Un essai d’une nouvelle classe de médicaments montre qu’il peut réduire les bouffées de chaleur ménopausées de près des trois quarts en seulement 4 semaines, avec un début d’effet observable dès 3 jours après le commencement du traitement.
Le composé expérimental, initialement développé pour traiter la schizophrénie, nécessite encore d’autres essais pour évaluer pleinement sa sécurité et son efficacité dans le soulagement des bouffées de chaleur chez les femmes ménopausées.
Cependant, les chercheurs sont optimistes quant à ce que cette nouvelle classe de médicaments représente une alternative efficace pour les femmes qui ne souhaitent pas ou ne peuvent pas suivre un traitement hormonal substitutif (THS).
Les résultats de l’essai, initialement rapportés en 2017, ont été complétés par une analyse plus récente qui examine en détail les effets du médicament au fil du temps.
Les résultats de cette nouvelle analyse, menée par l’Imperial College London au Royaume-Uni, ont été publiés dans une revue spécialisée.
« Nous le savions déjà », explique Waljit Dhillo, professeur à l’Imperial College de Londres. « Ce composé pourrait véritablement changer la donne pour les femmes ménopausées, permettant de réduire de 75% leurs bouffées de chaleur en seulement 4 semaines. »
« Cette nouvelle analyse », poursuit-il, « confirme que l’effet bénéfique se manifeste très rapidement – en seulement 3 jours ».
La Ménopause, Les Bouffées De Chaleur Et Le THS
La ménopause est une étape naturelle dans la vie d’une femme, marquée par l’arrêt des menstruations et une baisse des niveaux d’hormones œstrogènes, produites par les ovaires. Ce phénomène se produit généralement entre 45 et 55 ans.
Les « bouffées de chaleur » désignent des épisodes récurrents et temporaires de « symptômes vasomoteurs », durant lesquels les femmes proches de la ménopause ressentent des sensations de chaleur intense au visage et dans le haut du corps.
Aux États-Unis, environ trois femmes ménopausées sur quatre déclarent souffrir de bouffées de chaleur.
Pour certaines, ces bouffées peuvent être gênantes, tandis que pour d’autres, elles sont réellement inconfortables, entraînant des vêtements trempés de sueur.
Les bouffées de chaleur peuvent également survenir la nuit, provoquant des sueurs nocturnes et, dans certains cas, affectant gravement la qualité de vie.
Chaque femme vit les bouffées de chaleur d’une manière unique, souvent avec une intensité croissante à l’approche de la ménopause, atteignant un pic environ 2 ans après celle-ci, avant de diminuer progressivement.
Les bouffées de chaleur peuvent durer de 6 mois à 5 ans, et parfois même 10 ans ou plus.
Le THS a été efficace pour atténuer les symptômes de la ménopause chez de nombreuses femmes, mais il n’est pas sans risques, en particulier pour celles ayant des antécédents de cancer du sein ou d’autres conditions médicales.
Grande Réduction Des Bouffées De Chaleur Dans Les 3 Jours
L’article récent décrit comment un composé expérimental, MLE4901, a été testé dans le cadre d’un essai randomisé, en double aveugle et contrôlé contre placebo. Les participants comprenaient 37 femmes ménopausées âgées de 40 à 62 ans, souffrant d’au moins sept bouffées de chaleur par jour.
Les participantes ont été réparties au hasard pour recevoir soit une dose quotidienne de 80 milligrammes de médicament, soit un placebo, pendant 4 semaines.
Après cette période, les femmes ont échangé leurs traitements, celles prenant le médicament passant au placebo et vice versa, pendant 4 semaines supplémentaires.
Les résultats ont montré que les femmes prenant le médicament expérimental ont, en moyenne, connu une réduction significative des bouffées de chaleur au cours des 4 semaines par rapport à la période où elles prenaient le placebo.
Un résultat tout aussi crucial a été observé lors de la nouvelle analyse, révélant que le composé a montré un « effet significatif » dès le troisième jour de traitement.
Au troisième jour, la fréquence des bouffées de chaleur avait diminué de 72% par rapport à la ligne de base, avec une réduction de 51 points de pourcentage par rapport au placebo, selon les auteurs de l’étude.
Cet effet « a persisté tout au long des 4 semaines », notent-ils, ajoutant que le médicament a également réduit la sévérité des bouffées de chaleur de 38% dès le jour 3.
Un Nouveau Médicament Pour Soulager De Nombreux Symptômes
Le Professeur Dhillo mentionne que, bien que MLE4901 ait des effets secondaires sur le foie, d’autres médicaments de la même classe seront testés plus avant dans les prochains essais. Un essai a déjà été lancé aux États-Unis.
Les chercheurs pensent que ces composés agissent en inhibant la neurokinine B (NKB), une substance dans le cerveau identifiée par des études antérieures comme pouvant déclencher les bouffées de chaleur.
La nouvelle analyse a également démontré que le médicament soulageait non seulement les bouffées de chaleur diurnes, mais aussi celles nocturnes.
De plus, les participantes ont signalé une réduction de 82% des bouffées de chaleur perturbant leur sommeil nocturne, ainsi qu’une diminution de 77% de leurs problèmes de concentration durant le traitement.
Cependant, les chercheurs n’ont pas pu déterminer si ces améliorations étaient dues à une réduction des bouffées de chaleur ou à un effet direct du composé sur le cerveau.
Ils espèrent néanmoins que le médicament pourra améliorer directement divers symptômes de la ménopause – des bouffées de chaleur aux troubles du sommeil, en passant par les problèmes de concentration et même le gain de poids – en raison des multiples zones du cerveau impactées par la NKB.
Le Professeur Dhillo souligne que cet essai a permis de découvrir une « nouvelle utilisation thérapeutique » pour un composé qui avait été précédemment sous-utilisé, et qu’il s’attend à ce qu’en l’espace de 3 ans, il fasse « une différence tangible dans la vie » de millions de femmes.
« Cette classe de nouveaux médicaments peut fournir aux femmes une alternative indispensable au traitement hormonal substitutif », conclut le Professeur Dhillo.
Perspectives et Recherches Futures
Alors que la recherche sur MLE4901 se poursuit, il est essentiel de suivre les progrès dans le développement de traitements alternatifs pour les symptômes de la ménopause. Des études récentes mettent en lumière l’importance de personnaliser les traitements en fonction des besoins spécifiques de chaque femme, tenant compte de leurs antécédents médicaux et de leur tolérance aux médicaments.
Des recherches complémentaires sont également nécessaires pour évaluer l’impact à long terme de ces nouveaux traitements sur la santé globale des femmes ménopausées, notamment en ce qui concerne leur qualité de vie, leur santé mentale et leur risque de maladies associées. En intégrant ces nouvelles données dans la pratique clinique, nous pourrions offrir aux femmes des options de traitement plus sûres et plus efficaces pour gérer leurs symptômes de manière optimale.