Le trouble factice imposé à un autre, connu sous le nom de syndrome de Munchausen par procuration, représente une forme d’abus où une personne crée une maladie chez une personne à charge, souvent un enfant, pour justifier des traitements médicaux inutiles.
Cette dynamique se manifeste généralement entre une mère et son enfant, mais peut également inclure d’autres relations.
Le terme « Syndrome de Munchausen par procuration » (MSBP) tire son origine du Baron Munchausen, une figure littéraire allemande du XVIIIe siècle, célèbre pour ses récits extravagants.
De nos jours, le terme approprié pour désigner cette condition est « trouble factice imposé à un autre » (FDIA). Lorsqu’une personne feint une maladie pour elle-même, cela est désigné comme un trouble factice imposé à soi-même (FDIS). Ce trouble est parfois appelé « maladie fabriquée » (FI).
FDIA: Un Problème de Santé Mentale
Le trouble factice est classé comme une maladie mentale. Une personne souffrant de FDIS cherche à attirer l’attention en devenant le patient, tandis que ceux qui présentent un FDIA attirent l’attention en prenant soin d’une personne malade, souvent leur enfant. Ces individus reçoivent des éloges pour leur dévouement lors des nombreuses hospitalisations de leur « patient » et utilisent cette situation pour établir des relations avec les professionnels de santé.
Le premier cas de maladie fabriquée a été documenté en 1951, et le premier cas « par procuration » a été rapporté en 1976. La prévalence de ce phénomène reste floue, en partie en raison du secret entourant ceux qui en souffrent. Des estimations suggèrent que 2 enfants sur 100 000 pourraient être touchés.
Il est important de noter que le parent ne doit pas nécessairement être la mère ; parfois, le père peut également être impliqué, et le « patient » peut être un adolescent, un adulte vulnérable, ou même une personne âgée dépendante.
Les personnes souffrant de cette maladie ont souvent des antécédents d’abus ou d’autres problèmes de santé mentale. Le comportement de l’agresseur, qui semble profondément soucieux de son proche, complique souvent la détection de la tromperie.
Pour soutenir leurs allégations concernant la maladie de l’enfant, les personnes atteintes de FDIA peuvent inventer des symptômes ou causer délibérément la maladie. Elles peuvent prétendre que l’enfant souffre de convulsions, de troubles alimentaires, de douleurs, d’allergies, ou de TDAH, alors que cela n’est pas le cas.
Dans certains cas, elles peuvent rendre l’enfant malade en lui faisant ingérer des substances nocives, en lui administrant des injections, ou en l’étouffant. Ces actes peuvent avoir des conséquences fatales.
Symptômes
Des signes de FDIA peuvent être suspectés si un enfant présente des maladies répétées et inexpliquées, ou des symptômes qui ne se manifestent qu’en présence d’un parent, surtout si ce dernier semble excessivement informé sur les traitements médicaux sans formation adéquate. Pendant les hospitalisations, le parent peut montrer une attention remarquable envers l’enfant, mais peut paraître moins préoccupé que les professionnels de santé quant à son bien-être.
L’autre parent est souvent absent dans les soins apportés à l’enfant, et la participation de ce dernier peut être réduite. Le parent impliqué parle souvent avec l’équipe médicale, cherchant à établir des liens amicaux, mais peut devenir agressif ou conflictuel en cas de remise en question.
Il arrive que ces parents encouragent des tests médicaux que d’autres parents jugeraient inutiles, allant jusqu’à solliciter des procédures douloureuses pour l’enfant.
Les dossiers médicaux peuvent indiquer que la mère a fréquemment changé de médecins ou a consulté plusieurs hôpitaux pour le traitement de son enfant.
Les Modèles d’Abus
Les cas de FDIA se classifient en six catégories d’abus, allant de moins sévères à extrêmement graves. Une personne souffrant de cette condition peut :
- Inventer des signes et des symptômes tout en falsifiant les résultats des tests pour encourager un diagnostic erroné.
- Délibérément priver l’enfant de nutriments essentiels.
- Induire des symptômes par des méthodes telles que l’application de substances irritantes sur la peau.
- Utiliser des poisons à faible toxicité, par exemple des laxatifs, pour provoquer des diarrhées.
- Recourir à des poisons plus toxiques, comme l’insuline, pour induire une hypoglycémie.
- Faire perdre connaissance à l’enfant en l’étouffant délibérément.
Les symptômes les plus fréquemment fabriqués incluent :
- Convulsions ou saisies.
- Évanouissements.
- Apnée, avec des difficultés respiratoires.
- Hyperactivité et troubles d’apprentissage.
- Asthme.
- Vomissements.
- Diarrhée.
- Allergies et éruptions cutanées.
Les enfants victimes de FDIA subissent des abus prolongés, avec des risques de dommages psychologiques graves. Les multiples hospitalisations peuvent entraîner des conséquences physiques dues à des interventions chirurgicales et à des tests inutiles.
Causes
Les causes exactes du FDIA demeurent floues, mais les experts s’accordent à dire qu’une expérience traumatique vécue par l’agresseur peut jouer un rôle significatif. Dans certains cas, le trouble peut être lié à un trouble de la personnalité.
Certains troubles de la personnalité sont souvent associés à des événements traumatiques survenus durant l’enfance. Les mères impliquées dans un FDIA peuvent avoir été victimes de négligence ou d’abus durant leur propre enfance, avoir subi des pertes tragiques, ou avoir grandi dans des environnements familiaux dysfonctionnels.
Diagnostic
Détecter un cas de FDIA s’avère particulièrement complexe, car il est extrêmement rare et les médecins s’attendent généralement à ce que les parents soient honnêtes concernant la santé de leur enfant.
Lorsqu’un médecin soupçonne un FDIA, il se tourne souvent vers un pédiatre expérimenté, qui examinera alors les preuves médicales pour déterminer si les signes et symptômes de l’enfant peuvent être expliqués médicalement.
Si l’enfant est assez âgé, le médecin peut tenter de lui parler seul, mais cela peut s’avérer délicat, car le parent reste souvent à ses côtés. L’équipe médicale vérifiera également les échantillons de sang et d’urine à la recherche de substances non révélées, telles que des médicaments non prescrits ou des toxines.
Si la suspicion se confirme, l’affaire peut être transmise aux autorités judiciaires et aux services sociaux, et l’enfant pourrait être retiré de la garde parentale pour être pris en charge par d’autres adultes, selon le niveau de risque identifié.
Traitement
Le traitement du FDIA nécessite l’intervention de deux patients : le soignant et l’enfant. Le soignant bénéficiera d’une psychothérapie intensive et d’une thérapie familiale.
La psychothérapie se concentre sur les raisons qui poussent le parent à simuler ou induire des symptômes et maladies chez l’enfant, et cherche des solutions. Cela inclut le développement de relations saines, non liées à la maladie.
La thérapie familiale aborde les tensions familiales et évalue les compétences parentales, avec pour objectif de restaurer la relation entre l’enfant et le soignant.
Les patients qui reconnaissent leur problème peuvent souvent être traités avec succès.
Récupération pour l’Enfant
Dans le cas où un FDIA est établi, une équipe médicale mettra tout en œuvre pour rétablir l’enfant, et un suivi psychologique à long terme sera souvent nécessaire pour l’aider à surmonter le traumatisme et le stress causés par l’abus.
Peu de recherches approfondies existent concernant le devenir des victimes après de telles expériences, mais des études indiquent que ces enfants peuvent souffrir de retards de développement, de problèmes de comportement et d’anxiété. Des troubles de l’attention ont également été notés.
L’enfant peut avoir raté une partie de sa scolarité en raison de ses nombreuses hospitalisations et peut continuer à croire qu’il est réellement malade, nécessitant une aide psychiatrique à l’âge adulte.
Une étude de 1995 portant sur 10 adultes dont la mère avait un AFD a révélé qu’ils se sentaient mal aimés et en danger durant leur enfance, et qu’ils souffraient de problèmes émotionnels et physiques. À l’âge adulte, ils éprouvaient de l’insécurité et des symptômes de stress post-traumatique. Certains évitaient même les soins médicaux.
Selon un expert, ces personnes auront besoin de « nombreuses années de thérapie et de soutien ». De plus, des forums de discussion en ligne existent pour ceux qui ont vécu cette expérience durant leur enfance.
Recherches Récentes sur le FDIA
Les recherches récentes sur le syndrome de Munchausen par procuration mettent en lumière des données alarmantes. Une étude récente a révélé que la prévalence des cas de FDIA pourrait être sous-estimée, en raison de la difficulté à diagnostiquer ce trouble dans des contextes médicaux complexes. Les chercheurs suggèrent que la sensibilisation des professionnels de santé est cruciale pour identifier les symptômes plus rapidement.
Des enquêtes récentes montrent également que les enfants souffrant de FDIA ont souvent des expériences de soins médicaux prolongées, ce qui peut entraîner des complications psychologiques à long terme. Une étude de 2023 a démontré que près de 40 % des enfants ayant subi un FDIA développent des troubles de l’anxiété ou des troubles de l’humeur au cours des années suivantes.
En outre, l’utilisation croissante des réseaux sociaux et des forums en ligne a permis à certains soignants d’échanger des informations sur la manière de manipuler le système médical, ce qui représente un défi supplémentaire pour les professionnels de santé. Les experts appellent à une meilleure formation des médecins sur ce sujet afin de prévenir et de traiter efficacement les cas de FDIA.