Utilisation des Timbres de Fentanyl : Un Risque Persistant

De nombreux médecins continuent de ne pas respecter les consignes de sécurité lors de la prescription de timbres de fentanyl, selon une étude récemment publiée qui révèle que 50 % des nouvelles ordonnances concernent encore des patients n’ayant pas d’exposition préalable aux opioïdes, ce qui est nécessaire pour garantir une utilisation sécurisée.

Timbres de fentanyl : un opioïde puissant et ses risques.

Le fentanyl, un opioïde d’une puissance incroyable, est 100 fois plus fort que la morphine. Il est crucial que les patients aient une exposition antérieure à un opioïde pour minimiser les risques lors de l’utilisation du fentanyl.

En général, un timbre transdermique libère du fentanyl de manière continue pendant trois jours. Initialement proposé en patchs de 25, 50, 75 et 100 μg/h, un patch de 12 μg/h a été mis sur le marché en 2006, principalement pour l’ajustement de dose plutôt que pour une première utilisation.

Le timbre de fentanyl à 25 μg/h est recommandé uniquement pour les personnes ayant déjà ingéré un équivalent de 60 mg de morphine par jour pendant une semaine ou plus.

Les effets indésirables du fentanyl peuvent s’avérer très sérieux. Parmi eux, on trouve la dépression du système nerveux central, l’hypotension artérielle, les troubles du rythme cardiaque, des difficultés respiratoires, et dans les cas les plus extrêmes, la mort.

Entre 1996 et 2015, 284 décès liés à des timbres de fentanyl ont été signalés au Canada, dont beaucoup sont survenus lors des premiers usages.

La montée en flèche de l’utilisation du fentanyl, ainsi que des événements indésirables associés, a conduit le Dr Shawn Bugden, de l’Université du Manitoba, et ses collègues à examiner de près les questions de sécurité entourant l’utilisation des timbres de fentanyl.

Ils ont cherché à évaluer comment les avertissements et bulletins de sécurité concernant la prescription de fentanyl ont influencé le risque associé à son utilisation, tout en examinant le niveau de risque au sein de la population manitobaine.

Insuffisance d’exposition antérieure aux opioïdes dans au moins la moitié des cas

L’équipe de recherche a analysé les prescriptions de timbres de fentanyl sur une période de 12 ans, en se basant sur des données provenant de 11 063 patients.

Il a été constaté que dans 74 % des cas, l’exposition antérieure des utilisateurs aux opioïdes était insuffisante. De plus, 18 % des primo-prescriptions ne respectaient pas la dose recommandée de 25 μg/h, mais plutôt une dose de 50 μg/h ou plus.

En dépit des améliorations notables dans les pratiques de prescription au fil des ans, avec un taux de prescriptions dangereuses qui est passé de 87 % à 50 %, il reste des préoccupations. En 2015, 15,7 % des patients recevaient encore des timbres de fentanyl sans aucune exposition aux opioïdes dans les 60 jours précédents, ce qui signifie que la moitié des prescriptions de timbres de fentanyl demeuraient à risque.

Les patients âgés de 65 ans et plus présentaient des taux d’initiation dangereuse au fentanyl plus élevés que leurs homologues plus jeunes, en raison des modifications de l’absorption et du métabolisme liées à l’âge.

Les limites de l’étude résident dans le fait qu’elle ne couvre que les ordonnances obtenues dans la province du Manitoba. Cependant, des études précédentes menées aux États-Unis et en Europe ont abouti à des résultats similaires, suggérant que ces résultats pourraient être généralisables.

Les chercheurs soulignent :

« Une attention considérable a été portée à la sensibilisation des prescripteurs sur la nécessité d’assurer une tolérance adéquate aux opiacés avant de prescrire des timbres de fentanyl, en mettant un accent particulier sur les patients plus âgés qui sont les plus vulnérables aux effets indésirables. »

Dans un commentaire connexe, les Drs. Scott Lucyk et Lewis Nelson, de l’Université de New York, suggèrent que les erreurs médicales dans la prescription de fentanyl pourraient découler d’un manque de familiarité avec le système de délivrance, et plaident pour une meilleure éducation des prescripteurs afin de réduire les risques.

Le rapport conclut que les prescripteurs peuvent jouer un rôle clé dans la minimisation des risques pour les patients en veillant à ce qu’ils aient une tolérance suffisante aux opioïdes avant d’entamer l’utilisation du timbre de fentanyl.

Nouvelles Perspectives et Recherches Récentes

Récemment, des chercheurs ont mis en lumière des approches novatrices pour lutter contre la dépendance au fentanyl. Un vaccin potentiel contre cette dépendance est en cours d’évaluation, ce qui pourrait offrir une lueur d’espoir pour les patients à risque. Cette avancée pourrait transformer la façon dont nous abordons le traitement des addictions liées aux opioïdes, en ouvrant la voie à des solutions plus sûres et efficaces.

De plus, des études récentes mettent en avant l’importance de la télémédecine dans le suivi des patients sous traitement par opioïdes. Cette méthode pourrait permettre une surveillance plus attentive et un ajustement rapide des prescriptions, réduisant ainsi les risques associés à une mauvaise utilisation des médicaments.

Les données recueillies en 2024 indiquent que la sensibilisation des prescripteurs et des patients sur les risques potentiels liés aux opioïdes est en hausse. Cependant, un effort continu est nécessaire pour garantir que ces informations atteignent tous les acteurs concernés, en particulier dans les régions où l’accès à des spécialistes est limité.

FRMedBook