Comprendre la Dépersonnalisation et la Dissociation en 2024

La dépersonnalisation est un phénomène troublant qui se manifeste par un sentiment onirique de désengagement de son environnement. La personne a l’impression que les choses sont « moins réelles » qu’elles ne devraient l’être.

Les individus vivant la dépersonnalisation ont tendance à se sentir détachés d’eux-mêmes, comme s’ils observaient leur vie de l’extérieur.

Ceux confrontés à une dépersonnalisation intense rapportent souvent qu’ils se voient agir à distance, sans avoir la sensation d’un contrôle total sur leurs actions. Il est crucial de comprendre que ces personnes sont conscientes que ces sentiments ne représentent pas la réalité.

Un article de 2005 décrit la dépersonnalisation comme un « sentiment dérangeant d’être séparé de soi », où l’individu s’observe comme s’il était extérieur à lui-même, éprouvant une sensation d’être un robot ou un automate.

Il peut exister « une altération désagréable, chronique et invalidante dans l’expérience de soi et de l’environnement ».

La dépersonnalisation est une composante de la dissociation. Tandis que la dissociation implique un détachement général de plusieurs aspects de la vie, la dépersonnalisation se concentre spécifiquement sur un détachement de soi et de son identité.

Selon l’Alliance nationale pour la maladie mentale, près de la moitié de tous les Américains éprouvent une dissociation à un moment donné, mais la dépersonnalisation chronique, qui mène à un trouble de dépersonnalisation, est moins fréquente.

Causes

Illustration sur la dépersonnalisation et la dissociation

Les causes exactes de la dépersonnalisation demeurent encore floues. On pense qu’elles sont dues à un déséquilibre chimique au sein du cerveau.

Comme pour d’autres troubles dissociatifs, les sentiments de dépersonnalisation sont souvent déclenchés par des événements traumatisants ou mettant en danger la vie, comme des violences extrêmes, la guerre, un enlèvement ou des abus durant l’enfance.

Il est suggéré que si une personne sensible connaît une dissociation suite à un traumatisme, cela peut devenir un schéma établi, susceptible de se répéter.

Selon Mind, une organisation caritative de santé mentale au Royaume-Uni, la dissociation est véritablement une stratégie d’adaptation à un stress excessif.

Certaines drogues récréatives, notamment la kétamine, peuvent également déclencher des sensations de dépersonnalisation.

  • La consommation de cannabis a été liée à des épisodes de dépersonnalisation ou de dissociation, tout comme le sevrage de l’usage du cannabis.
  • Des troubles perceptuels tels que la dépersonnalisation ont été rapportés chez des personnes se retirant des benzodiazépines.
  • L’alcool peut induire des sensations de dépersonnalisation chez certaines personnes, selon des études publiées.
  • Les hallucinogènes peuvent également entraîner une dépersonnalisation lorsqu’ils sont consommés.

La plupart des personnes souffrant de dépersonnalisation ont également un autre trouble psychiatrique ou mental. Les affections associées comprennent des troubles dissociatifs et certains troubles non dissociatifs.

Les exemples incluent :

  • Schizophrénie
  • Dépression
  • Anxiété
  • Migraine
  • Privation de sommeil
  • Trouble bipolaire

Les troubles dissociatifs incluent :

  • Amnésie dissociative, où les individus peuvent oublier des informations sur eux-mêmes ou des événements marquants de leur vie.
  • Trouble de dépersonnalisation-déréalisation, impliquant des expériences hors du corps, une sensation d’irréalité, et une incapacité à reconnaître son image dans un miroir. Cela peut aussi se traduire par des changements dans les sensations corporelles et une diminution de la capacité à agir sur le plan émotionnel.
  • Trouble de l’identité dissociative, souvent désigné comme « trouble de la personnalité multiple », où une personne éprouve une confusion quant à son identité, se sentant étrangère à elle-même. Ce trouble peut se manifester par des comportements différents à des moments différents ou une écriture distincte.

Dans certaines cultures, des personnes cherchent à atteindre la dépersonnalisation par des pratiques religieuses ou méditatives, qui ne sont pas considérées comme un trouble.

Facteurs de risque

On estime que la dépersonnalisation cliniquement significative affecte entre 1 et 2 % de la population générale.

Femme assise seule, illustrant la solitude liée à la dépersonnalisation

L’âge moyen de la première expérience est de 22,8 ans, mais 1 personne sur 3 souffrant de ce trouble le remarque avant l’âge de 16 ans. Ce phénomène est plus fréquent chez les adolescents et les jeunes adultes. Les personnes souffrant de dépression, de troubles de personnalité multiples, de schizophrénie et de troubles obsessionnels compulsifs présentent un risque accru.

La dépersonnalisation et la dissociation sont souvent liées au syndrome de stress post-traumatique (SSPT) et peuvent entraîner des attaques de panique sévères. Elles ont également été associées à la fatigue et à des dangers sérieux.

L’abus de certains médicaments peut accroître le risque, tout comme le sevrage des benzodiazépines ou du cannabis. Bien qu’il ne soit pas prouvé que ces médicaments causent le trouble, le cannabis a été identifié comme un déclencheur potentiel chez les personnes sensibles.

De plus, les individus souffrant de troubles dissociatifs peuvent être plus enclins à recourir à des drogues et à l’alcool pour gérer leur état.

Les personnes faisant l’expérience de dissociation peuvent également éprouver des pertes de mémoire ou des lacunes, notamment concernant des personnes, des événements ou des périodes de leur vie.

Il est fréquent que les personnes atteintes de troubles dissociatifs présentent des comportements obsessionnels, tels que l’automutilation ou des vérifications répétées dans un miroir pour confirmer qu’elles sont réelles. Ces comportements autodestructeurs peuvent être liés à un traumatisme plutôt qu’à une perte de sens de la réalité.

L’anxiété est également un phénomène courant, que ce soit en tant que cause ou conséquence de la dissociation.

Si la dissociation résulte d’un traumatisme, le retour à des souvenirs indésirables peut déclencher un épisode dissociatif.

Symptômes

Lors d’un épisode dissociatif, certaines personnes peuvent vivre une expérience hors du corps, où elles se sentent comme des observatrices, regardant leur vie à distance.

Elles peuvent se sentir déconnectées de leur propre corps, et la vie peut sembler un rêve, dans lequel tout paraît irréel. Il peut également y avoir une sensation de perte de contrôle sur leurs actions.

Pour certaines personnes, un épisode peut même impliquer un déplacement physique vers un lieu différent et une adoption d’une identité différente durant cette période. L’individu peut ne pas se souvenir de son identité propre.

Diagnostic

Un médecin peut établir un diagnostic de trouble dissociatif en interrogeant le patient au sujet de ses symptômes et de ses antécédents personnels et médicaux. Des tests neurologiques peuvent être nécessaires pour exclure des conditions telles que l’épilepsie.

Les rapports suggèrent qu’une personne atteinte de trouble dissociatif utilise fréquemment l’expression « comme si », dans des phrases telles que « je me sens comme si je n’étais pas réel » ou « comme si j’étais un robot ».

Le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, quatrième édition (DSM-IV), énonce les critères de diagnostic suivants pour le trouble de la dépersonnalisation :

  1. Se sentir détaché de ses processus mentaux ou de son corps.
  2. Test de réalité intact.
  3. Déficience clinique significative, déficience fonctionnelle ou les deux.
  4. Les symptômes ne doivent pas apparaître exclusivement dans le cadre d’un autre trouble ou en raison des effets physiologiques directs d’une substance.

Traitement

Actuellement, aucun traitement spécifique n’existe pour la dépersonnalisation ou la dissociation, mais certains antidépresseurs peuvent aider à atténuer les symptômes chez certaines personnes. Les experts suggèrent qu’une combinaison de médicaments, notamment la lamotrigine et un inhibiteur sélectif de la recapture de la sérotonine (ISRS), peut être bénéfique.

Des témoignages anecdotiques indiquent qu’éviter les lumières vives ou maintenir une routine régulière et monotone pourrait aider certaines personnes à mieux gérer leur état.

La thérapie cognitivo-comportementale (TCC) peut également être bénéfique, aidant les patients à appréhender leurs symptômes de manière non menaçante et à réduire l’anxiété et les comportements obsessionnels qui les accompagnent fréquemment.

Dernières recherches et perspectives

En 2024, les recherches sur la dépersonnalisation et la dissociation continuent d’évoluer. Des études récentes mettent en lumière l’importance de la neurobiologie dans la compréhension de ces troubles. Par exemple, des recherches sur l’imagerie cérébrale montrent des variations dans l’activité cérébrale des individus souffrant de dépersonnalisation, notamment dans les régions impliquées dans le traitement des émotions et la perception de soi.

De plus, une attention accrue est accordée aux thérapies innovantes, telles que l’EMDR (désensibilisation et retraitement par les mouvements oculaires), qui s’avèrent prometteuses pour traiter les traumatismes sous-jacents souvent à l’origine de la dissociation.

Il est également essentiel de souligner l’impact de la santé mentale sur la qualité de vie. Les campagnes de sensibilisation et les initiatives communautaires visent à réduire la stigmatisation associée à ces troubles, encourageant ainsi les personnes affectées à rechercher de l’aide.

Enfin, la recherche continue sur les liens entre la dépersonnalisation, les troubles anxieux et les troubles de l’humeur, pourrait ouvrir la voie à des approches de traitement plus ciblées et efficaces dans un avenir proche.

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