La greffe de cellules souches hématopoïétiques, à l’origine utilisée principalement pour certains types de cancer, a élargi son champ d’application et est désormais reconnue pour son efficacité dans le traitement de diverses maladies auto-immunes.
Il est crucial de souligner que bien que la Food and Drug Administration (FDA) des États-Unis ait validé la greffe de cellules souches hématopoïétiques (CSH) pour le traitement du cancer, son utilisation reste encore limitée pour d’autres indications.
Que sont les greffes de cellules souches utilisées pour traiter?
Les cellules souches ont la capacité unique de se différencier en divers types de cellules spécialisées dans le corps humain.
Les greffes de cellules souches sont principalement utilisées pour traiter différents types de cancers, notamment le myélome multiple, la leucémie et certains lymphomes.
En outre, la transplantation de cellules souches hématopoïétiques (TCSH) est également employée dans de nombreuses cliniques à travers le monde pour traiter des maladies auto-immunes, comme la sclérose en plaques, qui se distingue par son impact sur le système nerveux central.
Bien qu’un taux de réussite élevé soit souvent mentionné pour ces traitements, ils demeurent classés comme expérimentaux dans de nombreux cas.
Il est essentiel de préciser que, bien qu’on les utilise pour combattre le cancer, les TCSH ne sont pas considérées comme des interventions oncologiques classiques, mais plutôt comme des procédures hématologiques, impliquant le rôle du sang dans la santé et la maladie.
Sélection des donateurs
Il existe deux types de TCSH : allogéniques et autologues.
HSCT allogénique
La greffe de CSH allogénique nécessite un donneur pour fournir des cellules souches compatibles. Les médecins doivent s’assurer que le donneur est un bon match pour le receveur, ce qui implique souvent de rechercher un parent proche, mais d’autres donneurs peuvent également être trouvés par le biais de typage tissulaire.
Les antigènes leucocytaires humains (HLA) jouent un rôle crucial dans le typage tissulaire, permettant aux cliniciens de comparer les types de sang et de tissu des receveurs avec ceux des donneurs potentiels pour garantir une compatibilité adéquate.
Des cellules souches peuvent également être prélevées du sang du cordon ombilical, qui est moins mature, mais présente l’avantage d’une plus grande plasticité, permettant une différenciation en divers types de cellules.
Les cellules souches du cordon ombilical, congelées à la naissance, n’ont subi aucun dommage environnemental ou vieillissement, ce qui facilite leur utilisation pour des greffes nécessitant un niveau d’appariement tissulaire moins strict.
HSCT autologue
La HSCT autologue élimine la nécessité de trouver un donneur compatible, puisque les cellules souches sont prélevées directement chez le patient. Ces cellules sont ensuite purifiées et congelées avant d’être réintroduites dans le corps du patient, généralement après une chimiothérapie intensifiée.
Selon le Centre Pirigov de Moscou (Russie), les étapes du processus de greffe de CSH autologue sont :
- stimulation des cellules souches, de 4 à 6 jours
- collecte des cellules souches, de 1 à 3 jours
- chimiothérapie, pendant 4 jours
- infusion de cellules souches, en 1 jour
- isolement, de 8 à 12 jours
Comment fonctionne le processus
Bien que la thérapie implique une greffe de cellules souches, l’élément central du processus est en réalité l’administration de médicaments chimiothérapeutiques.
Deux types de processus de transplantation existent : myéloablatif et non myéloablatif.
Le processus myéloablative utilise des doses élevées de chimiothérapie pour détruire le système immunitaire, tandis que le non myéloablative se base sur des médicaments chimiothérapeutiques à doses plus faibles, permettant ainsi de mieux tolérer le traitement.
Dans les deux cas, les cellules souches sont greffées après l’administration des médicaments pour aider à reconstruire un système immunitaire sain.
Des études ont montré que des doses plus faibles de chimiothérapie peuvent être efficaces pour le traitement de maladies auto-immunes, notamment pour la sclérose en plaques.
Risques et complications
Après une TCSH, des risques tels que la maladie veino-occlusive hépatique (VOD) peuvent survenir, souvent accompagnés d’anomalies rénales ou pulmonaires. En mars 2016, la FDA a approuvé Defitelio (défibrotide sodique) comme traitement pour cette complication.
Un autre risque significatif associé aux greffes allogéniques est la maladie du greffon contre l’hôte (GVHD), qui se produit lorsque des cellules du donneur attaquent les tissus du receveur. Plus le match tissulaire est faible, plus le risque de GVHD augmente. Les médecins peuvent prescrire des médicaments pour réduire les risques d’infection et de GVHD.
Pour les donneurs, les risques liés à la procédure sont généralement minimes, et les complications graves sont rares. Cependant, des effets secondaires tels que :
- réactions à l’anesthésie
- infections
- dégâts nerveux ou musculaires
- réactions transfusionnelles
- lésions au site d’insertion d’aiguille
L’American Cancer Society (ACS) indique que les donneurs peuvent éprouver de la fatigue, un inconfort et des douleurs au bas du dos et aux hanches pendant quelques jours post-don.
Cet inconfort peut être atténué par des analgésiques en vente libre comme l’acétaminophène ou les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), tels que l’ibuprofène.
Les médecins recommandent souvent aux donneurs de prendre des suppléments de fer jusqu’à ce que leur taux de globules rouges revienne à la normale. La plupart des donneurs peuvent reprendre leurs activités quotidiennes après 2 à 3 jours de repos, bien que dans certains cas, le rétablissement complet puisse prendre entre deux et trois semaines.
Recherche sur le traitement des maladies auto-immunes
Les recherches sur l’utilisation de la TCSH pour traiter les maladies auto-immunes ont produit des résultats variés.
Au Canada, un essai clinique a démontré des résultats très prometteurs pour la greffe autologue de CSH, où des patients gravement handicapés par la sclérose en plaques ont retrouvé des capacités motrices telles que marcher, faire du vélo, et même skier. Cette histoire a suscité un grand intérêt médiatique à l’échelle mondiale.
Cependant, des chercheurs de l’hôpital universitaire de Bâle, en Suisse, ont présenté un point de vue plus prudent sur l’utilisation de la TCSH pour les maladies auto-immunes dans une étude publiée en février 2012. Ils ont souligné que la HSCT est associée à des morbidités et mortalités significatives, et n’est pas encore un standard de soins.
En regardant vers l’avenir, ces chercheurs ont recommandé des précautions supplémentaires pour les patients traités par HSCT, notamment une évaluation rigoureuse de la fonction organique avant la greffe, et des suivis adaptés au patient après l’intervention. Ils ont conclu que les résultats des études de phase III en cours pourraient aider à mieux comprendre les complications post-greffe et à identifier les patients à risque.