Comprendre le Comportement de Stimulation chez les Autistes

Les mouvements corporels répétitifs ou les manipulations d’objets sont désignés sous le terme de comportement auto-stimulant, souvent abrégé en « stimming ». Ce phénomène est particulièrement observé chez les individus autistes ainsi que chez ceux présentant d’autres troubles du développement.

Les personnes peuvent ressentir le besoin de se stimuler lorsqu’elles éprouvent de l’anxiété, adoptant des comportements tels que se ronger les ongles, faire tourner leurs cheveux ou taper des pieds et des doigts.

Dans cet article, nous explorerons les raisons derrière le stimming, les différents types de comportements associés, et les solutions possibles lorsque ces comportements affectent la vie quotidienne d’un individu.

Qu’est-ce que le stimming ?

Homme en costume d'affaires jouant avec une bande élastique autour du doigt.

Le stimming, également connu sous le nom de stéréotypie, englobe des mouvements corporels répétitifs ou des interactions répétées avec des objets. Ce comportement est fréquent parmi les personnes autistes ainsi que celles ayant des déficiences ou des difficultés de développement.

Le stimming peut engager tous les sens, y compris la vue, l’ouïe, l’odorat, le toucher, le goût, le mouvement et l’équilibre.

Causes de la stimulation

La compréhension des raisons pour lesquelles le stimming se manifeste reste incomplète. Des recherches récentes indiquent que ces comportements pourraient activer le système nerveux et induire une sensation de plaisir grâce à des substances chimiques libérées dans le cerveau, comme les bêta-endorphines.

Les bêta-endorphines présentes dans le système nerveux central sont liées à la production de dopamine, une molécule associée au plaisir et à la récompense.

Certaines théories suggèrent que le stimming pourrait compenser un déficit de sensibilité en stimulant le système sensoriel, tandis que d’autres postulent qu’il agit comme un mécanisme apaisant, permettant à l’individu de faire face à des situations accablantes.

Pour les personnes autistes, le stimming peut apporter un confort émotionnel, et ces comportements varient en intensité et en type, souvent en réponse à diverses émotions.

Les enfants et les adultes autistes peuvent s’engager dans des comportements de stimming de manière sporadique ou continue, en réponse à des émotions telles que l’excitation, la joie, l’ennui, le stress, la peur ou l’anxiété, et même lors de moments de surcharge sensorielle.

Types de stimulation

Voici quelques exemples de comportements de stimming :

Stimulation auditive

La stimulation auditive implique le sens de l’ouïe et peut inclure des comportements tels que :

  • produire des sons vocaux, comme des bourdonnements, des grognements ou des cris aigus
  • tapoter sur des objets ou couvrir et découvrir ses oreilles
  • répéter des paroles de chansons, des phrases de livres ou des dialogues de films

Stimulation tactile

La stimulation tactile fait référence à l’utilisation du sens du toucher et peut inclure :

  • se frotter la peau ou gratter avec les mains ou des objets
  • manipuler les mains, comme ouvrir et fermer les poings
  • tapoter des surfaces

Stimulation visuelle

La stimulation visuelle fait appel au sens de la vue et peut se manifester par :

  • regarder des objets en mouvement, tels que des ventilateurs ou des lumières
  • clignoter de manière répétitive ou allumer et éteindre des lumières
  • bouger les doigts devant les yeux
  • faire des mouvements de mains
  • suivre des objets du regard ou observer avec le coin de l’œil
  • aligner des objets

Stimulation vestibulaire

La stimulation vestibulaire implique le sens du mouvement et de l’équilibre, avec des comportements tels que :

  • bascule d’avant en arrière ou d’un côté à l’autre
  • tourner sur soi-même
  • sauter
  • établir un rythme avec le corps

Stimulation olfactive ou gustative

La stimulation olfactive et gustative fait appel aux sens de l’odorat et du goût, et peut comprendre :

  • renifler ou sentir des personnes ou des objets
  • lécher des surfaces
  • déguster des objets en les plaçant dans la bouche

D’autres comportements répétitifs peuvent également être considérés comme du stimming, et il est conseillé d’en discuter avec un professionnel de santé, certains d’entre eux pouvant être dangereux.

Les complications du stimming

Bien que le stimming ne soit généralement pas considéré comme dangereux, il peut avoir des répercussions physiques, émotionnelles ou sociales négatives pour certaines personnes.

Dans certains cas, le stimming peut inclure des comportements à risque, comme se frapper les mains ou la tête, qui peuvent nuire à la santé.

Parfois, ces comportements ne sont pas simplement du stimming, mais plutôt une forme de communication non verbale. Si un individu manifeste de tels comportements, il est judicieux de consulter un médecin.

Pour certains enfants et adultes, le stimming peut perturber leur concentration, leurs capacités d’apprentissage et leurs interactions sociales.

Malheureusement, le manque de compréhension des mécanismes du stimming chez les personnes autistes peut engendrer des malentendus, et ces comportements peuvent être perçus comme perturbants ou menaçants.

Cela peut parfois conduire à l’isolement social des personnes autistes.

Options de traitement et conseils

Adolescente en thérapie avec une conseillère, cherchant du soutien.

Le stimming est un comportement que les personnes autistes adoptent comme mécanisme d’adaptation face à des émotions spécifiques.

On pense que le stimming procure une sensation agréable, et l’éliminer brusquement pourrait entraîner des effets indésirables, ce qui n’est pas recommandé.

Pour réduire l’intensité et la fréquence du stimming, ou même pour arrêter ces comportements, les experts suggèrent de les remplacer progressivement par d’autres comportements plus sûrs et socialement acceptables.

Ces comportements de substitution devraient offrir une expérience similaire de plaisir ou de détente.

Voici quelques exemples :

  • placer les mains dans les poches ou tapoter légèrement les doigts au lieu de battre des mains
  • mâcher un objet en caoutchouc sûr plutôt que de mordre les doigts ou les bras

Il existe d’autres stratégies pour gérer ou réduire les comportements de stimming, notamment :

Utilisation de médicaments

Certains médicaments prescrits aux personnes autistes peuvent diminuer les comportements de stimming.

Cependant, ces médicaments peuvent avoir des effets secondaires, et il est essentiel de discuter des risques et des bénéfices avec un médecin.

La manière dont ces traitements influencent le stimming n’est pas entièrement comprise, mais les experts pensent qu’ils peuvent moduler l’excitation ou diminuer l’activité motrice.

Thérapie professionnelle et comportementale

Des thérapies comportementales ou occupationnelles peuvent aider les personnes autistes à réduire ou à arrêter les comportements de stimming. L’analyse comportementale appliquée (ABA) est une méthode de traitement de l’autisme qui repose sur un système de récompense.

Dans certains cas, l’ergothérapie peut s’avérer bénéfique. Elle vise à développer des réponses appropriées aux stimuli sensoriels, comme les sons et les images.

Consulter un professionnel de santé qualifié est crucial pour déterminer les recommandations les plus adaptées.

Modification de l’environnement et pratique

Personne pressant une balle de stress pour se détendre.

Si un déclencheur connu provoque ou aggrave les comportements de stimming, il peut être bénéfique d’essayer de modifier ou d’éliminer cette source de stress.

Par exemple, si les foules provoquent de l’anxiété chez une personne, il peut être préférable d’éviter les environnements surpeuplés lorsque cela est possible.

S’il est impossible de supprimer complètement le stimming, il peut être judicieux de réorienter l’activité vers quelque chose de plus approprié.

Ainsi, si un enfant bat des mains lorsqu’il est stressé, il serait plus adapté de l’encourager à utiliser une balle anti-stress ou un jouet mou plutôt que de gesticuler.

Il est également possible d’encourager la personne à pratiquer ce comportement répétitif uniquement dans un environnement sûr, comme chez elle ou chez un proche.

Avec les avancées des thérapies pour l’autisme, les familles ne sont plus seules face à ces défis. Consulter un médecin ou un professionnel de santé peut aider à identifier la meilleure approche pour gérer le stimming.

Perspectives de recherche récentes

Les recherches en 2024 mettent en lumière l’importance croissante de comprendre le stimming dans le cadre de l’autisme. Des études récentes ont montré que le stimming peut avoir un impact positif sur la régulation émotionnelle, suggérant des interventions qui non seulement reconnaissent mais aussi valorisent ces comportements comme des outils d’adaptation.

Une étude menée par l’Université de Stanford a révélé que des approches basées sur la pleine conscience peuvent réduire l’anxiété tout en permettant aux individus de s’engager dans des comportements de stimming, renforçant ainsi l’idée que ces comportements ne devraient pas être simplement supprimés, mais intégrés dans des stratégies de gestion du stress.

De plus, des statistiques indiquent que près de 80% des personnes autistes ressentent une forme de stimming, soulignant la nécessité d’une approche individualisée qui prend en compte les besoins spécifiques de chacun. Les chercheurs continuent d’explorer comment le stimming peut être non seulement un défi, mais aussi une source de force et de résilience pour les personnes autistes.

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