Le trouble du comportement du sommeil lié au mouvement rapide des yeux (RBD) est associé à un risque accru de développer la maladie de Parkinson. Pour la première fois, des chercheurs démontrent que l’inflammation peut jouer un rôle clé dans cette relation.
Le trouble du comportement du sommeil (RBD) se manifeste par des rêves vifs et souvent effrayants, accompagnés d’une activité motrice nocturne intense. En d’autres termes, les personnes atteintes de cette condition « jouent » leurs rêves, parfois de manière désordonnée.
Le phénomène du rêve se produit pendant le sommeil paradoxal. À ce stade, nos corps sont en réalité paralysés et nos muscles restent détendus, ce qui nous empêche de réagir physiquement à nos rêves. Cependant, les individus souffrant de RBD peuvent éprouver de violents mouvements des bras et des jambes, voire crier pendant leur sommeil, ce qui est défini comme un comportement de rêve.
Ces épisodes peuvent se manifester sporadiquement ou plusieurs fois par nuit. Le RBD apparaît généralement dans la seconde moitié de la vie et tend à s’aggraver avec le temps. Cette condition peut être source d’angoisse et occasionner des blessures tant pour la personne affectée que pour son ou sa partenaire de sommeil.
RBD et la maladie de Parkinson
Des études récentes ont mis en lumière le fait que le RBD est lié à un risque accru de développer la maladie de Parkinson à un stade ultérieur de la vie. En effet, cette condition peut précéder la maladie de Parkinson et d’autres formes de démence d’une période pouvant aller jusqu’à cinquante ans.
Les personnes atteintes de RBD sont susceptibles de développer la maladie de Parkinson, la démence à corps de Lewy ou l’atrophie multisystématisée. Cependant, la raison exacte de cette corrélation demeure floue.
Des chercheurs de l’université d’Aarhus au Danemark ont récemment approfondi cette interaction, mettant particulièrement l’accent sur le rôle de la neuroinflammation. Leurs résultats ont été publiés cette semaine et apportent des éclairages fascinants.
La maladie de Parkinson est causée par la dégénérescence des neurones producteurs de dopamine dans une région du striatum appelée substance noire. Lorsque les niveaux de dopamine diminuent lentement, les symptômes moteurs caractéristiques de la maladie se manifestent, tels que la rigidité musculaire, les tremblements, les mouvements ralentis et les altérations de la parole.
Dans le cadre de la maladie de Parkinson et d’autres conditions similaires, une inflammation cérébrale a également été observée. En particulier, une activation de la microglie, un type de macrophage essentiel à la réponse immunitaire du système nerveux central, est fortement impliquée dans la neuroinflammation.
L’influence sur cette réponse inflammatoire est actuellement explorée comme une voie potentielle pour le traitement de la maladie de Parkinson.
Enquêter sur le rôle de l’inflammation
L’équipe de recherche a cherché à déterminer si cette neuroinflammation pouvait également être présente dans le RBD. Ils ont réalisé des scanners TEP sur 20 individus présentant un RBD médicalement confirmé, en les comparant à 19 témoins sains. L’activation microgliale a été évaluée dans diverses régions du striatum (substance noire, caudé et putamen), tout comme la fonction des neurones dopaminergiques.
Comme prévu, ils ont constaté qu’il y avait une activation microgliale accrue dans la substance noire et une fonction dopaminergique réduite dans le putamen chez les personnes souffrant de RBD. Les auteurs de l’étude écrivent :
« En résumé, nous avons montré que l’activation microgliale élevée dans la substance noire et la fonction dopaminergique présynaptique nigrostriatale réduite peuvent être détectées chez les patients atteints de RBD […] Ce résultat implique que neuroinflammation et déficit dopaminergique se produisent chez les patients atteints de RBD. »
D’autres études seront nécessaires pour confirmer ces résultats, car l’échantillon étudié était relativement restreint. Les chercheurs envisagent également de suivre les participants pour observer si la maladie de Parkinson se développe chez ceux qui souffrent de RBD.
Si ces résultats sont reproduits, ils pourraient ouvrir de nouvelles perspectives pour le traitement du RBD et ralentir potentiellement l’apparition de la maladie de Parkinson. Comme le soulignent les auteurs, « la modulation de l’activation microgliale pourrait constituer une stratégie thérapeutique potentielle pour ralentir la progression de la maladie, en particulier dans ses premiers stades. »
Cette étude renforce l’idée que la neuroinflammation joue un rôle crucial tant dans la maladie de Parkinson que dans le RBD. À l’avenir, ces découvertes pourraient contribuer à un diagnostic plus précoce de la maladie et à l’élaboration de nouveaux traitements.
Nouvelles Perspectives de Recherche
À mesure que les recherches avancent, il devient de plus en plus essentiel de comprendre les mécanismes sous-jacents à cette inflammation. Des études récentes indiquent que des cytokines spécifiques pourraient être impliquées dans la pathogénèse de ces conditions. Par exemple, une augmentation des niveaux de cytokines pro-inflammatoires a été observée chez des patients atteints de RBD, ce qui suggère un lien direct avec la neuroinflammation.
De plus, l’exploration de traitements anti-inflammatoires pourrait offrir des options prometteuses pour les patients. Des essais cliniques en cours examinent l’efficacité de médicaments existants et de nouvelles molécules visant à moduler la réponse inflammatoire, avec l’espoir d’atténuer les symptômes du RBD et de retarder l’apparition de la maladie de Parkinson.
En conclusion, bien que des recherches approfondies soient nécessaires, ces découvertes ouvrent la voie à une meilleure compréhension des liens entre le sommeil agité, la neuroinflammation et les maladies neurodégénératives. Cela pourrait non seulement améliorer la qualité de vie des patients, mais aussi transformer notre approche du traitement de ces maladies complexes.