Le trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité (TDAH) est une affection qui touche des millions d’enfants et qui persiste souvent jusqu’à l’âge adulte. Les enfants atteints de TDAH éprouvent des difficultés à se concentrer et présentent souvent des comportements hyperactifs et impulsifs, ce qui peut affecter leurs relations avec leur famille, leurs amis et leurs enseignants.
À quel âge peut-on observer les premiers symptômes du TDAH chez les nourrissons et les tout-petits? Et existe-t-il des interventions précoces pour traiter ce trouble?
Quel âge ont les enfants diagnostiqués avec le TDAH?
Selon les Centers for Disease Control and Prevention (CDC), environ 6,4 millions d’enfants âgés de 4 à 17 ans sont diagnostiqués avec le TDAH aux États-Unis. La plupart des enfants concernés reçoivent ce diagnostic durant leur scolarité primaire, avec un âge moyen de diagnostic fixé à 7 ans. Les enfants présentant un TDAH léger sont souvent diagnostiqués vers 8 ans, tandis que ceux ayant un TDAH sévère peuvent être diagnostiqués dès 5 ans.
En 2011, l’American Academy of Pediatrics (AAP) a élargi ses lignes directrices pour le diagnostic et le traitement du TDAH afin d’inclure les enfants d’âge préscolaire et les adolescents de 4 à 18 ans. Cependant, il n’existe pas de directives cliniques spécifiques pour le diagnostic des enfants de moins de 4 ans.
Y a-t-il des preuves que le TDAH peut être diagnostiqué chez les tout-petits?
Bien que les recommandations de l’AAP ne traitent pas du diagnostic du TDAH chez les enfants de 3 ans et moins, des études suggèrent que des diagnostics et traitements peuvent être effectués chez les tout-petits. Les facteurs de risque qui peuvent indiquer un TDAH chez cette tranche d’âge incluent :
- Des antécédents génétiques
- Une exposition prénatale à des substances nocives (drogues, alcool, tabac)
- Un faible poids à la naissance ou une naissance prématurée
- Des complications neurologiques pendant les périodes critiques de développement
Des recherches ont identifié divers indicateurs précoces du TDAH. Il est crucial de noter qu’un enfant présentant certains des signes énumérés ne souffre pas nécessairement de TDAH :
- Diminution de la croissance de la tête
- Retards dans le développement moteur, de la parole et du langage
- Difficultés comportementales
Une étude a révélé qu’un tiers des enfants atteints de TDAH montrent des retards de développement du langage à 9 mois, et deux tiers présentent des retards de langage à 18 mois. Certains chercheurs affirment qu’un diagnostic fiable du TDAH peut être établi dès l’âge de 3 ans à l’aide d’évaluations approfondies. Une étude a également montré que les mères signalaient des symptômes de TDAH chez deux tiers des enfants avant l’âge de 4 ans.
Bien qu’il n’existe pas de critères formels pour diagnostiquer le TDAH chez les tout-petits, les recherches indiquent que les enfants de 3 ans présentant des symptômes sont susceptibles de répondre aux critères diagnostiques avant l’âge de 13 ans. D’après l’Enquête nationale sur la santé des enfants de 2010-2011, environ 194 000 enfants de 2 à 5 ans ont reçu un diagnostic de TDAH.
Les premiers signes et symptômes du TDAH chez les tout-petits
Identifier les symptômes du TDAH chez les enfants de moins de 4 ans peut s’avérer compliqué. À cet âge, les enfants évoluent rapidement et ne sont pas toujours capables de présenter les comportements décrits dans le Manuel diagnostique et statistique (DSM-V) pour le TDAH. Les enfants très actifs, même s’ils n’ont pas de TDAH, peuvent se concentrer lorsqu’il s’agit d’histoires ou de livres d’images, et sont capables de réaliser des puzzles ou de jouer avec des jouets.
En revanche, les enfants atteints de TDAH éprouvent souvent des difficultés à accomplir ces activités. Ils peuvent adopter des comportements extrêmes qui perturbent les activités et les relations, et ces comportements doivent se manifester durant au moins 6 mois dans plus d’un environnement, comme à la maison et à la crèche.
Les tout-petits atteints de TDAH peuvent :
- Être constamment agités
- Courtiser, grimper ou sauter partout
- Avoir l’air « en mouvement » en permanence
- Parler sans interruption
- Avoir des difficultés à se concentrer ou à écouter longtemps
- Être incapables de s’installer, de faire la sieste ou de rester assis pendant les repas
Cependant, certains enfants atteints de TDAH peuvent se concentrer sur des activités qui les intéressent particulièrement, comme des jouets spécifiques. La durée d’attention, l’impulsivité, les accès de colère, et des niveaux d’activité élevés sont normaux à différents stades de développement. Si un parent ou un soignant suspecte que son tout-petit manifeste un comportement excessif, il est important d’en discuter avec un médecin.
Diagnostic du TDAH chez les tout-petits
Actuellement, il n’existe pas de lignes directrices spécifiques pour diagnostiquer le TDAH chez les tout-petits. Cependant, les recommandations stipulent qu’un médecin doit évaluer tout enfant âgé de 4 à 18 ans présentant des problèmes de comportement et des symptômes de TDAH, tels que l’inattention, l’hyperactivité ou l’impulsivité.
Pour diagnostiquer le TDAH, un médecin peut :
- Effectuer un examen médical complet
- Analyser les antécédents médicaux personnels et familiaux, ainsi que les dossiers scolaires
- Demander des questionnaires à la famille, aux enseignants, aux baby-sitters et aux entraîneurs
- Comparer les symptômes et les comportements avec les critères du TDAH et les échelles d’évaluation
Diagnostiquer le TDAH chez les jeunes enfants peut être difficile. Des retards de développement, comme ceux liés au langage, peuvent être confondus avec un TDAH. D’autres conditions médicales peuvent également provoquer des symptômes similaires, notamment :
- Traumatismes crâniens
- Problèmes d’apprentissage ou de langage
- Troubles de l’humeur, tels que la dépression et l’anxiété
- Autres troubles psychiatriques
- Troubles épileptiques
- Problèmes de sommeil
- Problèmes thyroïdiens
- Problèmes de vision ou d’audition
Les enfants d’âge préscolaire ou les jeunes qui montrent des symptômes du TDAH doivent être évalués par un spécialiste tel qu’un orthophoniste, un pédiatre du développement, un psychologue ou un psychiatre pour établir un diagnostic fiable.
Traitements pour le TDAH chez les tout-petits
Actuellement, il n’existe pas de directives spécifiques pour le traitement du TDAH chez les tout-petits.
Pour les enfants d’âge préscolaire de 4 à 5 ans, plusieurs traitements peuvent être envisagés. La thérapie comportementale est une option fondée sur des données probantes, généralement mise en œuvre par les parents ou les enseignants.
Le méthylphénidate est un autre traitement possible. Si la thérapie comportementale ne suffit pas à améliorer significativement les symptômes ou si ceux-ci demeurent modérés à sévères, cette option devrait être envisagée. Si un médicament est prescrit, un médecin surveillera l’enfant et ajustera la posologie pour maximiser les bénéfices tout en minimisant les effets secondaires.
Bien que le méthylphénidate soit recommandé comme deuxième ligne de traitement après la thérapie comportementale, la Food and Drug Administration (FDA) n’a pas approuvé son utilisation chez les enfants de moins de 6 ans, car des études sont encore nécessaires pour évaluer son efficacité dans ce groupe d’âge.
Certaines recherches indiquent que les médicaments stimulants peuvent influencer la croissance des enfants, tandis que d’autres études ne montrent pas d’effet significatif. Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour mieux comprendre ces effets.
Les parents ont signalé divers effets secondaires associés à ces médicaments, notamment des pertes de poids, des troubles du sommeil, une diminution de l’appétit, des accès émotionnels et de l’anxiété.
Traitement précoce pour les tout-petits
Un rapport présenté par un responsable des CDC lors du Georgia Mental Health Forum en 2014 a indiqué que plus de 10 000 jeunes enfants, âgés de 2 à 3 ans, pourraient être traités pour le TDAH en dehors des recommandations établies.
Des données recueillies par la Commission des citoyens sur les droits de la personne estiment que ce chiffre pourrait être encore plus élevé. En plus des 10 000 tout-petits sous traitement, il y aurait :
- 318 997 enfants sous médicaments anti-anxiété
- 46 102 enfants sous antidépresseurs
- 3 760 enfants sous antipsychotiques
Les mêmes recherches ont également révélé que parmi les bébés âgés de 0 à 1 an :
- 249 669 prennent des médicaments anti-anxiété
- 24 406 prennent des antidépresseurs
- 1 422 prennent des médicaments pour le TDAH
- 654 prennent des antipsychotiques
Il n’y a pas de directives claires pour le traitement des tout-petits ou des bébés atteints de TDAH. Toutefois, si les recommandations pour les enfants d’âge préscolaire étaient suivies, la thérapie comportementale serait généralement la première option explorée.
Les données ci-dessus suggèrent que les jeunes enfants peuvent être surmédicamentés. Les chiffres de l’AAP indiquent qu’un enfant d’âge préscolaire sur deux ne reçoit aucune thérapie comportementale, tandis qu’un sur quatre est uniquement traité par des médicaments.
L’AAP souligne que les médecins doivent peser les risques associés à un traitement médicamenteux précoce avec le risque de retarder le diagnostic et le traitement approprié.
Perspective
Le diagnostic du TDAH chez les enfants de moins de 4 ou 5 ans peut être un véritable défi. Si des parents ou des soignants suspectent que leur enfant pourrait souffrir de TDAH, il est essentiel de consulter un médecin.
Un médecin procédera d’abord à une exclusion d’autres conditions possibles. Si, après une évaluation approfondie, un diagnostic de TDAH est posé, le médecin fournira des conseils, un soutien et des informations sur la thérapie comportementale. Avec un traitement approprié, les symptômes du TDAH peuvent être gérés de manière efficace.
Recherches Récentes et Perspectives pour 2024
Les recherches sur le TDAH continuent d’évoluer, et il est crucial de rester informé des dernières découvertes. En 2024, de nouvelles études mettent en lumière l’importance de la détection précoce et de l’intervention personnalisée pour les jeunes enfants. Des approches intégratives, qui combinent thérapie comportementale et interventions familiales, montrent des résultats prometteurs dans l’amélioration des symptômes.
Des études récentes soulignent également le rôle de l’environnement familial et éducatif dans la gestion du TDAH. Un soutien adéquat à la maison et à l’école peut grandement contribuer à atténuer l’impact du TDAH sur le développement de l’enfant. Par ailleurs, la sensibilisation et la formation des éducateurs et des parents sont essentielles pour reconnaître les signes précoces et intervenir efficacement.
Enfin, la recherche continue d’explorer les impacts des traitements pharmacologiques à long terme et l’importance d’une approche holistique qui considère à la fois les aspects médicaux, psychologiques et sociaux du TDAH. Ces avancées sont essentielles pour améliorer la qualité de vie des enfants atteints de TDAH et de leurs familles.