Les mutilations génitales féminines désignent l’ablation partielle ou complète des organes génitaux féminins externes. Cette pratique est généralement réalisée entre l’enfance et l’âge de 15 ans, mais les femmes adultes peuvent également subir la procédure.
Le terme de mutilation génitale féminine (MGF) englobe toute blessure aux organes génitaux d’une femme ou d’une fille pour des raisons autres que médicales, souvent religieuses. On pense que cette pratique a commencé avant l’avènement du christianisme ou de l’islam.
Bien que la MGF soit parfois appelée circoncision féminine, les implications de cette pratique diffèrent considérablement de celles de la circoncision masculine. De nos jours, plus de procédures de MGF sont effectuées par des professionnels de la santé, représentant jusqu’à 77 % des cas en Égypte.
Cependant, 4 opérations sur 5 dans le monde sont encore réalisées par des praticiens traditionnels, souvent dans des conditions insalubres, entraînant de graves conséquences pour la santé des femmes.
Les MGF sont plus fréquentes dans les régions du nord-est, de l’ouest et de l’est de l’Afrique, ainsi que dans certaines parties du Moyen-Orient et de l’Asie. On estime que plus de 200 millions de filles et de femmes vivant aujourd’hui ont subi des mutilations génitales féminines dans les 30 pays où elles sont les plus répandues.
Faits rapides sur les mutilations génitales féminines :
- La pratique est effectuée pour des raisons sociales, religieuses et culturelles.
- Il existe différents types de mutilations génitales féminines, dont la gravité varie.
- C’est considéré comme une violation des droits humains.
Les types
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) décrit quatre types principaux de mutilations génitales féminines :
Type 1 : Clitoridectomie
Dans cette pratique, le clitoris est partiellement ou complètement enlevé. Le clitoris est la zone érogène la plus sensible d’une femme et la principale source de plaisir sexuel.
C’est une petite partie érectile des organes génitaux féminins. Après stimulation, il produit une excitation sexuelle, une érection clitoridienne et un orgasme.
Type 2 : Excision
Le clitoris et les petites lèvres sont partiellement ou complètement retirés. Cela peut également inclure l’ablation des grandes lèvres, qui sont les lèvres entourant le vagin.
Type 3 : Infibulation
L’ouverture vaginale est rétrécie et un joint de recouvrement est créé. Les lèvres internes ou externes sont coupées puis repositionnées. Cette pratique peut inclure ou non l’ablation du clitoris. D’autres procédures peuvent inclure la cautérisation, le grattage, l’incision, le piquage ou le perçage de la région génitale, pour des raisons autres que médicales.
Type 4
L’OMS décrit ce type comme « toutes les autres procédures nuisibles aux organes génitaux féminins à des fins non médicales », incluant notamment les pratiques de piqûre, de perçage, d’incision, de raclage et de cautérisation des organes génitaux.
Complications
L’ablation de tissus génitaux normaux et sains n’offre aucun avantage pour la santé et compromet les fonctions naturelles de la femme. Cela peut également entraîner des complications graves. Bien que le nombre exact de décès dus aux mutilations génitales féminines ne soit pas connu, certaines études suggèrent qu’en Somalie, où l’accès aux antibiotiques est limité, jusqu’à 1 fille sur 3 qui subit cette opération pourrait en mourir.
Les complications pouvant survenir pendant ou peu après les procédures de MGF incluent :
- saignement
- infection bactérienne
- plaies ouvertes dans la région génitale
- rétention urinaire et autres problèmes urinaires
- dégâts sur les tissus génitaux environnants
- douleur intense pouvant entraîner une perte de conscience
Les complications à long terme peuvent inclure :
- infections récurrentes de la vessie
- kystes
- infertilité
- risques accrus de décès néonatal
- taux plus élevés de complications durant l’accouchement
Une chirurgie supplémentaire peut également être nécessaire pour rouvrir l’ouverture vaginale avant le mariage, afin de permettre les rapports sexuels et l’accouchement. Dans certaines cultures, cette procédure de rétrécissement et d’ouverture peut avoir lieu plusieurs fois au cours de la vie d’une femme.
Prévalence : À quel point est-ce commun ?
Dans certaines régions, les MGF sont une pratique relativement nouvelle adoptée par des communautés voisines. Parfois, il s’agit d’une résurgence d’une ancienne coutume.
Les immigrants qui se rendent dans des zones où les mutilations génitales féminines ne sont pas pratiquées peuvent emmener cette coutume avec eux, et ceux qui déménagent vers des régions où elles sont en vigueur peuvent choisir de l’adopter.
Selon l’OMS et l’UNICEF :
- Plus de 200 millions de femmes ont subi une forme de MGF.
- Le pourcentage de femmes âgées de 14 à 49 ans ayant subi une MGF en 2013 variait de 98 % en Somalie à moins de 1 % en Ouganda.
- Les jeunes femmes sont moins susceptibles de subir des MGF.
En Afrique, il est estimé qu’environ 92 millions de filles âgées de 10 ans et plus ont subi des procédures de MGF, et environ 3 millions de filles en Afrique subissent des MGF chaque année. Dans huit pays, la prévalence dépasse 80 %.
Pourquoi cela se produit-il ?
Il n’existe aucune justification médicale pour les MGF. Cette pratique est le résultat d’une combinaison de raisons culturelles, sociales et religieuses.
Raisons sociales des MGF
Dans les sociétés avec un faible taux d’alphabétisation, la convention sociale stipule : « c’est ce que font les autres et ce que nous avons toujours fait ». La pression sociale et le désir de ne pas être perçu comme un rebelle constituent une force puissante. Dans certaines communautés, les femmes n’ayant pas subi de mutilations génitales féminines ne sont pas autorisées à manipuler de la nourriture et de l’eau, car elles sont considérées comme impures et nuisibles à la santé des autres.
Pour ces sociétés, c’est la « bonne » chose à faire dans le cadre de l’éducation féminine. On dit que cela prépare une fille pour le mariage et sa vie d’adulte. Dans certaines cultures, il existe des croyances selon lesquelles un clitoris non coupé atteindra la taille d’un pénis, ou que les MGF augmentent la fertilité d’une femme.
Raisons culturelles des MGF
Pour certains, les MGF sont perçues comme un comportement sexuel acceptable. Elles sont souvent associées à la virginité et à la fidélité dans le mariage. Les dommages aux organes génitaux sont censés réduire les chances d’une femme d’avoir des relations sexuelles illicites, car cela diminue sa libido et rend l’ouverture trop étroite.
La féminité et la modestie jouent également un rôle. Dans certaines sociétés, une femme est considérée comme plus propre et plus belle si ses organes génitaux sont coupés. Certaines parties du corps, comme le clitoris, qui dépassent, sont perçues comme masculines et impures.
Raisons religieuses des MGF
Aucune des grandes religions ne prescrit la circoncision féminine. Cependant, dans certaines communautés, notamment celles où les niveaux d’alphabétisation sont faibles, il est possible que les gens croient que cette pratique est religieuse. Au fil du temps, les religions ont toléré, encouragé et même justifié la MGF ; mais aujourd’hui, de nombreux chefs religieux s’opposent à cette pratique et participent activement à son abolition.
Si les personnes détenant le pouvoir et l’autorité dans une communauté estiment que les MGF doivent prévaloir, il devient difficile de les empêcher. Ceux qui peuvent insister sur sa continuation incluent les leaders locaux, les chefs religieux, les praticiens de la MGF et certains professionnels de la santé.
MGF : une question de droits de l’homme
La majorité des pays considèrent les mutilations génitales féminines comme une violation des droits humains des femmes et une forme extrême de discrimination. Étant donné que la plupart des procédures sont pratiquées sur des jeunes filles, elles constituent aussi une violation des droits de l’enfant. L’OMS déclare :
« Les mutilations génitales féminines portent atteinte aux droits à la santé, à la sécurité et à l’intégrité physique, au droit de ne pas être soumise à la torture et aux traitements cruels, inhumains ou dégradants, ainsi qu’au droit à la vie. »
En 2008, l’Assemblée mondiale de la santé a adopté une résolution sur l’élimination des mutilations génitales féminines, appelant à l’action de tous les acteurs dans les domaines de la justice, des affaires féminines, de l’éducation, des finances et de la santé.
Interdiction mondiale des mutilations génitales féminines
En 2012, les Nations Unies ont pris une résolution interdisant les MGF à l’échelle mondiale, déclarant que « toutes les mesures nécessaires, y compris l’adoption et l’application de lois interdisant les MGF et protégeant les femmes et les filles contre cette forme de violence doivent être mises en œuvre.
Bien que l’intervention soit un peu plus sûre lorsqu’elle est réalisée par un médecin, l’OMS exhorte les professionnels de la santé à ne pas pratiquer de MGF.
Reclassement
La volonté d’interdire la MGF n’a pas significativement réduit son incidence. Plus récemment, certains chercheurs ont proposé d’assouplir l’approche en la reclassant comme « altération génitale féminine ». Ils soutiennent que l’interdiction de la pratique peut la rendre clandestine et donc plus dangereuse. Pour respecter les différences culturelles tout en protégeant la santé des femmes, ils suggèrent de classifier les interventions en fonction de leur impact plutôt qu’en fonction de la procédure.
Ils proposent d’accepter des procédures minimales qui n’entraînent pas de risques pour la santé à long terme. Cette approche est décrite comme « culturellement sensible, ne faisant pas de discrimination fondée sur le sexe et ne violant pas les droits humains ». Cependant, les enquêtes montrent que, dans les pays où les MGF sont courantes, la majorité des femmes âgées de 15 à 49 ans estiment que la MGF devrait cesser.
Recherche et Perspectives pour 2024
En 2024, il est crucial de continuer à sensibiliser la population mondiale sur les dangers des mutilations génitales féminines. Des études récentes mettent en lumière l’impact psychologique et physique de cette pratique sur les femmes et les filles. Les recherches indiquent que les séquelles psychologiques, telles que l’anxiété et la dépression, sont fréquentes chez les victimes de MGF.
Des initiatives innovantes, comme des programmes éducatifs et de sensibilisation, sont mises en place dans plusieurs pays pour déconstruire les croyances culturelles entourant la MGF. Des témoignages de survivantes sont également mis en avant pour illustrer les effets dévastateurs de cette pratique.
Statistiques récentes montrent que les pays qui investissent dans l’éducation des filles et dans des campagnes de sensibilisation voient une diminution significative des cas de MGF. Par exemple, en 2023, certaines communautés en Afrique de l’Est ont rapporté une réduction de 30 % des mutilations génitales féminines grâce à des efforts de sensibilisation.
Il est impératif de poursuivre les efforts collectifs, impliquant les gouvernements, les organisations non gouvernementales et les communautés locales, pour mettre fin à cette pratique inhumaine. La lutte contre les MGF est devenue un mouvement mondial, et chaque voix compte pour défendre les droits des femmes et des filles.