Marijuana Et Schizophrénie : Impact Sur Le Cerveau Dévoilé

L’utilisation de la marijuana a été associée au développement de diverses conditions de santé. Récemment, des chercheurs ont mis en lumière que l’usage intensif de cette substance pourrait entraîner une dégradation de la mémoire et des altérations fonctionnelles du cerveau similaires à celles observées chez les individus atteints de schizophrénie.

Cette conclusion provient d’une étude minutieusement conduite, dont les résultats ont été publiés dans une revue scientifique de renom.

La marijuana est un mélange des feuilles, fleurs, tiges et graines de la plante de chanvre, contenant un composé psychotrope connu sous le nom de delta-9-tétrahydrocannabinol, ou THC.

Selon l’Institut national sur l’abus des drogues, affilié aux National Institutes of Health, la marijuana figure parmi les drogues illicites les plus consommées aux États-Unis, avec une prévalence particulièrement élevée chez les jeunes adultes.

Cette substance peut engendrer de nombreux effets, tant à court qu’à long terme, mais elle impacte principalement la santé mentale et cardiovasculaire des utilisateurs.

Feuilles de marijuana fraîche

Dans ce contexte, une équipe de chercheurs de la Feinberg School of Medicine de l’Université Northwestern, dirigée par Matthew Smith, a mené une étude sur les altérations cérébrales chez un groupe de jeunes adultes qui consommaient régulièrement de la marijuana.

Tous les participants avaient commencé leur consommation vers l’âge de 16 ou 17 ans, fumant quotidiennement pendant environ trois ans, bien qu’ils aient été abstinents pendant deux ans avant l’étude. De plus, ils n’avaient pas d’antécédents d’abus de substances.

Les chercheurs ont comparé ces participants à un groupe témoin sain, à des individus souffrant d’un trouble de consommation de marijuana, à des personnes atteintes de schizophrénie sans antécédents de troubles liés à l’usage de substances, et à des sujets schizophrènes ayant également un trouble d’utilisation de marijuana. Au total, 97 participants ont été inclus dans l’étude.

Anomalies cérébrales persistant après l’arrêt de la consommation de marijuana

Les résultats ont révélé que ceux qui avaient commencé à consommer de la marijuana régulièrement à 16 ou 17 ans présentaient une détérioration du thalamus, une région essentielle pour l’apprentissage, la mémoire et la communication.

Des changements anormaux liés à la mémoire de travail ont également été observés – une déficience qui peut conduire à des difficultés dans les activités quotidiennes ainsi qu’à des résultats scolaires décevants.

Les chercheurs définissent la mémoire de travail comme la capacité à retenir et à traiter l’information « dans l’instant », et à la transférer vers la mémoire à long terme si nécessaire.

Ces participants ont également montré de faibles performances lors des tâches de mémoire, et les mêmes structures cérébrales anormales étaient encore visibles deux ans après l’arrêt de la consommation de marijuana, suggérant des effets durables d’une utilisation intensive.

Marijuana et schizophrénie : un lien inquiétant

De surcroît, les chercheurs constatent que la dégradation observée dans le thalamus ressemble à celle constatée chez les patients schizophrènes ayant consommé de la marijuana.

Parmi les utilisateurs de marijuana schizophrènes, 90 % avaient utilisé la drogue de manière intensive avant de développer le trouble mental.

Ces découvertes corroborent des recherches antérieures indiquant que l’usage régulier de marijuana pourrait contribuer à des modifications structurelles du cerveau associées à la schizophrénie.

En outre, il est souligné que les personnes ayant des antécédents familiaux de schizophrénie pourraient augmenter leur risque de développer ce trouble en consommant de la marijuana.

Commentant ces résultats, John Csernansky, co-auteur de l’étude et professeur à l’école de médecine de l’Université Northwestern, a déclaré :

« L’abus de drogues de rue, telles que la marijuana, peut avoir des conséquences graves pour les jeunes développant ou ayant déjà développé des troubles mentaux. »

Ce travail est parmi les premiers à démontrer que l’utilisation de la marijuana peut être un facteur contribuant aux modifications cérébrales liées à la schizophrénie.

Matthew Smith ajoute que bien que cette étude mette en évidence les effets à long terme de la marijuana sur le cerveau, même après un arrêt de consommation, des recherches supplémentaires s’avèrent nécessaires pour mieux appréhender les impacts de cette substance.

D’autres études ont également souligné les effets bénéfiques potentiels de la marijuana. Des recherches récentes ont suggéré que le THC pourrait avoir un rôle dans le traitement des maladies auto-immunes.

Nouvelles Perspectives Sur Les Effets de la Marijuana

À l’heure actuelle, la recherche continue d’explorer les effets de la marijuana sur la santé mentale et physique. En 2024, des études récentes ont examiné l’interaction entre le THC et le système endocannabinoïde, révélant que l’usage médical de la marijuana pourrait offrir des avantages significatifs pour certains patients, notamment ceux souffrant de douleurs chroniques et de troubles anxieux.

De plus, des données récentes montrent que les effets neuroprotecteurs potentiels du CBD, un autre composé de la marijuana, peuvent contrebalancer certains des effets négatifs du THC, ouvrant ainsi des voies prometteuses pour de nouvelles thérapies.

Les chercheurs encouragent une approche nuancée de la marijuana, en soulignant l’importance d’une utilisation responsable et la nécessité d’une éducation sur ses effets, tant positifs que négatifs, afin d’optimiser son potentiel thérapeutique tout en minimisant les risques associés à l’usage récréatif.

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