Les personnes ayant une fréquence cardiaque élevée au repos, c’est-à-dire un pouls supérieur à la normale qui persiste sur une longue période, sont associées à un risque accru de mortalité, qu’il s’agisse de maladies cardiaques ou d’autres causes. C’est ce qu’ont révélé des scientifiques de l’Institut de cardiologie Ronald O. Perelman, affilié à NewYork-Presbyterian Hospital / Weill Cornell, après avoir mené une étude sur 9 193 patients en 2010.
Cette étude est accessible dans le European Heart Journal, le journal officiel de la Société européenne de cardiologie.
Les chercheurs soulignent que le suivi du rythme cardiaque au fil du temps peut fournir un « marqueur simple mais crucial des problèmes de santé qui pourraient mener à des issues fatales, mais qui pourraient également être évités avec un diagnostic et un traitement appropriés ».
Le Dr Peter Okin, cardiologue éminent à l’institut de cœur de Ronald O. Perelman et professeur de médecine à Weill Cornell Medical College, a déclaré :
Il est facile et peu coûteux de mesurer la fréquence cardiaque, et cela se fait régulièrement dans le cabinet d’un médecin. Cependant, cette étude suggère que les médecins devraient suivre l’évolution de cette fréquence sur plusieurs années, et non seulement se fier à des mesures ponctuelles.
En se basant sur cette étude, nous pensons qu’une fréquence cardiaque élevée observée sur plusieurs années est préoccupante, ce qui signifie que ces patients nécessitent une évaluation plus approfondie pour déterminer les causes sous-jacentes de leur pouls élevé.
Les chercheurs ont constaté qu’une fréquence cardiaque au repos de plus de 84 battements par minute, persistante ou en augmentation sur une période de cinq ans, augmentait de 55 % le risque de décès cardiovasculaire et de 79 % le risque de décès toutes causes confondues.
Bien que les 9 193 patients de l’étude aient souffert d’hypertension (pression artérielle élevée), des ajustements ont été effectués pour tenir compte d’autres facteurs de risque cardiovasculaires.
Les auteurs affirment qu’un rythme cardiaque sain se situe entre 60 et 80 battements par minute.
Il a été démontré que chaque augmentation de 10 battements par minute au-dessus de la normale est associée à un risque accru de 16 % de décès par maladie cardiovasculaire et de 25 % de décès toutes causes confondues.
Le Dr Okin souligne que cette étude est l’une des rares à examiner les changements de fréquence cardiaque au fil du temps.
Le principe est que, parce que les fréquences cardiaques peuvent fluctuer en réponse à des changements d’état de santé ou à des traitements, la valeur prédictive d’une seule mesure est moins pertinente que celle d’une série de mesures dans le temps.
Le Dr Okin a ajouté :
Les fréquences cardiaques peuvent changer d’un jour à l’autre et d’une année à l’autre. C’est comme avoir une température corporelle plus élevée un jour, qui disparaît le lendemain. Quelque chose a causé la fièvre, mais elle a disparu, peut-être grâce à un traitement. La fréquence cardiaque doit être observée sur une période prolongée. Si elle reste élevée, cela peut indiquer un trouble sous-jacent.
Par exemple, une fréquence cardiaque élevée peut être un signe d’une activité accrue du système nerveux sympathique, souvent liée à une ischémie cardiaque et à un risque accru d’athérosclérose et d’arythmie.
Les 9 193 patients de Scandinavie et des États-Unis ont été inclus dans cette étude, qui représente une sous-analyse de l’étude LIFE (Losartan Intervention For Endpoint). Deux traitements différents ont été comparés : le losartan et l’aténolol pour traiter l’hypertension. Les fréquences cardiaques des patients ont été régulièrement surveillées.
Les patients ont été classés en deux groupes : ceux avec un rythme cardiaque persistant de 84 battements par minute ou plus, et ceux avec moins de 84 battements. Ce seuil a été choisi car des études antérieures l’ont associé à un risque accru de mortalité.
Sur les 814 patients (8,9 %) décédés après une moyenne de près de cinq ans, 4,8 % (soit 438) sont morts de maladies cardiovasculaires. Après ajustement pour les effets du traitement randomisé et d’autres facteurs de risque tels que l’âge, le sexe et les antécédents médicaux, les chercheurs ont établi un lien fort entre une fréquence cardiaque élevée persistante et le risque de décès.
Bien que les causes des décès aient été variées, le Dr Okin a affirmé que la fréquence cardiaque reste un prédicteur significatif de mortalité accrue.
Le Dr Okin a également précisé :
En plus de l’hypertension, cette étude a révélé que les variations de la fréquence cardiaque au fil du temps sont un indicateur hautement significatif de mortalité.
Aucun médicament n’a été approuvé aux États-Unis pour réduire la fréquence cardiaque sans effets secondaires. Cependant, l’ivabradine est actuellement en phase de test. Les chercheurs affirment que l’exercice et un mode de vie sain peuvent contribuer à diminuer la fréquence cardiaque.
### Nouvelles Perspectives de Recherche en 2024
En 2024, des recherches supplémentaires ont renforcé ces conclusions. Une étude récente a montré que les patients ayant une fréquence cardiaque élevée au repos sont également plus susceptibles de développer des maladies métaboliques, comme le diabète de type 2, en raison de l’inflammation chronique associée à une fréquence cardiaque élevée. De plus, des données récentes indiquent que l’intégration de techniques de gestion du stress, telles que la méditation et le yoga, pourrait aider à réduire la fréquence cardiaque au repos, améliorant ainsi la santé globale du cœur.
Les chercheurs continuent d’explorer la relation entre la fréquence cardiaque et des facteurs psychosociaux, soulignant l’importance d’une approche holistique pour la gestion de la santé cardiaque. En effet, le soutien social et une meilleure gestion du stress sont de plus en plus reconnus comme des éléments cruciaux pour maintenir un cœur en bonne santé.
Les avancées technologiques, notamment dans le domaine des applications de santé mobile, permettent désormais aux patients de suivre leur fréquence cardiaque et d’autres paramètres vitaux en temps réel, offrant ainsi des opportunités de prévention et d’intervention précoces. Les résultats de ces études contribuent à une compréhension plus complète des facteurs influençant la santé cardiaque et aux stratégies d’intervention ciblées pour améliorer la longévité et la qualité de vie des patients.
Écrit par Christian Nordqvist