Une nouvelle recherche met en lumière un autre danger qui s’ajoute à la liste déjà longue des risques liés à l’un des métiers les plus périlleux : la chaleur extrême est désormais associée à un risque accru de crises cardiaques chez les pompiers.
La lutte contre les incendies est mondialement reconnue comme l’une des professions les plus dangereuses. Ces héros, hommes et femmes, mettent leur vie en péril à chaque intervention face aux incendies.
Le danger le plus manifeste lié à la proximité des flammes est, bien sûr, le risque de brûlures. Cependant, il existe un autre ennemi, plus insidieux, qui guette derrière le bûcher.
Aux États-Unis, environ 45 % des décès en service chez les pompiers sont attribués à des événements cardiovasculaires.
Pour comprendre pourquoi cela pourrait être le cas, une équipe de chercheurs a étudié 19 pompiers en bonne santé et non-fumeurs en Écosse. Les résultats, publiés cette semaine dans une revue spécialisée, révèlent pour la première fois des changements spécifiques dans le sang suite à une participation à un exercice de simulation d’incendie.
Les participants ont réalisé deux exercices de simulation d’incendie à une semaine d’intervalle, sauvant une « victime » pesant plus de 170 livres d’une structure à deux étages, tout en étant exposés à des températures dépassant 400 °C (752 °F).
Les pressions sanguines des participants ont été surveillées pendant 30 minutes avant l’exercice et 24 heures après. L’auteur principal, Nicholas Mills, Ph.D., explique : « Les pompiers portaient des moniteurs cardiaques qui évaluaient en continu leur fréquence cardiaque, leur rythme ainsi que la force et le rythme des impulsions électriques traversant chaque partie du cœur. Cela révèle une tension cardiaque qui pourrait indiquer un manque d’oxygène acheminé vers le muscle cardiaque. »
Le Dr Mills ajoute : « Ces conditions extrêmes peuvent causer des blessures au muscle cardiaque même chez des pompiers en bonne santé, et peuvent expliquer le lien entre la lutte contre les incendies et le risque de crises cardiaques. »
La coagulation du sang et la lutte contre les incendies
Les chercheurs ont également examiné d’autres facteurs en analysant le sang des pompiers. Des échantillons ont été prélevés immédiatement après l’exercice, puis à 4 et 24 heures. Ils ont évalué divers paramètres, tels que la fibrinolyse et l’activation des plaquettes, pour mesurer la tendance à la coagulation du sang.
L’équipe a constaté que le risque de coagulation sanguine augmentait en réponse à l’effort physique et aux températures extrêmes. Bien que les mécanismes exacts par lesquels la chaleur intense peut entraîner des problèmes cardiaques ne soient pas totalement élucidés, cette étude fournit de nouvelles pistes intéressantes.
« Une pression artérielle basse immédiatement après une intervention est probablement le résultat de la déshydratation et d’une augmentation de la circulation sanguine vers la peau pour aider le corps à se refroidir, » explique le Dr Mills. « Nous avons observé une augmentation de la température interne du corps, qui s’élevait en moyenne de près de 2 degrés Fahrenheit en 20 minutes. De plus, une concentration accrue d’hémoglobine se produit lorsque le corps perd de l’eau et que le sang devient plus épais. »
Bien que cette étude se concentre spécifiquement sur les pompiers et vise à expliquer leur vulnérabilité aux problèmes cardiaques, les résultats ont des implications plus larges. Toute personne s’exerçant à des températures extrêmes doit veiller à se réhydrater et à se refroidir adéquatement après l’effort.
L’étude est accompagnée d’un éditorial du Dr Stefanos N. Kales, professeur agrégé à la Harvard Medical School et responsable de la médecine professionnelle et environnementale à la Cambridge Health Alliance, une entité de la Harvard School of Public Health. Le Dr Kales souligne : « Cette nouvelle étude devrait inciter les praticiens à évaluer et à traiter de manière proactive les facteurs de risque de maladies cardiovasculaires et, le cas échéant, à réaliser des études complémentaires, comme des tests d’effort ou des échocardiographies. »
En maintenant une bonne forme physique et en s’engageant dans un refroidissement actif ainsi qu’une réhydratation après une intervention, ces héros peuvent potentiellement réduire leurs risques cardiovasculaires, au moins en partie. La prise de conscience de ces menaces pourrait sauver la vie de nombreux sauveteurs.
Pour conclure, il est essentiel de continuer à explorer comment des conditions de travail extrêmes impactent la santé cardiovasculaire. Des études supplémentaires sont nécessaires pour mieux comprendre les mécanismes physiologiques en jeu, et pour développer des stratégies préventives visant à protéger la santé des pompiers. Ainsi, les pompiers, en tant que premiers intervenants, peuvent non seulement protéger les autres, mais aussi préserver leur propre santé à long terme.