En bloquant le VEGF-B, une protéine de signalisation, l’accumulation de graisse dans les muscles et le cœur est évitée, permettant aux cellules de ces tissus de répondre correctement à l’insuline. Les chercheurs de l’Institut Karolinska en Suède, de l’Institut Ludwig à New York, et de la société biopharmaceutique australienne CSL Limited ont rapporté ces résultats dans la revue Nature.
Le professeur Ulf Eriksson et son équipe ont mené des expériences sur des rats et des souris, réussissant à prévenir le diabète de type II et à inverser la progression de la maladie chez les animaux déjà atteints. Cette découverte a été qualifiée de « percée dans la recherche sur le diabète » par la revue.
Le professeur Ulf Eriksson, du Département de biochimie médicale et de biophysique de l’Institut Karolinska, a déclaré :
« C’est génial de présenter ces résultats : nous avons découvert le VEGF-B en 1995, et depuis, le projet VEGF-B a connu de nombreuses avancées. Cette étude démontre que l’inhibition du VEGF-B peut être utilisée pour prévenir et traiter le diabète de type II, et cela peut être réalisé avec un candidat médicament. »
Typiquement, le diabète de type II survient après qu’une personne est devenue obèse, entraînant une résistance à l’insuline. Quand cela se produit, les cellules ne réagissent plus correctement à l’insuline, ce qui empêche le glucose d’entrer dans les cellules et provoque une augmentation des niveaux de glucose dans le sang. L’accumulation de graisse dans des zones inappropriées du corps, comme les vaisseaux sanguins, le cœur et les muscles, favorise également cette résistance à l’insuline. Les mécanismes exacts de cette association restent à élucider.
Avec la résistance à l’insuline, le glucose ne parvient pas suffisamment dans les cellules, s’accumulant alors dans la circulation sanguine, ce qui entraîne une hyperglycémie.
Nous savons qu’une protéine nommée VEGF-B joue un rôle clé dans le transport et le stockage des graisses dans les tissus corporels. L’équipe du professeur Eriksson a fait cette découverte en 2010, publiant leurs résultats dans la même revue. Dans leur dernière expérience, les scientifiques ont réussi à bloquer la signalisation du VEGF-B chez les rats et les souris de laboratoire.
2H10 : Une Inhibition Qui Change la Donne
La revue Nature a rapporté quatre études connexes. Dans l’une d’elles, des souris induites par le diabète ont reçu 2H10, un anticorps inhibant les actions du VEGF-B. Ces souris, spécifiquement conçues pour développer spontanément le diabète, n’ont ni développé de résistance à l’insuline ni de diabète. En croisant des souris diabétiques avec celles incapables de produire du VEGF-B, ils ont découvert que leurs petits n’avaient jamais développé la maladie.
Dans deux autres études, des rats et des souris non prédisposés au diabète de type II ont été soumis à un régime hypercalorique riche en graisses, entraînant une obésité. La progression naturelle du diabète chez ces animaux a été stoppée et inversée à divers degrés après traitement avec 2H10.
Le professeur Åke Sjöholm, un diabétologue consultant à l’hôpital général de Stockholm Sud, en Suède, a commenté :
« Les résultats de cette étude représentent une percée majeure et un principe entièrement nouveau pour la prévention et le traitement du diabète de type 2. Les traitements actuels peuvent entraîner de nombreux effets indésirables, et leur efficacité diminue souvent avec le temps. »
Actuellement, la prise en charge du diabète de type II repose sur des régimes alimentaires spécifiques. Les patients peuvent également avoir besoin de médicaments pour stimuler la sécrétion d’insuline et améliorer la sensibilité des cellules à cette hormone. Parfois, des médicaments sont prescrits pour réduire la production de glucose. Cependant, après quelques années, ces traitements perdent de leur efficacité chez environ un tiers des patients, nécessitant des injections d’insuline.
La chirurgie bariatrique est aujourd’hui considérée comme le traitement le plus efficace pour prévenir le diabète de type II chez les patients fortement obèses.
Le diabète de type II est aujourd’hui perçu comme un problème de santé mondial majeur, qualifié par certains d’épidémie. D’ici la fin de 2030, plus d’un demi-milliard de personnes devraient vivre avec cette maladie à travers le monde.
Le médicament expérimental, 2H10, est un anticorps monoclonal développé par CSL Limited, une société biopharmaceutique australienne.
Écrit par Christian Nordvist
Nouvelles Perspectives en 2024
Depuis cette découverte fascinante, de nombreuses études ont été lancées pour examiner les effets à long terme du 2H10 sur une population plus large. Des essais cliniques sont en cours, avec des résultats préliminaires prometteurs. En 2024, les chercheurs ont également commencé à explorer l’impact de l’alimentation et de l’exercice physique en combinaison avec le traitement par 2H10, mettant en évidence l’importance d’une approche holistique dans la gestion du diabète de type II. Des données récentes suggèrent que l’intégration de thérapies ciblées et de changements de mode de vie pourrait non seulement améliorer l’efficacité du traitement, mais aussi réduire les risques associés à la progression de la maladie.
Les résultats de ces études pourraient transformer notre compréhension et notre approche du diabète de type II, un enjeu de santé publique toujours aussi pressant.