Plus de 80 % des personnes diagnostiquées avec un trouble d’hyperactivité avec déficit de l’attention (TDAH) à l’âge adulte pourraient ne pas souffrir réellement de cette condition. C’est la conclusion frappante d’une étude récente publiée dans le domaine de la psychiatrie.
Le TDAH est un trouble neurodéveloppemental qui se manifeste par une impulsivité, une hyperactivité et des difficultés de concentration. Ses symptômes incluent un besoin constant de bouger, une distraction facile, des oublis fréquents et des compétences organisationnelles déficientes.
Bien que le TDAH soit souvent diagnostiqué pendant l’enfance, avec environ 11 % des enfants âgés de 4 à 17 ans aux États-Unis touchés, il arrive que ce diagnostic soit posé à l’âge adulte. Environ deux tiers des enfants atteints de TDAH conservent le diagnostic en grandissant, et selon l’Association du trouble déficitaire de l’attention, environ 5 % des adultes américains sont concernés.
Cependant, cette nouvelle étude remet en question l’idée que le TDAH puisse apparaître à l’âge adulte. Elle soulève des doutes quant à la validité des diagnostics posés plus tard dans la vie.
Dirigée par Margaret H. Sibley du Collège de médecine Herbert Wertheim de la Florida International University à Miami, cette recherche a analysé un échantillon de 239 individus qui n’avaient pas de TDAH durant leur enfance.
TDAH chez l’adulte expliqué par d’autres facteurs
Les chercheurs ont suivi ces participants tous les deux ans entre 10 et 25 ans, en examinant l’apparition des symptômes du TDAH, ainsi que d’éventuels abus de substances, troubles cognitifs et problèmes de santé mentale.
Les données ont été collectées via des auto-évaluations et des rapports de parents et d’enseignants, offrant une vue d’ensemble des expériences des sujets.
L’analyse a révélé que plus de 80 % des adultes présentant des symptômes de TDAH avaient en réalité des symptômes attribuables à d’autres causes.
Comme l’explique Sibley : « Nous avons identifié plusieurs individus qui semblaient souffrir de TDAH à l’âge adulte, mais en approfondissant, nous avons constaté que leurs symptômes étaient en réalité liés à des problèmes antérieurs, tels que des effets cognitifs dus à une consommation intense de marijuana, des traumatismes psychologiques ou des symptômes dépressifs qui perturbent la concentration. »
De plus, les chercheurs ont noté qu’en l’absence d’antécédents psychiatriques, il n’y avait pas de preuves tangibles de TDAH chez ces adultes.
Sur la base de ces résultats, Sibley et ses collègues recommandent aux cliniciens d’être prudents lors de l’évaluation des adultes pour un possible TDAH. De nombreux autres facteurs peuvent expliquer l’apparition de symptômes similaires. Les chercheurs concluent :
« Les diagnostics tardifs de TDAH et les faux positifs sont fréquents sans une évaluation approfondie. Les cliniciens doivent examiner attentivement les antécédents psychiatriques, les déficiences et la consommation de substances avant de poser un diagnostic de TDAH tardif. »
Nouvelles Perspectives sur le TDAH : État de la Recherche en 2024
Les récentes recherches continuent de souligner l’importance d’une évaluation exhaustive pour les adultes présentant des symptômes de TDAH. En 2024, plusieurs études mettent en avant la nécessité d’approches multidisciplinaires pour comprendre les comportements associés au TDAH. Des études ont montré que des facteurs environnementaux, comme le stress chronique et les conditions de vie, peuvent également influencer les symptômes observés à l’âge adulte.
De plus, des données récentes indiquent une corrélation entre la santé mentale et la consommation de substances, soulignant que les adultes ayant des antécédents de consommation de drogue peuvent présenter des symptômes similaires à ceux du TDAH. Par exemple, une étude de 2023 a révélé que 30 % des adultes présentant des symptômes de TDAH avaient également des problèmes de dépendance, ce qui complique le diagnostic.
Il est donc crucial pour les professionnels de la santé d’adopter une approche holistique, en prenant en compte non seulement les symptômes, mais aussi le contexte personnel et environnemental des patients. En intégrant ces éléments, la communauté médicale peut mieux servir les individus et éviter des diagnostics inappropriés.
Ces avancées soulignent l’importance de rester à jour avec les dernières recherches et d’être vigilant face à une évaluation précise et personnalisée, afin de garantir des traitements adaptés et efficaces pour ceux qui en ont réellement besoin.