Les chercheurs ont récemment mis en lumière le lien entre cinq principaux troubles mentaux et des variations génétiques héréditaires communes, à travers une étude publiée dans une revue spécialisée. Ces découvertes sont cruciales pour mieux comprendre les mécanismes sous-jacents à ces conditions.
Une équipe de scientifiques du Psychiatric Genomic Consortium (PGC) a analysé des données de génotype à l’échelle du génome, impliquant des individus atteints de ces troubles psychiatriques, ainsi que des témoins sains. Cette étude approfondie vise à fournir un éclairage sur les similarités génétiques entre les différentes conditions mentales.
Les troubles mentaux examinés dans cette recherche incluent :
- Schizophrénie
- Trouble bipolaire
- Trouble dépressif majeur
- Troubles du spectre de l’autisme
- Trouble d’hyperactivité avec déficit de l’attention (TDAH)
Des recherches antérieures avaient déjà établi des liens entre ces troubles, indiquant que les personnes affectées étaient plus susceptibles de présenter des variations au sein de quatre sites chromosomiques identifiés. Cette étude plus récente a permis d’approfondir ces associations, en utilisant des ensembles de données vastes et des méthodologies avancées.
Les chercheurs ont minutieusement analysé la variation génétique chez des milliers d’individus souffrant de chacun des cinq troubles, puis ont comparé leurs codes génétiques à ceux de personnes n’ayant pas ces conditions. Cette comparaison a permis de quantifier dans quelle mesure les troubles étaient associés à des variantes génétiques similaires.
Les résultats obtenus ont révélé des chevauchements significatifs dans l’héritabilité entre certains troubles psychiatriques, attribués à des variations génétiques communes :
- Schizophrénie et trouble bipolaire – 15%
- Trouble bipolaire et dépression – 10%
- Schizophrénie et dépression – 9%
- Schizophrénie et autisme – 3%
Globalement, l’analyse a montré que la variation génétique commune pourrait représenter entre 17 et 28 % du risque associé à ces cinq troubles mentaux. Cela souligne l’importance de la génétique dans la compréhension des troubles psychiatriques.
Naomi Wray, de l’Université du Queensland, en Australie, a déclaré : « Notre étude se concentre uniquement sur les variantes génétiques communes, il est donc probable que le chevauchement génétique total entre les troubles soit encore plus élevé. » Elle a également mentionné que d’autres facteurs, tels que des variantes rares et des interactions entre gènes et environnement, contribuent également à ces maladies.
Les chercheurs estiment que ces résultats, notamment la preuve génétique reliant la schizophrénie et la dépression, pourraient avoir des répercussions significatives sur le diagnostic et la recherche dans le domaine de la santé mentale.
L’étude a été en partie financée par les National Institutes of Health (NIH). Bruce Cuthbert, directeur de l’Institut national de la santé mentale, a commenté : « Cette preuve, qui quantifie les facteurs de risque génétiques partagés entre les diagnostics psychiatriques traditionnels, nous aidera à avancer vers une classification plus fidèle à la réalité. »
Bien que les résultats de l’étude aient révélé l’importance de l’héritabilité liée à des variations génétiques communes, une grande partie de la contribution génétique à ces troubles reste inexpliquée, tout comme les facteurs non héréditaires. Les auteurs ont noté que la variation génétique commune pourrait expliquer 23 % des cas de schizophrénie, alors que les études sur les jumeaux évaluent l’héritabilité totale de la schizophrénie à 81 %.
Thomas Lehner, chef de la branche de recherche en génomique à l’Institut national de la santé mentale, a déclaré : « Il est encourageant de voir que les estimations des contributions génétiques aux troubles mentaux proviennent de recherches plus traditionnelles sur les familles et les jumeaux, ouvrant la voie à la découverte de gènes actifs impliqués dans ces conditions. »
Perspectives de Recherche Futur
À la lumière des découvertes récentes, il est essentiel de continuer à explorer les liens génétiques entre les troubles mentaux. Les avancées dans le séquençage génétique et les analyses bioinformatiques pourraient permettre d’identifier de nouvelles cibles thérapeutiques. De plus, l’intégration de données environnementales et comportementales dans ces études pourrait enrichir notre compréhension des facteurs de risque et ainsi améliorer les stratégies de prévention.
Les études longitudinales, en particulier celles impliquant des jumeaux et des familles, restent cruciales pour démêler la complexité de l’héritabilité des troubles mentaux. En outre, la collaboration internationale entre chercheurs pourrait jouer un rôle clé dans l’accélération de la découverte de gènes associés et dans l’élaboration de traitements personnalisés.
À mesure que la recherche progresse, il est impératif de garder à l’esprit l’importance de la santé mentale dans notre société. Les résultats de ces études pourraient non seulement transformer notre compréhension des troubles mentaux, mais aussi mener à des interventions plus efficaces et adaptées, améliorant ainsi la qualité de vie des patients et de leurs familles.