L’entérocoque faecalis est un type de bactérie généralement présent dans l’intestin humain. On peut également le retrouver, dans certains cas, dans la bouche ou les voies vaginales. Chez les personnes en bonne santé, sa présence en quantités normales ne pose généralement pas de problème. Cependant, lorsqu’il se propage à d’autres parties du corps, il peut entraîner des infections potentiellement mortelles. Les individus hospitalisés ou ceux souffrant de problèmes de santé sous-jacents sont particulièrement à risque de développer une infection.
Bien qu’il existe plus de 17 espèces d’entérocoques, seules deux sont couramment observées chez l’homme. Cet article se concentre sur l’entérocoque faecalis, ses infections associées, ses modes de transmission et les options de traitement disponibles.
Qu’est-ce que l’entérocoque faecalis ?
Jusqu’en 1984, l’entérocoque faecalis était classé comme un organisme du genre Streptococcus. Selon les Centers for Disease Control (CDC), cette bactérie est responsable d’environ 80 % des cas d’infection humaine liés à des entérocoques. Elle peut infecter les individus lorsque la bactérie pénètre dans le sang, les plaies ou l’urine. Les personnes dont le système immunitaire est affaibli sont particulièrement vulnérables, notamment celles qui :
- ont une immunité réduite due à une maladie ou à une intervention chirurgicale
- reçoivent un traitement contre le cancer
- sont en dialyse
- bénéficient d’une greffe d’organe
- ont le VIH ou le SIDA
- ont subi un traitement de canal radiculaire
Les patients hospitalisés sont particulièrement exposés au risque d’infection, car ils présentent souvent une immunité réduite. L’utilisation fréquente de dispositifs tels que les cathéters intravasculaires et urinaires contribue également à la propagation de ces infections, car ces instruments peuvent abriter les bactéries.
L’entérocoque faecalis est considéré comme l’une des trois principales causes d’infections nosocomiales, ce qui montre son importance dans le cadre des soins de santé.
Infections associées
L’entérocoque faecalis est responsable d’une variété d’infections chez l’homme, dont certaines peuvent être mortelles. Les types d’infections causées par cette bactérie incluent :
- bactériémie, c’est-à-dire la présence de bactéries dans le sang
- infections abdominales et pelviennes
- infections des voies urinaires
- infections buccales, en particulier après des traitements de canal radiculaire
- septicémie, ou empoisonnement du sang
- infections des plaies
- endocardite, une infection de la muqueuse du cœur
- méningite, une forme rare mais grave d’infection des membranes entourant le cerveau et la moelle épinière
Les symptômes d’une infection dépendent de son emplacement et peuvent inclure :
- fatigue
- difficultés lors de la miction
- crampes abdominales
- vomissements
Résistance aux antibiotiques
L’entérocoque faecalis possède des mécanismes de résistance aux antibiotiques, ce qui en fait l’un des types de bactéries les plus résistants. Ces bactéries peuvent tolérer une variété de conditions, survivant dans des températures extrêmes et des environnements acides ou alcalins.
La résistance aux antibiotiques est due à plusieurs facteurs :
- Formation de biofilm : Les bactéries peuvent s’agréger pour former un biofilm, une couche protectrice qui les aide à adhérer aux surfaces.
- Besoins nutritionnels : Ces bactéries peuvent se nourrir de sérum sanguin, leur permettant de survivre sans source nutritionnelle externe pendant de longues périodes.
- Protéines liant la pénicilline (PBP) : Ces protéines confèrent une résistance naturelle à la pénicilline, inhibant son effet sans détruire les cellules bactériennes.
- Absorption de l’acide folique : Contrairement à la plupart des bactéries, l’entérocoque faecalis peut absorber l’acide folique de son environnement, rendant certains traitements antibiotiques moins efficaces.
Transmission et prévention
L’entérocoque faecalis se transmet principalement par un manque d’hygiène. Étant donné qu’il est naturellement présent dans le tractus gastro-intestinal, il se retrouve dans les matières fécales. Un mauvais nettoyage des surfaces ou le fait de ne pas se laver les mains après être allé aux toilettes peuvent augmenter le risque de transmission.
Des objets quotidiens tels que les téléphones, les poignées de porte, les serviettes et les savons peuvent également être des vecteurs de transmission.
Dans les hôpitaux, la transmission peut se produire si le personnel de santé ne pratique pas une bonne hygiène des mains entre les patients. Les dispositifs médicaux, tels que les cathéters, peuvent également être des sources d’infection si ils ne sont pas nettoyés correctement.
Prévention de l’infection
Pour réduire le risque d’infection, il est crucial d’adopter de bonnes pratiques d’hygiène, particulièrement en milieu hospitalier. Les mesures préventives comprennent :
- se laver soigneusement les mains, en insistant sur les doigts et les pouces, après être allé aux toilettes
- se laver les mains avant de manger ou de boire
- s’assurer que les professionnels de santé se lavent les mains avant de manipuler des dispositifs médicaux
- éviter le partage d’articles d’hygiène personnelle
- éviter de s’asseoir sur les lits d’autres patients
- nettoyer régulièrement les surfaces communes, y compris les poignées de porte et les télécommandes
- encourager le lavage fréquent des mains parmi le personnel médical et les visiteurs
Traitement
En raison de sa résistance aux antibiotiques, traiter une infection causée par l’entérocoque faecalis représente un défi pour les professionnels de santé. Avant de commencer le traitement, des échantillons de bactéries sont souvent prélevés pour évaluer leur sensibilité à différents antibiotiques comme l’ampicilline, la pénicilline et la vancomycine.
Une infection non compliquée peut généralement être traitée avec un seul antibiotique, l’ampicilline étant le médicament de choix en l’absence de résistance. D’autres options de traitement incluent :
- ampicilline avec sulbactam
- daptomycine
- linezolid
- nitrofurantoïne
- tigécycline
- vancomycine
Les infections plus graves, telles que la septicémie ou l’endocardite, peuvent nécessiter une combinaison d’agents antibiotiques ciblant la paroi cellulaire et les aminoglycosides, comme la gentamicine et la streptomycine. Le traitement peut alors s’étendre sur plusieurs semaines, selon la gravité de l’infection.
Perspectives et recherches récentes
Les infections à entérocoques surviennent fréquemment chez des patients déjà affaiblis. Cela complique souvent la détermination de la réelle contribution de l’infection bactérienne à la morbidité ou à la mortalité. Des recherches récentes indiquent que le pronostic des patients infectés dépend davantage de leur état de santé général que de la présence de souches spécifiques de bactéries.
D’autres études ont révélé que les patients présentant des infections dues à des souches résistantes à la vancomycine avaient des taux de mortalité plus élevés que ceux infectés par des souches sensibles. En effet, les infections causées par des bactéries résistantes aux antibiotiques prolongent souvent les séjours à l’hôpital, augmentent les coûts des soins de santé et accroissent les risques de mortalité comparativement aux infections dues à des souches sensibles.
Pour conclure, l’adoption de bonnes pratiques d’hygiène reste la meilleure méthode pour prévenir la transmission de l’entérocoque faecalis et ses infections associées, en particulier dans les environnements de soins de santé.
En 2024, il est crucial de continuer à suivre les évolutions de la recherche sur cette bactérie, notamment en matière de résistance aux traitements et de nouvelles stratégies de prévention.