Un composé appelé cambinol se révèle très prometteur en tant que futur médicament contre la maladie d’Alzheimer. Cette molécule a démontré sa capacité à stopper la propagation de la protéine tau toxique dans les cellules cérébrales et chez les souris.
La protéine tau, présente dans notre cerveau, joue un rôle clé dans le développement de la maladie d’Alzheimer. Dans un cerveau sain, elle aide à maintenir les voies de transport cellulaires bien structurées, permettant aux nutriments et autres molécules essentielles de circuler efficacement.
Cependant, dans le cas de la maladie d’Alzheimer, la tau s’accumule de manière anormale, entraînant la formation de structures néfastes appelées enchevêtrements. Ces enchevêtrements apparaissent d’abord dans les zones cruciales pour la mémoire, mais avec le temps, leur propagation affecte l’ensemble du cerveau.
Des chercheurs de l’Université de Californie à Los Angeles (UCLA) ont peut-être trouvé un moyen de contrer cette propagation des enchevêtrements. Leur étude, récemment publiée, met en lumière comment le cambinol peut empêcher la migration de ces agrégats tau d’une cellule à l’autre.
Varghese John, professeur agrégé de neurologie à l’UCLA, souligne l’importance de ces résultats : « Plus de 200 molécules ont été testées en tant que traitements modificateurs de la maladie d’Alzheimer sans succès. Notre article propose une nouvelle approche prometteuse pour ralentir la progression de cette maladie en inhibant la propagation des formes pathologiques de la protéine tau. »
Cambinol bloque le transfert de tau
Dans un cerveau en bonne santé, la tau maintient les voies de transport en se liant aux microtubules, qui forment le cadre de soutien des cellules. Mais dans le contexte de la maladie d’Alzheimer, la tau se détache, provoquant la formation d’enchevêtrements neurofibrillaires, conduisant à la mort des neurones.
Le problème se complique lorsque ces cellules continuent à emprisonner des agrégats de tau dans de petites poches qui finissent par envahir le tissu cérébral sain. Ces poches, appelées exosomes, favorisent la propagation des enchevêtrements tau. Mais imaginez s’il était possible de bloquer la formation de ces « sacs de transport » pour la tau toxique ?
En étudiant le comportement de la protéine tau in vitro et in vivo, les chercheurs ont constaté que le cambinol a cette capacité. Il détourne le transfert de tau en inhibant une enzyme clé, la nSMase2, responsable de la production des exosomes porteurs de tau.
Lors d’une expérience, des cellules contenant de la tau, obtenues post-mortem de cerveaux de patients Alzheimer, ont été mélangées à des cellules saines. Les agrégats tau ont continué à se propager dans les cellules non traitées, tandis que celles qui avaient reçu du cambinol restaient exemptes de contamination tau.
Vers de nouveaux médicaments contre la maladie d’Alzheimer
Les chercheurs estiment que ces résultats encourageants sont le fruit de l’inhibition de l’enzyme nSMase2 par le cambinol, un mécanisme prometteur pour le développement futur de médicaments. En effet, dans une deuxième expérience in vivo, ils ont observé une réduction de l’activité de cette enzyme dans le cerveau des souris traitées avec le cambinol, ce qui est particulièrement prometteur.
« Transporter des molécules dans le cerveau est un défi majeur, car la plupart des médicaments ne franchissent pas la barrière hémato-encéphalique », explique John. « Nous avons désormais la possibilité de traiter des animaux avec du cambinol pour évaluer son impact sur la progression de la maladie d’Alzheimer. »
À la connaissance des auteurs, cette étude représente la première démonstration que le cambinol inhibe l’activité de la nSMase2. Ces résultats nous rapprochent de traitements innovants pour la maladie d’Alzheimer et d’autres affections liées aux agrégats de tau.
« Comprendre ces mécanismes est la première étape vers de nouvelles cibles thérapeutiques », souligne Karen Gylys, co-auteur de l’étude et professeur de sciences infirmières à UCLA. « Avec le cambinol, nous disposons d’un outil précieux pour explorer les voies cellulaires responsables de la propagation de la pathologie tau. »
Actuellement, les chercheurs travaillent à concevoir des médicaments qui augmentent l’efficacité du cambinol, espérant que leurs efforts porteront leurs fruits chez les animaux. Si tel est le cas, la prochaine étape consistera à tester ces nouveaux traitements lors d’essais cliniques humains.
Nouvelles Perspectives de Recherche en 2024
Au fur et à mesure que la recherche progresse, de nouvelles études émergent, mettant en lumière d’autres molécules prometteuses et des approches thérapeutiques innovantes. Par exemple, des travaux récents ont identifié des inhibiteurs de la tau qui pourraient compléter les effets du cambinol et offrir une stratégie combinée pour lutter contre la maladie d’Alzheimer. De plus, la recherche sur l’impact des facteurs environnementaux et génétiques sur la maladie continue de révéler des insights cruciaux.
En 2024, la communauté scientifique se concentre également sur l’importance du diagnostic précoce et de l’intervention préventive, soulignant que la détection des premiers signes de la maladie pourrait transformer la prise en charge des patients. Les études explorent l’utilisation de biomarqueurs innovants pour prédire la progression de la maladie, offrant ainsi de nouvelles perspectives d’espoir pour les futurs traitements.