Thérapie Craniosacrale : Efficacité et Perspectives Actuelles

La thérapie craniosacrale est un traitement alternatif généralement utilisé par les ostéopathes, les chiropraticiens et les massothérapeutes.

Elle prétend utiliser un toucher doux pour manipuler les articulations du crâne, des parties du bassin et de la colonne vertébrale afin de traiter diverses affections.

Développée dans les années 1970 par John Upledger, un médecin ostéopathe, la thérapie craniosacrale (CST) est une forme d’ostéopathie crânienne.

Bien que la CST ait de nombreux adeptes et soit utilisée pour traiter diverses conditions médicales, elle a également suscité de vives critiques. Cet article examine les deux côtés du débat pour aider le lecteur à comprendre les risques et les avantages potentiels de la CST.

Qu’est-ce que la thérapie craniosacrale?

Femme recevant un massage doux au niveau de la tête et du cou.

La CST est une thérapie non-invasive qui vise à améliorer les capacités de guérison du corps.

Selon l’Institut Upledger, la CST utilise une pression inférieure à 5 grammes pour « libérer les restrictions dans le système craniosacral et améliorer le fonctionnement du système nerveux central. »

Ce contact léger est censé influencer la pression et la circulation du liquide céphalo-rachidien, le fluide entourant le cerveau et la moelle épinière. Ce processus est pensé pour soulager la douleur et les dysfonctionnements.

Les praticiens affirment que la CST peut être réalisée en tant que traitement autonome ou en association avec d’autres thérapies médicales.

Les usages

Médecin montrant un modèle de colonne vertébrale.

La CST a été utilisée pour traiter une variété de conditions, tant physiques que psychologiques.

L’Upledger Institute énumère les troubles suivants comme appropriés pour un traitement avec la CST :

  • La maladie d’Alzheimer
  • Autisme
  • Douleurs dorsales
  • Lésions cérébrales
  • Troubles du système nerveux central
  • Fatigue chronique
  • Coliques
  • Commotion cérébrale
  • Démence
  • Fibromyalgie
  • Troubles immunitaires
  • Problèmes d’apprentissage
  • Migraines
  • Douleurs cervicales
  • Stress post-traumatique (TSPT)
  • Scoliose
  • Lésions de la moelle épinière
  • Stress

Efficacité : ça marche ?

Peu d’études ont été menées sur l’utilisation de la CST dans le traitement des maladies. La recherche réalisée est discutée ci-dessous.

Recherche soutenant la CST

Femme utilisant un inhalateur pour son asthme.

Les études suivantes indiquent les avantages potentiels de la CST pour certaines conditions :

  • Une étude de 2010 a examiné les effets de la CST sur des personnes atteintes de fibromyalgie. Un total de 92 personnes ont reçu soit de la CST, soit un traitement placebo pendant 20 semaines. Les résultats ont montré que ceux ayant subi la CST ont rapporté des améliorations de la douleur à moyen terme.
  • Une autre étude sur la CST et la fibromyalgie suggère que la thérapie peut réduire l’anxiété et améliorer la qualité de vie des patients.
  • Une recherche sur l’impact de l’acupuncture et de la CST sur des adultes asthmatiques a révélé que les deux thérapies pouvaient présenter des avantages lorsqu’elles étaient utilisées en complément d’un traitement conventionnel pour l’asthme. Cependant, la combinaison de la CST et de l’acupuncture n’a pas montré d’avantages supplémentaires par rapport à l’une ou l’autre thérapie seule.
  • Selon une étude de 2009, la CST peut améliorer à la fois la qualité de vie et la capacité des personnes atteintes de sclérose en plaques présentant des symptômes urinaires à vider leur vessie.

Recherche critiquant la CST

Dans l’ensemble, les rapports visant à résumer et à commenter les recherches existantes ont révélé que les bénéfices de la CST ne peuvent être clairement prouvés. Ils suggèrent que les études montrant des effets bénéfiques sont souvent incomplètes.

Ces rapports incluent :

  • Une revue plus ancienne de 1999 a déclaré que la recherche disponible sur la CST était « faible » et « inadéquate », ne pouvant pas soutenir son utilisation. Les évaluateurs ont également souligné une étude rapportant des effets secondaires négatifs de la CST chez des patients ayant subi des lésions cérébrales traumatiques.
  • Un examen plus récent de 2011 a analysé huit études sur la CST. Les évaluateurs ont conclu que les preuves disponibles étaient insuffisantes pour tirer des conclusions sur son efficacité.
  • Une recherche a été publiée dans six essais randomisés contrôlés, soulignant que cinq des six essais étaient probablement biaisés et que le sixième n’avait pas produit de résultats concluants.

De plus, un article de 2006 a suggéré que tant qu’il n’existe pas de preuves solides que la CST fonctionne, elle ne devrait pas être enseignée dans les collèges d’ostéopathie et que d’autres options devraient être envisagées.

Par ailleurs, la CST n’est pas une méthode fiable pour poser des diagnostics, certains chercheurs affirmant que sa capacité à diagnostiquer un trouble est « approximativement nulle ».

La manipulation des os du crâne pour influencer le liquide céphalo-rachidien reste une idée controversée, qui n’a même pas été prouvée dans des modèles animaux. D’autres recherches montrent que c’est la respiration, plutôt qu’un léger contact avec le crâne, qui favorise la circulation du liquide céphalo-rachidien.

Conclusion

La recherche sur la CST est limitée et de qualité variable, comme le soulignent plusieurs revues systématiques.

Cependant, son potentiel à causer des dommages semble faible et certaines personnes pourraient tirer des bénéfices de la CST, notamment en ce qui concerne la réduction du stress et de l’anxiété.

Selon l’Université du Minnesota, la CST peut aider les individus à changer leur perspective sur leur santé et leur bien-être.

Un article de 2006 a conseillé aux praticiens de la CST d’être transparents avec leurs clients sur ce que la CST peut ou ne peut pas accomplir, en se basant sur des recherches avérées.

Les praticiens ne devraient jamais utiliser la CST comme substitut à un traitement médical ou à d’autres thérapies éprouvées.

Perspectives de recherche en 2024

En 2024, des études récentes continuent d’explorer les effets de la CST sur des conditions variées. Par exemple, une étude menée par l’Université de Paris a examiné l’impact de la CST sur les patients souffrant de douleurs chroniques. Les résultats préliminaires indiquent une diminution significative de la douleur et une amélioration de la qualité de vie à long terme.

De plus, la recherche sur l’utilisation de la CST pour traiter des troubles psychologiques, comme l’anxiété et la dépression, a gagné en popularité. Des essais cliniques en cours visent à établir des liens entre la thérapie craniosacrale et la régulation des émotions.

Il est essentiel de continuer à évaluer rigoureusement la CST, afin de déterminer ses véritables bénéfices et de s’assurer de son intégration appropriée dans les pratiques médicales. Les patients doivent être bien informés et les praticiens doivent privilégier une approche fondée sur des preuves.

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