Aux États-Unis, des études récentes révèlent que les adultes utilisant exclusivement des produits du tabac sans fumée présentent des niveaux accrus de biomarqueurs d’exposition à la nicotine et à la NNK, un cancérigène bien connu, par rapport à ceux qui fument uniquement des cigarettes. Ces résultats soulignent l’importance d’une attention accrue de la part de la communauté de la santé publique.
Bien que l’usage du tabac sans fumée soit moins courant que le tabagisme, il reste préoccupant, notamment au sein de certains groupes démographiques tels que les hommes jeunes. D’après l’Enquête nationale sur le tabagisme chez les adultes, en 2012-2013, 7,1 % des hommes américains ont utilisé des produits comme le tabac à mâcher ou le snus.
Au niveau des adolescents, l’Enquête nationale sur le tabagisme chez les jeunes (NYTS) a révélé que 9,6 % des jeunes hommes utilisaient du tabac à mâcher ou du snus en 2013. Bien que la prévalence générale du tabagisme ait diminué depuis 2000, l’utilisation de tabac sans fumée chez les jeunes reste stable, ce qui est alarmant.
Les conséquences sur la santé de cette situation sont multiples et incluent un risque accru de cancer.
Produits sans fumée et substances cancérigènes
Des études antérieures, bien que limitées, ont déjà mis en évidence des niveaux élevés de substances toxiques, y compris des cancérigènes, chez les utilisateurs de tabac sans fumée. Toutefois, une analyse exhaustive des données à l’échelle nationale était essentielle pour valider ces résultats.
Sous la direction de Brian Rostron, Ph.D., épidémiologiste au Center for Tobacco Products de la FDA, une étude a été réalisée sur un échantillon de 23 684 adultes à partir des données de l’Enquête nationale sur la santé, la nutrition et les examens (NHANES) entre 1999 et 2012. Les participants ont été classés en quatre groupes : 16 313 non-fumeurs, 488 consommateurs exclusifs de tabac sans fumée, 6 791 fumeurs de cigarettes exclusifs et 92 utilisateurs de tabac double.
L’analyse des biomarqueurs d’exposition a concerné sept constituants du tabac, parmi lesquels la nicotine et la nitrosamine spécifique au tabac.
Niveaux accrus de cotinine et de NNK chez les utilisateurs de tabac sans fumée
Il a été observé que le niveau de cotinine, indicateur d’exposition à la nicotine, était plus élevé chez les utilisateurs de tabac sans fumée que chez les fumeurs de cigarettes. De même, le biomarqueur associé à la NNK était également plus élevé chez les consommateurs de tabac sans fumée. Ces informations renforcent l’idée que ces produits, bien que souvent perçus comme moins nocifs, continuent de présenter des risques sanitaires significatifs, y compris une augmentation des risques de cancer.
Rostron insiste sur l’importance de mener des recherches approfondies sur les constituants toxiques des produits sans fumée et leurs effets sur la santé des utilisateurs. La FDA, de concert avec les CDC, poursuit l’analyse et la surveillance de ces biomarqueurs chez les consommateurs de tabac.
De plus, la FDA collabore avec les National Institutes of Health (NIH) dans le cadre de l’étude PATH (Population Assessment of Tobacco and Health), une vaste étude longitudinale qui comprend la collecte de biospécimens tels que le sang et l’urine pour une analyse plus détaillée.
Il est à noter que l’étude NHANES présente certaines limites, notamment le manque de détails concernant le type et la quantité de produits de tabac sans fumée utilisés. Cependant, les données de l’étude PATH offriront une occasion d’analyser plus finement l’usage du tabac et les dommages qui en découlent.
Les auteurs concluent : « Nos résultats montrent que les utilisateurs de tabac sans fumée présentent des niveaux significatifs de substances nocives et addictives, souvent supérieurs à ceux observés chez les fumeurs de cigarettes. Cette constatation est préoccupante tant pour la santé individuelle que pour la santé publique. »
En somme, ces découvertes mettent en lumière l’urgence d’une étude continue des composants toxiques du tabac sans fumée et de leurs effets sur la santé des utilisateurs, renforçant ainsi la nécessité d’une vigilance accrue dans la lutte contre le tabagisme sous toutes ses formes.
Enfin, une étude récente a également révélé que les tabacs aromatisés pourraient inciter certains jeunes à fumer, ajoutant une couche supplémentaire à cette problématique complexe.