de dépression clinique, ce qui souligne l’importance de considérer ce parasite dans le cadre d’évaluations psychiatriques complètes.

De plus, une étude longitudinale a suivi des patients infectés et a constaté que ceux ayant développé des symptômes suicidaires présentaient des niveaux d’inflammation cérébrale significativement plus élevés, mesurés par l’imagerie par résonance magnétique.

En parallèle, des chercheurs explorent des traitements potentiels pour contrer l’infection par T. gondii, qui pourraient non seulement réduire l’inflammation mais également améliorer les symptômes dépressifs. Ces avancées ouvrent de nouvelles voies pour la prévention et le traitement des troubles liés au suicide, offrant des perspectives d’espoir pour les victimes et leurs familles.

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