L’accès à une nourriture délicieuse nous incite souvent à trop manger, entraînant ainsi une prise de poids, peu importe le contenu calorique de la nourriture. C’est du moins ce que l’on croyait jusqu’à récemment. Toutefois, de nouvelles recherches remettent en question cette théorie largement répandue.
Beaucoup d’entre nous ont déjà entendu l’adage : « Si ça a bon goût, ça doit être mauvais pour toi ». Bien que ce proverbe soit communément admis, il pourrait bien ne pas être aussi vrai qu’on le pense.
Une équipe de chercheurs, dirigée par le Dr Michael Tordoff, psychologue physiologiste au Monell Chemical Senses Center en Pennsylvanie, a décidé d’explorer cette croyance plus en profondeur. « La plupart des gens pensent que les aliments savoureux sont à l’origine de l’obésité », explique-t-il.
Tordoff, sceptique face à cette idée, a donc conçu une série d’expériences pour examiner l’hypothèse. Ses résultats ont récemment été publiés dans une revue spécialisée.
Enquête sur la Saveur et le Gain de Poids
Il a été démontré que si l’on nourrit des souris avec des biscuits, des croustilles et de la crème, elles deviennent obèses. Mais est-ce vraiment la saveur des aliments qui entraîne la suralimentation ? Ou pourrait-il s’agir de leur densité nutritive qui favorise une consommation excessive ? En effet, les animaux ont évolué pour rechercher des aliments gras et sucrés comme mécanisme de survie.
Des études antérieures, qui ont tenté de lier le goût (comprenant saveur et texture) à la prise de poids, ont souvent été incomplètes. Par exemple, beaucoup d’entre elles n’ont pas pris en compte l’impact de la variété sur le comportement alimentaire. Avoir une diversité d’options peut engendrer un excès de plaisir, un buffet en étant un parfait exemple.
Selon les auteurs de la recherche récente, seules trois études ont spécifiquement examiné l’influence de la saveur sur le gain de poids, et aucune d’elles n’a été concluante. Les raisons en sont souvent liées à la taille de l’échantillon et, encore une fois, aux effets de la variété.
La première phase de l’étude de Tordoff a consisté à déterminer si les souris préféraient des aliments contenant des ingrédients huileux ou sucrés, mais non nutritifs. Les souris ont reçu deux types de nourriture : un chow standard et un autre contenant soit un édulcorant comme le sucralose, soit de l’huile minérale, les deux étant sans calories.
Comme prévu, les souris ont montré une préférence marquée pour la nourriture contenant de l’huile minérale et celle avec du sucralose, ignorant presque complètement le chow standard. En fait, les souris se souciaient si peu de la nourriture ordinaire qu’elles « déféquaient souvent dans la tasse contenant le régime standard », selon les auteurs de l’étude.
Les Aliments Savoureux Encouragent-Ils la Suralimentation ?
La deuxième phase de l’essai a impliqué de diviser les souris en trois groupes, chacun recevant un régime différent pendant six semaines : chow ordinaire, chow avec de l’huile minérale ou chow avec du sucralose.
À la fin de la période de six semaines, les souris ont été mesurées. Aucune différence significative n’a été observée dans le poids ou la teneur en graisse parmi les trois groupes. En d’autres termes, même les aliments les plus savoureux n’encourageaient pas à suralimenter.
« Même si nous avons donné à des souris des régimes délicieux pendant une période prolongée, elles n’ont pas pris de poids excessif. Les gens pensent que « si un aliment est bon, ça doit être mauvais pour vous », mais nos résultats suggèrent que cela ne devrait pas être le cas. Il est possible de créer des aliments à la fois sains et savoureux », déclare le Dr Michael Tordoff.
Après les six semaines de régime, les souris ont continué à préférer la nourriture savoureuse lorsqu’on leur offrait également le chow standard, indiquant qu’elles ne s’étaient pas lassées de leurs aliments enrichis.
Dans une troisième partie de l’étude, l’équipe a nourri les souris avec un régime riche en graisses, connu pour provoquer l’obésité chez ces rongeurs. Les chercheurs ont ajouté du sucralose à cette nourriture pour la rendre encore plus attrayante. Cependant, ils ont constaté que le temps nécessaire pour que les souris deviennent obèses ne variait pas ; l’augmentation du goût agréable n’a pas modifié la quantité de nourriture consommée. En fait, le sucralose a légèrement réduit le gain de poids et les réserves de graisse.
La conclusion est claire : les aliments savoureux ne sont pas, à eux seuls, responsables de l’obésité. La saveur influence nos choix alimentaires, mais pas nécessairement la quantité que nous consommons sur le long terme.
Pour approfondir, apprenez comment les préférences alimentaires peuvent être modifiées par des voies cérébrales spécifiques. Les recherches actuelles continuent d’explorer ce sujet fascinant, offrant de nouvelles perspectives sur notre relation avec la nourriture et le poids.