Le cancer du poumon est l’un des types de cancers les plus répandus aux États-Unis, et sa prise en charge reste un véritable défi pour les professionnels de santé. Une étude récente explore comment la réponse immunitaire aux cellules tumorales pourrait être modifiée pour optimiser les taux de survie des patients.
Touchant tant les hommes que les femmes, le cancer du poumon représente environ 14 % de tous les nouveaux cas de cancer diagnostiqués chaque année.
Selon les estimations de l’American Cancer Society (ACS), en 2018, plus de 234 000 nouveaux cas de cancer du poumon ont été recensés, entraînant plus de 154 000 décès.
Chaque année, le cancer du poumon cause davantage de décès que les cancers du sein, de la prostate et du côlon réunis.
Une des raisons pour lesquelles le pronostic du cancer du poumon est particulièrement sombre est que seulement environ 20 % des cas réagissent aux traitements d’immunothérapie, un chiffre bien inférieur à celui observé pour d’autres types de cancers.
Des chercheurs de l’Université Friedrich-Alexander Erlangen-Nürnberg (FAU) en Allemagne s’efforcent de comprendre pourquoi les traitements immunitaires sont si peu efficaces dans le cas du cancer du poumon.
Cancer du poumon et immunité
Le Dr Susetta Finotto, chercheuse principale et directrice du Département de pneumologie moléculaire à la FAU, explique la situation : « Parfois, le système immunitaire réagit efficacement au cancer du poumon, mais d’autres fois, il échoue, permettant au cancer de progresser. »
Déterminer les raisons de cette variabilité s’avère complexe. Le Dr Finotto a déjà publié plusieurs travaux sur ce sujet, et sa dernière étude a été récemment publiée dans une revue scientifique.
Une réponse immunitaire efficace contre une cellule cancéreuse repose sur un ensemble de molécules de signalisation travaillant en harmonie. Un élément clé de cette réponse est un facteur de transcription nommé Tbet.
Cette protéine stimule la production d’autres cellules cruciales dans la lutte contre les tumeurs, telles que les cellules T auxiliaires du groupe 1 (cellules Th1) et les lymphocytes T CD8.
Au cours de recherches antérieures, le Dr Finotto a mis en évidence que les tumeurs pulmonaires tendent à résister lorsque les cellules immunitaires ne présentent pas de Tbet, soulignant ainsi son rôle essentiel.
Pour la prochaine phase de son étude, elle s’est associée aux Drs Denis Trufa et Horias Sirbu, tous deux du département de chirurgie thoracique de la FAU. Cette fois, l’accent est mis sur un autre modulateur immunitaire crucial, connu sous le nom de Treg.
L’importance de Treg
Bien que Treg soit reconnu pour son rôle dans la réduction de l’inflammation dans les poumons, son rôle spécifique dans le cancer du poumon demeure encore peu compris. Cependant, des études antérieures ont démontré que les cellules Treg atténuent la réponse anti-tumorale des cellules pulmonaires, favorisant ainsi la croissance des tumeurs.
Le Dr Finotto et son équipe ont découvert que les tumeurs pulmonaires peuvent « reprogrammer » la réponse immunitaire, en modulant celle-ci par la production de TGF-bêta, une protéine impliquée dans divers processus, y compris la promotion des cellules Treg. Cela entraîne une réduction de l’attaque immunitaire sur les cellules cancéreuses.
« Ce sont précisément les cellules Th1, avec Tbet, responsables de la défense immunitaire anti-tumorale, qui sont inactivées », souligne le Dr Finotto. « Ce mécanisme dépendant du TGF, nouvellement identifié dans le cancer du poumon, est crucial pour la régulation de la croissance tumorale dans les poumons et ouvre la voie à de nouvelles approches thérapeutiques. »
Les chercheurs espèrent qu’en intervenant sur cette voie immunitaire, les taux de survie des patients atteints de cancer du poumon peuvent être améliorés.
Ils envisagent que l’administration de médicaments inhibiteurs du TGF, en parallèle avec les immunothérapies classiques, pourrait supprimer le blocage exercé par les cellules Treg, permettant ainsi une réponse immunitaire efficace contre la tumeur en croissance.
Les interactions entre le système immunitaire et le cancer sont complexes, et ces découvertes sont relativement récentes. Il faudra donc du temps avant que les patients ne bénéficient de ces nouvelles perspectives thérapeutiques.
Perspectives et Recherches Futures
À l’horizon 2024, de nombreuses recherches se poursuivent pour mieux comprendre les mécanismes sous-jacents aux échecs des traitements actuels. De nouvelles études cliniques sont mises en place pour tester l’efficacité de combinaisons d’immunothérapies et d’inhibiteurs du TGF. Ces approches promettent d’apporter des solutions innovantes dans la lutte contre le cancer du poumon, un enjeu de santé publique majeur. L’avenir du traitement du cancer du poumon pourrait ainsi se dessiner avec l’espoir d’améliorer significativement la survie et la qualité de vie des patients.