Et s’il existait un médicament capable d’éliminer l’excès de graisse sans nécessiter un régime rigoureux ? Une étude récente suggère que cet exploit pourrait ne pas être aussi lointain qu’on le pense.
Une équipe de chercheurs de l’Université du Texas Medical Branch (UTMB) à Galveston a révélé comment l’utilisation de petites molécules pour bloquer l’enzyme nicotinamide-N-méthyltransférase (NNMT) entraîne une « rétraction » des cellules graisseuses chez des souris obèses nourries avec un régime riche en graisses.
L’auteur principal de l’étude, Stanley Watowich, du Département de biochimie et de biologie moléculaire de l’UTMB, ainsi que ses collègues, affirment que leurs résultats indiquent que cibler la NNMT pourrait représenter une approche prometteuse dans la lutte contre le surpoids et l’obésité.
L’équipe a récemment publié ses résultats dans une revue scientifique spécialisée.
On estime qu’environ 70,2 % des adultes aux États-Unis sont en surpoids ou obèses. Cela représente un défi majeur pour la santé publique, car l’excès de poids est un facteur de risque clé pour des affections telles que les maladies cardiaques, les AVC, le diabète de type 2 et certaines formes de cancer.
La principale cause du gain de poids réside dans un déséquilibre énergétique, où l’apport calorique excède les calories brûlées. Ce phénomène entraîne le stockage des graisses par l’organisme.
« À mesure que les cellules graisseuses s’agrandissent, explique Watowich, elles commencent à surexprimer une protéine qui agit comme un frein métabolique, ralentissant ainsi le métabolisme des graisses. Cela rend l’accumulation de graisse par ces cellules encore plus difficile. »
« De plus, poursuit-il, au fur et à mesure que les tissus adipeux se développent, ils sécrètent des quantités croissantes d’hormones et de signaux pro-inflammatoires, responsables de plusieurs maladies chroniques, notamment le diabète de type 2 et les maladies cardiovasculaires. »
Cependant, Watowich et ses collègues semblent avoir découvert un moyen de relancer le métabolisme des cellules graisseuses blanches, celles qui nuisent le plus à la santé.
Réduction de 30 % de la taille des cellules graisseuses blanches
L’équipe a concentré ses efforts sur l’inhibition de la NNMT, une enzyme dont des recherches antérieures ont montré qu’elle joue un rôle dans le ralentissement du métabolisme des cellules graisseuses.
Pour leur étude, les chercheurs ont testé un inhibiteur de la NNMT sur des souris obèses, nourries avec un régime riche en graisses.
Les souris traitées avec l’inhibiteur de la NNMT ont présenté une réduction de 30 % de la taille de leurs cellules graisseuses blanches, accompagnée d’une diminution de 7 % de leur poids corporel total, rapportent les chercheurs.
De plus, les taux de cholestérol sanguin des souris ayant reçu l’inhibiteur de la NNMT ont été normalisés, les rendant comparables à ceux de souris ayant un poids santé.
En revanche, les souris traitées avec un placebo ont montré une augmentation de la taille de leurs cellules graisseuses blanches et ont pris du poids.
Il est à noter que les deux groupes de souris ont consommé la même quantité de nourriture au cours de l’étude. Cela démontre que la perte de poids des souris traitées avec des inhibiteurs de la NNMT n’était pas due à une diminution de l’appétit.
Bien que d’autres recherches soient nécessaires pour déterminer si les inhibiteurs de la NNMT sont sûrs et efficaces chez les humains, Watowich et ses collègues estiment qu’ils pourraient constituer un traitement prometteur pour l’obésité.
« Bloquer l’action des freins sur les cellules graisseuses offre un mécanisme innovant et spécifique à la graisse pour augmenter le métabolisme cellulaire et réduire la taille des dépôts graisseux blancs, abordant ainsi une cause fondamentale de l’obésité et des maladies métaboliques associées. »
L’auteur principal de l’étude, Harshini Neelakantan, de l’UTMB, ajoute : « Ces premiers résultats sont encourageants et soutiennent le développement de cette technologie comme une nouvelle approche plus efficace pour lutter contre les maladies métaboliques. »
Nouvelles Perspectives et Données Récentes
En 2024, la recherche sur l’obésité continue d’évoluer, avec un accent sur des approches innovantes et personnalisées. Des études récentes ont suggéré que la combinaison de traitements médicamenteux avec des interventions comportementales pourrait offrir des résultats encore plus prometteurs. Par exemple, des recherches publiées dans le Journal of Clinical Endocrinology & Metabolism ont montré que l’intégration de thérapies cognitivo-comportementales avec des traitements pharmacologiques pouvait améliorer l’adhérence au traitement et les résultats de perte de poids.
De plus, les avancées dans la compréhension des microbiotes intestinaux ouvrent de nouvelles avenues de recherche sur la manière dont ces bactéries peuvent influencer le métabolisme et l’accumulation de graisses. Des études récentes indiquent que certains probiotiques pourraient avoir un effet bénéfique sur la réduction des dépôts graisseux, offrant ainsi une approche complémentaire à la pharmacothérapie.
Enfin, alors que le développement de nouveaux médicaments comme les inhibiteurs de NNMT est prometteur, il est essentiel de continuer à explorer des stratégies de prévention, notamment l’éducation nutritionnelle et l’encouragement à l’activité physique régulière, pour combattre l’épidémie d’obésité à long terme.