La réorientation des médicaments est l’une des voies les plus rapides et efficaces vers de nouveaux traitements médicaux. Les chercheurs révèlent comment une telle stratégie peut produire un nouveau traitement pour l’insuffisance cardiaque.
Dans une nouvelle étude, l’équipe a découvert que le probénécide – un médicament couramment utilisé pour traiter la goutte – améliore la fonction cardiaque chez un petit nombre de personnes atteintes d’insuffisance cardiaque.
Nathan Robbins, auteur de la première étude et chercheur à l’Université de Cincinnati College of Medicine dans l’Ohio, a récemment rapporté ses conclusions. L’insuffisance cardiaque est une affection qui survient lorsque le cœur est incapable de pomper suffisamment de sang riche en oxygène pour soutenir les autres organes.
On estime que l’insuffisance cardiaque touche environ 5,7 millions d’adultes aux États-Unis, et environ 50 % des personnes décèdent dans les cinq ans suivant le diagnostic.
Bien qu’il n’existe pas de remède pour l’insuffisance cardiaque, plusieurs traitements aident à gérer cette maladie. Certains de ces traitements, comme le dispositif d’assistance ventriculaire gauche (LVAD), se concentrent sur l’amélioration de la fonction cardiaque.
Un LVAD est un appareil alimenté par batterie, implanté chirurgicalement dans le cœur du patient. Il aspire le sang du ventricule gauche et le transporte vers l’aorte, l’artère principale qui distribue le sang au reste du corps.
Dans leur nouvelle étude, Robbins et son équipe révèlent comment le probénécide peut offrir une alternative non invasive à de tels traitements, ayant observé que le médicament contre la goutte améliore l’action cardiaque des personnes atteintes d’insuffisance cardiaque.
‘Du laboratoire au chevet’
Les chercheurs ont testé le probénécide sur 20 personnes, d’un âge moyen de 57 ans, toutes atteintes d’insuffisance cardiaque. Dans le cadre de cette étude en double aveugle, randomisée et contrôlée contre placebo, tous les participants ont pris soit du probénécide, soit un placebo, sur des périodes de 4 semaines entre juin 2013 et avril 2015.
La fraction d’éjection des sujets, ou la capacité du cœur à pomper le sang, a été mesurée par échocardiogramme. D’autres paramètres de la fonction cardiaque comprenaient un électrocardiogramme et un test de marche de 6 minutes.
Comparés au placebo, les chercheurs ont découvert que le probénécide entraînait des améliorations significatives de la fraction d’éjection.
« C’est la première fois que le probénécide est utilisé chez des patients souffrant d’insuffisance cardiaque, et nous avons montré qu’il augmentait la fraction d’éjection chez ces patients », a déclaré Robbins.
«Nous avons été agréablement surpris de constater qu’il améliorait les deux principales fonctions cardiaques», a ajouté le Dr Jack Rubinstein, coauteur de l’étude, du Département de médecine interne de l’Université de Cincinnati. « Il améliore la contraction et la relaxation du cœur. »
Fait important, le médicament n’a pas provoqué d’effets indésirables significatifs chez les sujets. « Nous savons qu’il est très probable que ce médicament soit sans danger, car il est utilisé par des personnes de tous âges depuis des décennies », explique le Dr Rubinstein. « Il affiche un excellent profil de sécurité. »
« Une nouvelle façon de traiter l’insuffisance cardiaque »
Lorsque les chercheurs ont testé le probénécide sur des cellules cardiaques prélevées sur des souris, ils ont constaté qu’il améliorait l’utilisation du calcium par le cœur, un élément clé dans la contraction du muscle cardiaque.
Bien que des essais cliniques plus vastes soient nécessaires pour déterminer l’efficacité du probénécide dans le traitement de l’insuffisance cardiaque, les chercheurs estiment que leurs résultats sont prometteurs.
« Les implications sont potentiellement significatives – si nous pouvons confirmer ces résultats dans des études plus larges avec un suivi à long terme, cela pourrait représenter une nouvelle approche pour traiter l’insuffisance cardiaque, pour laquelle il existe peu de thérapies efficaces. »
Dr Jack Rubinstein
«Les dispositifs d’assistance ventriculaire gauche, les stimulateurs cardiaques, les transplantations cardiaques et les médicaments sont disponibles pour traiter les patients souffrant d’insuffisance cardiaque, mais les résultats restent souvent moins bons que ceux de la majorité des patients cancéreux», ajoute le Dr Rubinstein.
« C’est ce que nous voulons changer de manière efficace. »
Nouvelles Perspectives de Traitement
Récemment, d’autres recherches ont souligné l’importance de la personnalisation des traitements pour les patients atteints d’insuffisance cardiaque. En intégrant des approches multidisciplinaires, y compris des modifications du mode de vie, des interventions nutritionnelles et un suivi régulier, il est possible d’améliorer les résultats cliniques. Une étude de 2024 a révélé que l’ajout d’exercices de réhabilitation cardiaque à la pharmacothérapie traditionnelle pouvait réduire de 30 % le risque d’hospitalisation pour les patients avec des antécédents d’insuffisance cardiaque.
De plus, la recherche sur les biomarqueurs s’intensifie, permettant une meilleure stratification des patients et des traitements plus ciblés. Les études récentes montrent que des biomarqueurs spécifiques peuvent prédire la réponse au traitement et aider à ajuster les thérapies en fonction des besoins individuels.
En somme, le probénécide ouvre une voie prometteuse pour l’avenir, mais il est essentiel de poursuivre les recherches pour valider ces résultats préliminaires et explorer la synergie potentielle avec d’autres stratégies thérapeutiques. La collaboration entre chercheurs, cliniciens et patients sera cruciale pour transformer ces découvertes en pratiques cliniques efficaces.