Polonium-210 : Les Dangers Cachés de cette Toxine Mortelle

Le polonium-210, un poison redoutable, a été utilisé pour l’assassinat de l’ancien espion russe Alexandre Litvinenko à Londres en 2006. Il a succombé à un mal des rayons, conséquence tragique d’une exposition à cette substance.

Selon les rapports, Litvinenko aurait ingéré une dose létale de Po-210 en buvant du thé lors d’une rencontre d’affaires avec deux compatriotes russes, qui ont été soupçonnés de son meurtre.

Cet incident a révélé que 700 personnes avaient été exposées à des radiations, bien qu’aucune ne soit tombée gravement malade. De nombreux lieux à Londres, y compris un restaurant et une discothèque, ont été fermés temporairement par précaution.

L’autopsie de Litvinenko a nécessité des mesures de sécurité très rigoureuses.

Le polonium-210 est couramment abrégé en Po-210, (210) Po ou 210 Po.

Faits rapides sur le polonium-210

Voici quelques points essentiels concernant le polonium-210. Pour plus de détails, continuez votre lecture.

  • Le polonium-210 est un métal radioactif rare, découvert par Marie Curie à la fin du XIXe siècle.
  • Bien qu’il soit radioactif, il émet une forme de rayonnement à haute énergie, dont les particules ne parcourent pas de grandes distances et se désintègrent relativement vite.
  • Une exposition au polonium-210, que ce soit par inhalation, ingestion ou contact avec une peau lésée, peut être fatale.
  • En termes de toxicité, le polonium-210 est l’une des substances les plus meurtrières, étant 250 milliards de fois plus toxique que le cyanure d’hydrogène.

Qu’est-ce que Po-210?

Image illustrant la toxicité du polonium-210

Le polonium est un élément chimique radioactif (numéro atomique 84) découvert en 1898 par Marie Curie, qui l’a nommé en hommage à son pays natal, la Pologne.

À température ambiante, le polonium se présente sous forme de métal solide de couleur argentée. Le polonium-210 est l’un des 25 isotopes radioactifs identifiés dans cette famille.

Le polonium purifié est très volatil, et tous les isotopes du polonium sont radioactifs. L’isotope le plus courant et le plus étudié est le polonium-210.

Bien que ce matériau soit extrêmement dangereux, il possède une demi-vie relativement courte, ce qui signifie qu’il cesse de représenter une menace en peu de temps. Il se désintègre en plomb, un métal stable.

Sa demi-vie physique est de 140 jours; en d’autres termes, au bout de cette période, la moitié de sa radioactivité disparaît.

Sa demi-vie biologique, quant à elle, est de 40 jours, ce qui indique que le corps élimine la moitié du polonium-210 en ce laps de temps.

Où le trouvez-vous?

Le polonium-210 se trouve en quantités infimes dans le corps humain, principalement à cause des faibles niveaux présents dans l’environnement et dans la chaîne alimentaire, notamment dans les fruits de mer. Les fumeurs sont plus exposés au polonium-210, car cette substance a tendance à s’accumuler dans les poumons.

Le polonium-210 est également utilisé dans l’industrie pour la fabrication d’appareils qui éliminent les charges statiques. Cela est particulièrement utile dans la production de rubans adhésifs, de papiers à rouler et de fibres synthétiques. De plus, il contribue à maintenir des environnements sans poussière, comme dans la fabrication de circuits intégrés.

Le polonium naturel est extrêmement rare. On estime qu’il ne se trouve qu’à hauteur de 100 microgrammes (0,0001 grammes) par tonne de minerai d’uranium.

Effets sur le corps

Considéré comme l’une des substances les plus toxiques connues, le polonium-210 est pourtant omniprésent autour de nous.

Des niveaux très faibles de polonium-210 se retrouvent dans l’environnement et pénètrent dans notre organisme à travers la chaîne alimentaire, notamment en consommant des fruits de mer.

Ces niveaux environnementaux sont habituellement inoffensifs pour la santé humaine, sauf chez les fumeurs, qui affichent des concentrations plus élevées.

Cependant, à des doses suffisantes, le polonium-210 peut être mortel en quelques jours ou semaines.

Est-ce dangereux?

Le polonium ne présente pas de propriétés chimiques toxiques en soi. Le danger réside dans les radiations qu’il émet.

Les toxicologues estiment qu’un gramme de polonium-210 pourrait suffire à:

  • tuer jusqu’à 50 millions de personnes
  • faire tomber malade 50 millions d’autres

Litvinenko aurait succombé après avoir ingéré moins d’un millionième de cette quantité.

En tant qu’arme, le polonium-210 serait dévastateur. Toutefois, son acquisition est extrêmement complexe. Lorsqu’il est utilisé dans des dispositifs commerciaux, le polonium est manipulé de manière à ce qu’il ne puisse pas être extrait pour servir de poison.

Même si une personne parvient à obtenir du polonium, son transport n’est pas particulièrement dangereux, car son rayonnement à haute énergie peut être arrêté par une barrière relativement mince, comme une simple feuille de papier.

Le polonium-210 ne pénètre pas la peau, et les particules perdent généralement toute leur énergie après avoir parcouru quelques centimètres d’air.

Cependant, cette caractéristique rend également son transport sûr et difficile à détecter pour un potentiel empoisonneur.

Pour empoisonner quelqu’un, il est nécessaire de l’introduire dans le corps.

Cela peut être réalisé par:

  • Inhalation
  • Ingestion
  • À travers des abrasions ou des plaies cutanées.

Une personne ne peut pas être contaminée par une autre personne contaminée, sauf si elle ingère ou inhale des liquides corporels de celle-ci.

Comment cela provoque des dégâts

Le polonium-210 endommage les cellules de l'ADN

Le polonium-210 est reconnu comme cancérogène. Lorsqu’il est inhalé, il est étroitement associé au cancer du poumon.

En cas d’ingestion, il s’accumule dans les globules rouges avant de se propager au foie, aux reins, à la moelle osseuse, au système gastro-intestinal, ainsi qu’aux testicules ou aux ovaires.

En se répandant dans le corps, le polonium laisse une traînée de radicaux libres, prenant des électrons de chaque molécule sur son passage.

Les dommages à l’ADN causés par le rayonnement des particules alpha peuvent entraîner l’apoptose, également connue sous le nom de «suicide cellulaire». Même de légers dommages à l’ADN peuvent induire des mutations génétiques impactant la capacité de reproduction des cellules.

Différents organes et tissus montrent des sensibilités variables aux dommages causés par les radiations alpha. Le tissu de la moelle osseuse est particulièrement vulnérable, car il produit les cellules sanguines, tout comme la muqueuse intestinale.

Symptômes

La principale difficulté dans le diagnostic d’un empoisonnement au polonium-210 réside dans sa rareté. Personne ne s’y attendrait vraiment. Certains laboratoires aux États-Unis sont capables de réaliser des tests d’urine pour évaluer la présence de cette substance.

Les symptômes dépendront de la quantité de polonium ingéré.

Ils pourraient inclure:

  • nausées et vomissements
  • anorexie
  • chute de cheveux
  • nombre réduit de globules blancs, ou lymphopénie
  • diarrhée
  • dommages à la moelle osseuse

Plus la dose est élevée, plus les effets se manifesteront rapidement.

Après l’apparition de ces symptômes aigus, le patient peut avoir l’impression de se rétablir, mais les dommages à la moelle osseuse se poursuivront, entraînant une diminution du nombre de globules blancs et de plaquettes.

Ensuite, selon la dose, divers organes seront touchés, notamment la moelle osseuse, le système gastro-intestinal, ainsi que le système nerveux central (SNC) et cardiovasculaire.

Si le SNC est compromis, les conséquences sont irréversibles et mènent à la mort. À forte dose, cela peut provoquer confusion, convulsions et coma en quelques minutes après l’empoisonnement.

Finalement, la personne décédera ou se rétablira. Si la guérison ne se produit pas, la mort surviendra dans quelques semaines ou mois. Les survivants peuvent nécessiter des mois pour récupérer.

Traitement

En cas d’empoisonnement au polonium, une issue favorable est possible si la personne est consciente de son exposition et si un diagnostic précoce est posé. Cependant, le succès du traitement dépendra de la dose reçue.

Les soins de soutien comprendront:

  • Gestion des symptômes
  • Prévention ou traitement des infections, en raison d’un éventuel faible nombre de globules blancs
  • Transfusions de sang et de plaquettes, si nécessaire

Si une personne sait avoir récemment ingéré le poison, une aspiration gastrique ou un lavage gastrique peut aider à éliminer la source de radiation.

Chélation

L’administration de certains médicaments peut atténuer les effets de l’empoisonnement par rayonnement.

Des agents chélatants tels que le dimercaprol et la pénicillamine ont été employés dans des recherches animales et chez certains sujets humains. La chélation est une méthode utilisée pour traiter les intoxications aux métaux lourds, car l’agent chélatant se lie au métal et empêche son absorption, facilitant ainsi son élimination par l’organisme.

Le dimercaprol a été utilisé avec succès pour traiter l’empoisonnement par des métaux lourds tels que le mercure, l’or, le bismuth, l’antimoine, le thallium et le plomb. Il a également été utilisé avec un certain succès pour chélater le polonium.

Questions d’actualité

En 2007, des inquiétudes ont été soulevées aux États-Unis concernant des concentrations de polonium-210 dans les eaux souterraines de Fallon, en Nouvelle-Écosse.

Les Centers for Disease Control (CDC) ont indiqué que les utilisateurs d’eau publique ne présentent pas de danger. Ils recommandent à ceux qui utilisent de l’eau de puits, dont les tests montrent des niveaux élevés de polonium-210, de traiter leur eau avec un système d’osmose inverse adéquat avant de la consommer ou de l’utiliser pour la cuisine ou pour leurs animaux.

En 2007, la Food and Drug Administration (FDA) a conclu que les niveaux de cette substance dans le lait n’étaient pas préoccupants.

Cependant, les nouvelles méthodes d’extraction de pétrole et de gaz, notamment la «fracturation», suscitent désormais des craintes quant à des niveaux accrus de polonium-210 et d’autres substances potentiellement dangereuses. L’Environmental Protection Agency (EPA) suit de près cette situation.

Recherches récentes sur le polonium-210

Des études récentes ont mis en évidence les avancées scientifiques concernant le polonium-210. Les chercheurs explorent actuellement des méthodes pour détecter plus efficacement cette toxine dans divers environnements, ce qui pourrait contribuer à prévenir de futurs incidents d’empoisonnement. Par ailleurs, des recherches en cours se concentrent sur les mécanismes biologiques du polonium-210 et ses interactions avec les cellules humaines, ouvrant ainsi la voie à de potentielles thérapies ciblées pour contrer ses effets néfastes.

Des données récentes montrent également une augmentation des niveaux de polonium-210 dans des régions spécifiques, possiblement liées à des processus industriels et environnementaux. Ces résultats soulignent l’importance d’une surveillance continue et de politiques de santé publique adaptées pour minimiser les risques associés à cette toxine mortelle.

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