Une nouvelle étude examine les effets d’un régime cétogène riche en graisses et faible en glucides sur les rongeurs et les humains, et suggère qu’il peut soulager les symptômes de la goutte.
La goutte est une maladie rhumatismale qui affecte plus de 8 millions de personnes aux États-Unis. Elle est causée soit par une production excessive, soit par une excrétion insuffisante de l’acide urique. Dans la goutte, les cristaux d’acide urique sédimentent dans les tissus et les fluides, déclenchant les cellules immunitaires de l’organisme. Cela entraîne une douleur invalidante, une inflammation et de la fièvre.
Ces épisodes de réactivation des cellules immunitaires, également connus sous le nom de poussées, sont déclenchés par un complexe protéique appelé l’inflammasome NLRP3.
Une recherche récente menée par Vishwa Deep Dixit, professeur de médecine comparée et d’immunobiologie à la Yale School of Medicine à New Haven, CT, suggère que le régime cétogène pourrait être une aide précieuse pour soulager les symptômes de la goutte.
Un régime cétogène, qui est faible en glucides et riche en graisses, est souvent utilisé pour perdre du poids. Il agit en induisant une «cétose physiologique» dans le corps – un état métabolique où les réserves de glucose deviennent insuffisantes pour alimenter le système nerveux central.
Dans cette situation, le corps se tourne vers les graisses, que le foie convertit en acides gras et en corps cétoniques.
La nouvelle étude, publiée dans un journal de renom, met en lumière que l’un de ces corps cétoniques, le bêta-hydroxybutyrate (BHB), pourrait atténuer les symptômes de la goutte induite par les cristaux d’urate.
Le Régime Cétogène Augmente le BHB et Protège Contre l’Inflammation Liée à la Goutte
L’équipe de recherche a développé un modèle novateur d’éruptions de goutte chez les rongeurs.
Ces éruptions, comme l’expliquent les chercheurs, sont déclenchées par l’inflammasome NLRP3. À l’aide de neutrophiles, le type de globules blancs le plus courant, NLRP3 active la cytokine pro-inflammatoire IL-1B, entraînant des épisodes de douleur intense, de fièvre et de destruction articulaire.
Dans le modèle animal, les chercheurs ont induit la goutte en injectant 1,25 milligrammes d’urate monosodique dans les genoux des rats. Ils ont mesuré l’épaisseur du genou et effectué des analyses pathologiques sur les ligaments et les ménisques.
Les rongeurs ont été placés dans un environnement stérile et nourris avec un régime cétogène pendant une semaine avant le début des expériences. Les scientifiques ont mesuré les niveaux de BHB dans le sang de ces animaux.
En parallèle, des sujets humains ont également été étudiés. L’équipe a recruté des adultes en bonne santé, sans traitement stéroïdien, âgés de 18 à 45 ans, ainsi que des participants de 65 ans et plus. Ces derniers n’étaient pas à jeun lors du prélèvement sanguin.
Dixit et ses collègues ont effectué des analyses statistiques et répété toutes les expériences au moins deux fois pour garantir la fiabilité des résultats.
Les résultats ont montré qu’un régime cétogène augmentait les taux de BHB, inhibant ainsi l’inflammasome NLRP3. En conséquence, les symptômes de la goutte induite par les cristaux d’urate ont été atténués, sans impact négatif sur le système immunitaire ou sa capacité à se défendre contre les infections bactériennes.
De plus, le BHB a bloqué l’IL-1B dans les neutrophiles des souris et des humains, quel que soit leur âge. Dixit et ses collègues concluent que :
« Collectivement, nos études montrent que le BHB, un carburant métabolique alternatif bien connu, est également une molécule anti-inflammatoire qui pourrait servir de traitement pour la goutte. »
Emily Goldberg, co-auteur de l’étude, chercheur associé et vétérinaire clinique en médecine comparée, a commenté ces résultats :
« Dans les neutrophiles isolés, [le BHB] a complètement bloqué l’activation de l’inflammasome NLRP3, même à de faibles concentrations physiologiquement réalisables par des modifications diététiques. »
Elle suggère également que cibler l’inflammasome NLRP3 pour réduire l’inflammation lors d’une poussée pourrait améliorer les symptômes des patients atteints de goutte. Cependant, elle admet que davantage d’études sont nécessaires pour tester cette hypothèse.
En conclusion, il est intéressant d’apprendre comment les poussées de goutte peuvent être gérées par des ajustements diététiques, et le régime cétogène pourrait représenter une option prometteuse dans cette démarche.
Nouveaux Horizons de Recherche
À l’horizon 2024, les chercheurs s’engagent à explorer plus en profondeur l’impact du régime cétogène sur la goutte. Des études supplémentaires sont prévues pour examiner les mécanismes sous-jacents à l’action du BHB et son interaction avec d’autres voies métaboliques. De nouvelles données pourraient également éclairer sur les populations spécifiques qui bénéficieraient le plus de cette approche diététique.
Des essais cliniques contrôlés randomisés sont nécessaires pour valider ces résultats, en se concentrant sur l’effet à long terme d’un régime cétogène sur la fréquence et l’intensité des attaques de goutte. Les recherches futures pourraient également explorer les combinaisons de traitements diététiques et pharmacologiques, offrant ainsi des solutions intégrées pour les patients souffrant de cette maladie complexe.
En somme, le régime cétogène pourrait bien ouvrir la voie à de nouvelles stratégies de prise en charge de la goutte, offrant un espoir aux millions de personnes affectées par cette affection douloureuse.