Une personne atteinte de dyspraxie rencontre des difficultés de mouvement, de coordination, de jugement, de traitement, de mémoire et d’autres habiletés cognitives. Ce trouble peut également affecter les systèmes immunitaire et nerveux du corps.
La dyspraxie, également désignée sous le terme de difficultés d’apprentissage moteur, dysfonctionnement perceptuo-moteur, ou trouble de la coordination du développement (DCD), ne doit plus être confondue avec des termes tels que « lésions cérébrales minimales » ou « syndrome de l’enfant maladroit ». Ces derniers sont désormais obsolètes.
Selon le Centre national pour les troubles d’apprentissage, les individus souffrant de dyspraxie éprouvent des difficultés à planifier et à exécuter des tâches motrices, qu’il s’agisse de mouvements simples comme dire au revoir, ou de gestes plus complexes tels que se brosser les dents dans un ordre précis.
Qu’est-ce que la dyspraxie?
La dyspraxie est un trouble neurologique qui perturbe la capacité d’un individu à planifier et à gérer des tâches motrices.
Les personnes dyspraxiques rencontrent souvent des problèmes de langage, ainsi qu’une certaine difficulté à penser et à percevoir leur environnement. Cependant, il est crucial de noter que la dyspraxie n’affecte pas l’intelligence, bien qu’elle puisse engendrer des difficultés d’apprentissage, surtout chez les enfants.
La dyspraxie développementale se caractérise par une immaturité dans l’organisation des mouvements. Le cerveau ne traite pas l’information de manière efficace, ce qui entrave la transmission des messages neuronaux.
Une personne atteinte de dyspraxie peine à planifier ses actions et la manière de les réaliser.
L’Institut national des troubles neurologiques et des maladies (NINDS) décrit les individus dyspraxiques comme étant souvent « désynchronisés » par rapport à leur environnement.
Les experts estiment qu’environ 10 % de la population présente un certain degré de dyspraxie, dont environ 2 % souffrent d’une forme sévère. Il est également noté que quatre enfants sur cinq affichant des symptômes évidents de dyspraxie sont des garçons, bien que des questions se posent sur un éventuel sous-diagnostic chez les filles.
D’après le National Health Service du Royaume-Uni, de nombreux enfants atteints de dyspraxie présentent également un trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité (TDAH).
Les symptômes de la dyspraxie
Les symptômes varient selon l’âge. Nous allons explorer chaque tranche d’âge plus en détail. Voici quelques symptômes généraux de la dyspraxie :
- Mauvais équilibre
- Mauvaise posture
- Fatigue
- Maladresse
- Difficultés de langage
- Problèmes de perception
- Mauvaise coordination œil-main
Diagnostic de la dyspraxie
Un diagnostic de dyspraxie peut être établi par un psychologue clinicien, un psychologue scolaire, un pédiatre ou un ergothérapeute. Si un parent suspecte que son enfant souffre de dyspraxie, il est essentiel de consulter un médecin.
Lors de l’évaluation, il sera nécessaire de fournir des informations sur l’histoire du développement de l’enfant, ses capacités intellectuelles ainsi que ses compétences en motricité fine et globale :
- La motricité globale : évaluer comment l’enfant utilise de gros muscles pour coordonner les mouvements du corps, tels que sauter, lancer, marcher, courir et maintenir l’équilibre.
- La motricité fine : examiner la capacité de l’enfant à utiliser des muscles plus petits, comme attacher des lacets, boutonner des vêtements, découper des formes avec des ciseaux et écrire.
L’évaluateur devra également connaître le moment et la manière dont les jalons du développement, tels que marcher, explorer et parler, ont été atteints. L’évaluation comprendra également des tests d’équilibre, de sensibilité au toucher et d’analyse des variations dans les activités de marche de l’enfant.
Dyspraxie chez les enfants
Les symptômes de la dyspraxie varient en fonction de l’âge. Ainsi, nous allons examiner chaque tranche d’âge séparément. Tous les individus ne présenteront pas nécessairement tous les symptômes décrits ci-dessous :
Très jeune enfance
L’enfant peut prendre plus de temps que ses pairs pour :
- S’asseoir.
- Rampant – la Fondation Dyspraxia indique que beaucoup d’enfants ne passent jamais par l’étape du rampement.
- Marcher.
- Parler : selon l’hôpital pour enfants de Westmead en Australie, l’enfant peut répondre plus lentement aux questions, avoir des difficultés à reproduire des sons ou des séquences de mots, et il peut aussi avoir un vocabulaire très limité et parler plus lentement que les autres enfants, avec moins de mots et plus de pauses.
- Se soutenir.
- Être propre (sortir des couches).
- Élargir son vocabulaire.
Petite enfance
À cet âge, les difficultés suivantes peuvent apparaître :
- Problèmes lors de mouvements subtils, comme attacher des lacets, boutonner des vêtements, utiliser des couverts et écrire.
- De nombreux enfants peuvent éprouver des difficultés à s’habiller.
- Problèmes liés aux mouvements dans les aires de jeux, tels que sauter, jouer à la marelle, attraper une balle, donner des coups de pied, sauter et courir.
- Problèmes liés aux mouvements en classe, comme l’utilisation de ciseaux, le coloriage, le dessin ou la résolution de puzzles.
- Difficultés à traiter des pensées.
- Difficultés de concentration. Les enfants dyspraxiques ont souvent du mal à se concentrer sur une tâche pendant une période prolongée.
- Il peut être plus difficile pour l’enfant de participer à des jeux de groupe.
- L’enfant peut réagir plus fortement que les autres enfants.
- Certains ressentent des difficultés à monter et descendre les escaliers.
- Une tendance à trébucher et à laisser tomber des objets.
- Difficulté à acquérir de nouvelles compétences – alors que d’autres enfants peuvent le faire naturellement, un enfant dyspraxique mettra plus de temps. L’encouragement et la pratique sont essentiels.
- La rédaction d’histoires peut être beaucoup plus difficile pour un enfant dyspraxique, tout comme la copie à partir d’un tableau noir.
D’autres éléments sont également fréquents à l’âge préscolaire :
- Difficulté à maintenir des amitiés.
- Comportement perçu comme inhabituel en présence d’autres enfants.
- Hésitation dans la plupart des actions, donnant une impression de lenteur.
- Ne tient pas un crayon de manière appropriée.
- Compréhension des concepts comme « dedans », « dehors », « devant » peut être difficile.
Plus tard dans l’enfance
- Beaucoup des défis mentionnés précédemment ne s’améliorent pas ou ne s’améliorent que légèrement.
- Une tendance à éviter le sport.
- Apprentissage efficace en individuel, mais difficultés en classe avec d’autres enfants.
- Réactions identiques à tous les stimuli (difficulté à filtrer les stimuli non pertinents).
- Difficultés en mathématiques et en écriture.
- Temps considérable consacré à l’écriture.
- Difficulté à suivre les instructions.
- Problèmes de mémorisation des instructions.
- Mauvaise organisation.
Dyspraxie chez les adultes
Chez les adultes, les symptômes incluent :
- Mauvaise posture et fatigue.
- Difficulté à accomplir des tâches quotidiennes.
- Contrôle moins précis – des difficultés en écriture et en dessin.
- Difficulté à coordonner les deux côtés du corps.
- Discours peu clair, avec des constructions de phrases souvent brouillées.
- Mouvement maladroit, tendance à trébucher.
- Problèmes liés à l’hygiène personnelle et à l’habillement – se raser, se maquiller, attacher des vêtements, lacer des chaussures.
- Mauvaise coordination œil-main.
- Difficulté à planifier et à organiser pensées et tâches.
- Moins sensible aux signaux non verbaux.
- Facilité à se frustrer.
- Estime de soi souvent faible.
- Difficultés de sommeil.
- Difficulté à distinguer les sons du bruit ambiant.
- Manque de rythme lors de la danse ou de l’exercice.
Au niveau social et sensoriel, les personnes atteintes de dyspraxie peuvent être extrêmement sensibles aux goûts, à la lumière, au toucher et/ou au bruit. Un manque de conscience des dangers potentiels est également noté. Beaucoup d’entre elles subissent des sautes d’humeur et affichent un comportement imprévisible.
Des chercheurs de l’université de Bolton en Angleterre soulignent qu’il existe souvent une tendance à prendre les choses littéralement, ce qui signifie que l’enfant peut écouter sans vraiment comprendre.
Causes de la dyspraxie
Les scientifiques n’ont pas encore déterminé la cause exacte de la dyspraxie. Ils pensent que les cellules nerveuses contrôlant les muscles (motoneurones) ne se développent pas correctement. Si ces neurones ne parviennent pas à établir des connexions adéquates, le traitement des informations par le cerveau est considérablement ralenti.
Des chercheurs du Disability and Dyslexia Service de la Queen Mary University de Londres (Royaume-Uni) affirment que des études suggèrent que la dyspraxie pourrait résulter d’une immaturité dans le développement neuronal au sein du cerveau plutôt que de lésions cérébrales spécifiques.
Un rapport de l’Université de Hull, en Angleterre, indique que la dyspraxie est probablement héréditaire, impliquant plusieurs gènes, et qu’il n’est pas rare de voir plusieurs membres d’une même famille affectés par ce trouble.
Traitements pour la dyspraxie
Bien que la dyspraxie ne soit pas curable, un traitement peut permettre à l’individu de s’améliorer. Il est cependant crucial qu’un enfant soit diagnostiqué le plus tôt possible pour optimiser son pronostic. Les professionnels suivants sont généralement impliqués dans le traitement des personnes dyspraxiques :
Ergothérapie
Un ergothérapeute évaluera comment l’enfant gère ses activités quotidiennes à la maison et à l’école. Il l’aidera ensuite à développer des compétences spécifiques pour les activités qu’il trouve difficiles.
Orthophonie et langage
Un orthophoniste procédera à une évaluation des capacités de communication de l’enfant, puis mettra en place un plan de traitement pour améliorer son efficacité communicationnelle.
Entraînement moteur perceptuel
Cette approche vise à améliorer les capacités linguistiques, visuelles, motrices et auditives de l’enfant. Une série de tâches de difficulté croissante est proposée pour défier l’enfant, tout en évitant de le frustrer ou de lui causer du stress.
Thérapie équine pour la dyspraxie
Une étude menée par une équipe de chercheurs irlandais, britanniques et suédois a évalué les effets de la thérapie équine (équitation thérapeutique) sur un groupe de 40 enfants âgés de 6 à 15 ans souffrant de dyspraxie.
Les enfants ont participé à six séances d’équitation de 30 minutes chacune, accompagnées de deux séances de projection audiovisuelle de 30 minutes. Les résultats ont montré que la thérapie par le cheval stimulait et améliorait les paramètres de cognition, d’humeur et de démarche des participants. Les auteurs de l’étude soulignent également la valeur potentielle d’une approche audiovisuelle dans le cadre de la thérapie équine.
Jeu actif
Les experts s’accordent à dire que le jeu actif, qui inclut toute activité physique, qu’elle soit en extérieur ou à l’intérieur, contribue à améliorer l’activité motrice. Le jeu est un moyen essentiel pour les enfants d’apprendre sur leur environnement et sur eux-mêmes, surtout pour ceux âgés de 3 à 5 ans ; il constitue une part cruciale de leur apprentissage.
Le jeu actif est le carrefour où se rencontrent l’apprentissage physique et émotionnel d’un jeune enfant, son développement langagier, sa conscience particulière et le développement de ses sens.
Plus les enfants participent à des activités ludiques, meilleure sera leur capacité à interagir avec les autres enfants.
Nouveaux développements en 2024
Récemment, plusieurs études ont mis en lumière des approches innovantes pour traiter la dyspraxie. Par exemple, des recherches menées à l’Université de Cambridge indiquent que des programmes de formation basés sur la réalité virtuelle peuvent aider les enfants à améliorer leur coordination et leur motricité fine. En permettant une pratique sécurisée et contrôlée, ces programmes offrent un environnement où les enfants peuvent apprendre et s’exercer sans pression.
De plus, des statistiques récentes révèlent que l’intégration de techniques de pleine conscience dans les thérapies de la dyspraxie peut réduire le stress et améliorer la concentration, ce qui est souvent un enjeu majeur pour les enfants dyspraxiques. Des séances de méditation guidée et des exercices de respiration se sont avérés bénéfiques, facilitant ainsi l’apprentissage des compétences motrices.
Enfin, une étude récente de l’Institut de recherche sur le développement de l’enfant a révélé que l’implication des parents dans le processus thérapeutique améliore considérablement les résultats chez les enfants dyspraxiques. Les parents qui participent à des séances de thérapie avec leurs enfants peuvent renforcer les compétences acquises à la maison, créant ainsi un environnement d’apprentissage continu.