Selon une nouvelle étude menée par l’Université du Maryland à College Park, il suffirait de respirer – sans tousser ou éternuer – pour qu’une personne atteinte de la grippe répande le virus.
«Les personnes atteintes de grippe», explique l’auteur principal Donald K. Milton, professeur de santé environnementale à l’Université du Maryland, «génèrent des aérosols infectieux (minuscules gouttelettes qui restent en suspension dans l’air pendant longtemps) même lorsqu’elles ne toussent pas, surtout pendant les premiers jours de la maladie.»
La croyance commune est que la grippe se propage principalement par la toux et les éternuements des personnes infectées, ainsi que par les surfaces touchées contaminées par le virus.
Cependant, la nouvelle étude révèle que les personnes atteintes de la grippe peuvent excréter le virus infectieux dans l’air autour d’elles simplement en respirant.
« Donc, » insiste le professeur Milton, « quand quelqu’un commence à tomber malade de la grippe, il est préférable de rentrer chez soi et de ne pas rester au travail pour ne pas infecter les autres. »
Lui et ses collègues rapportent leurs conclusions dans le cadre d’une recherche approfondie.
La grippe saisonnière varie largement
La grippe, ou influenza, est une maladie respiratoire infectieuse causée par des virus. La gravité de la maladie peut varier de légère à sévère et peut entraîner hospitalisation, voire décès.
Les personnes à risque élevé de complications graves dues à la grippe comprennent les jeunes enfants, les personnes âgées, les femmes enceintes et celles souffrant de certaines maladies, telles que le cancer, le VIH/sida, les maladies cardiaques, les antécédents d’AVC, l’asthme et le diabète.
Le fardeau de la grippe saisonnière aux États-Unis varie considérablement d’une année à l’autre, selon les virus en circulation, la période de début et de fin de la saison, l’efficacité du vaccin et le taux de vaccination.
Depuis 2010, le nombre de personnes ayant contracté la grippe chaque année aux États-Unis varie de 9,2 millions à 35,6 millions ; le nombre d’hospitalisés a fluctué entre 140 000 et 710 000, et le nombre de décès se situe entre 12 000 et 56 000.
Les Centres de prévention et de contrôle des maladies (CDC) recommandent que toute personne âgée de 6 mois et plus aux États-Unis reçoive un vaccin contre la grippe chaque année pour prévenir la propagation de la grippe saisonnière.
Dans la nouvelle étude, les chercheurs ont évalué le virus de la grippe chez 142 personnes dont la grippe avait été confirmée. Ils ont prélevé des échantillons de chaque participant au cours des trois premiers jours suivant l’apparition de leurs symptômes.
La grippe se propage sans tousser ni éternuer
Au total, l’équipe de recherche a pu utiliser des données viables provenant de 218 échantillons d’haleine expirée et de 218 «écouvillonnages nasopharyngés», où les échantillons sont prélevés par le nez ou l’arrière du nez et de la gorge. Les échantillons d’haleine expirée comprenaient des prélèvements réalisés lors de la respiration naturelle, de la toux spontanée et des éternuements.
Pour recueillir les échantillons d’air exhalé, les chercheurs ont invité les participants à respirer normalement dans un échantillonneur en aérosol en forme de cône pendant 30 minutes, tout en récitant l’alphabet une fois à 5, 15 et 25 minutes. Ils ont recueilli deux types d’échantillons d’aérosols : grossiers et fins.
Sur les 23 échantillons d’aérosols fins recueillis lors d’une respiration normale sans toux, l’analyse a montré que 11 échantillons – soit presque la moitié – contenaient des traces détectables d’ARN viral, dont huit avec un virus infectieux. Cela suggère que la respiration normale est un contributeur considérable à l’excrétion aérosol du virus de la grippe par le souffle expiré.
De plus, les participants n’ont pas éternué fréquemment et, lorsqu’ils l’ont fait, les éternuements n’étaient pas particulièrement associés à une plus grande présence d’ARN viral, que ce soit dans des échantillons d’aérosols grossiers ou fins. Ceci indique que l’éternuement n’est pas un facteur majeur dans l’excrétion d’aérosol du virus de la grippe par la respiration expirée.
À partir de ces résultats, les chercheurs concluent que «l’éternuement est rare et n’est pas essentiel pour – et que la toux n’est pas nécessaire pour – l’aérosolisation du virus de la grippe».
«Nous avons constaté que les cas de grippe contaminaient l’air autour d’eux par un virus infectieux, simplement en respirant, sans tousser ni éternuer», déclare le Prof. Donald K. Milton.
Ils suggèrent que leurs résultats pourraient aider à améliorer les modèles informatiques qui analysent les risques de transmission de la grippe par voie aérienne. Cela pourrait également renforcer l’efficacité des initiatives de santé publique contre la grippe pour contrôler et réduire les pandémies et les épidémies.
Les résultats suggèrent également qu’une amélioration de la ventilation dans les bureaux, les écoles et d’autres lieux publics – tels que les voitures de métro – pourrait contribuer à réduire la propagation de la grippe.
Nouvelles Perspectives sur la Transmission de la Grippe
Alors que nous avançons vers 2024, il est crucial de prendre en compte ces nouvelles découvertes concernant la transmission aéroportée de la grippe. Des études récentes montrent que l’impact de la grippe sur la santé publique pourrait être sous-estimé, surtout dans des environnements fermés où la circulation de l’air est limitée. L’importance de stratégies telles que l’utilisation de purificateurs d’air et l’amélioration des systèmes de ventilation dans les espaces publics devient de plus en plus évidente.
De plus, des recherches supplémentaires sont nécessaires pour examiner comment les variants du virus de la grippe peuvent influencer la dynamique de transmission, en particulier dans le contexte des vaccins actuels. La vaccination reste un outil fondamental, mais les professionnels de santé doivent également considérer d’autres mesures préventives pour protéger les populations vulnérables.
Enfin, il est essentiel de sensibiliser le public à ces nouvelles informations. Comprendre que la simple respiration peut propager le virus de la grippe peut changer les comportements en matière de santé publique et encourager davantage de précautions, notamment durant les saisons de forte circulation virale.
En somme, cette étude ouvre la voie à une compréhension plus profonde de la grippe et de ses modes de transmission, et souligne la nécessité d’une approche holistique pour lutter contre cette maladie.