Si Cambridge Analytica ne vous a pas mis de côté pour toujours, cela pourrait être le cas : une nouvelle étude indique que quitter le réseau social peut réduire considérablement votre niveau de stress.
Le scandale Cambridge Analytica – également connu comme la plus grande fuite de données dans l’histoire de Facebook – a fait perdre au réseau social environ un million d’utilisateurs quotidiens aux États-Unis et au Canada. Si vous n’êtes pas un de ces utilisateurs, et que l’idée que vos données personnelles soient utilisées pour manipuler les électeurs ne suffit pas à vous faire abandonner la plateforme, cette nouvelle étude pourrait bien vous faire changer d’avis.
Des chercheurs de l’Université du Queensland à Brisbane, en Australie, dirigés par le professeur Eric Vanman, maître de conférences à l’école de psychologie de l’université, ont voulu étudier l’impact de quitter Facebook sur le niveau de stress et le bien-être général des utilisateurs.
Les résultats, récemment publiés, vous convaincront peut-être de #DeleteFacebook – si ce n’est pas en signe de protestation, alors par souci pour votre santé.
Les niveaux de cortisol ont chuté
Le professeur Vanman et ses collègues ont examiné deux groupes d’utilisateurs actifs de Facebook, comprenant 138 participants au total. Un groupe a été invité à s’abstenir d’utiliser Facebook pendant 5 jours, tandis que l’autre groupe a poursuivi son utilisation habituelle de la plateforme.
Les chercheurs ont prélevé des échantillons de salive chez les participants au début et à la fin de l’intervention afin de mesurer leur taux de cortisol, l’hormone du stress.
Le professeur Vanman résume ses conclusions en rapportant : « Prendre une pause Facebook pendant seulement 5 jours a réduit le taux de cortisol, une hormone de stress. »
Le cortisol est connu pour monter en flèche quand une personne est stressée. En fait, cette hormone est considérée comme l’acteur clé du stress, régulant la façon dont notre corps réagit.
Trop de cortisol peut compromettre notre système immunitaire, nous rendant plus vulnérables aux infections, altérant notre mémoire et nous prédisposant à l’obésité, entre autres. De plus, les effets négatifs d’une exposition chronique au cortisol pendant de longues périodes peuvent inclure « une cognition altérée, une diminution de la fonction thyroïdienne et une accumulation de graisse abdominale, […] ce qui a des répercussions sur la santé cardiovasculaire ».
Cependant, rester loin de Facebook pourrait aussi vous rendre plus triste – du moins au début. Comme le dit le professeur Vanman : « Bien que les participants à notre étude aient montré une amélioration du stress physiologique en abandonnant Facebook, ils ont également signalé une baisse du sentiment de bien-être. »
« Les gens ont dit qu’ils se sentaient plus insatisfaits de leur vie et attendaient avec impatience de reprendre leur activité Facebook. »
Les constatations peuvent s’appliquer à tous les réseaux sociaux
Le professeur Vanman émet des hypothèses sur ce qui a pu conduire à ces résultats. Il explique : « Les gens ont connu moins de bien-être après ces 5 jours sans Facebook – ils se sentaient moins satisfaits de leur vie – en raison de la déconnexion sociale qui résulte d’être coupé de leurs amis Facebook. »
« S’abstenir de Facebook », poursuit le professeur Vanman, « a montré qu’il réduisait le niveau de cortisol d’une personne, mais les évaluations des personnes sur leur stress n’ont pas changé – peut-être parce qu’ils ne savaient pas que leur stress avait diminué. »
Enfin, il suggère que les résultats peuvent s’appliquer à tous les réseaux de médias sociaux. « Nous ne pensons pas que [les résultats soient] nécessairement propres à Facebook », explique-t-il, « car le niveau de stress des gens diminuera probablement chaque fois qu’ils prendront une pause sur leurs plateformes de médias sociaux préférées. »
« Facebook est devenu un outil social essentiel pour des millions d’utilisateurs et il offre évidemment de nombreux avantages, mais il peut aussi être source de stress, car il véhicule autant d’informations sociales sur un grand nombre de personnes.
Perspectives actuelles sur le bien-être numérique
À l’heure où nous vivons une époque caractérisée par une surconsommation d’informations, il est crucial de prendre du recul et d’évaluer notre rapport aux réseaux sociaux. Des études récentes montrent que non seulement une pause de Facebook peut réduire le stress, mais elle peut également améliorer notre concentration et notre productivité. Une recherche menée par l’Université de Californie a révélé que les personnes qui limitent leur temps sur les réseaux sociaux présentent une meilleure santé mentale et un niveau de satisfaction de vie plus élevé.
De plus, il est important de noter que les effets de la désintoxication numérique ne se limitent pas à Facebook. D’autres plateformes comme Instagram et Twitter ont également été associées à des niveaux accrus d’anxiété et de dépression. En 2024, la tendance à la déconnexion pourrait s’intensifier, car de plus en plus d’individus prennent conscience des impacts psychologiques des réseaux sociaux sur leur bien-être général.
Ainsi, réfléchir sérieusement à notre utilisation des réseaux sociaux et envisager des pauses régulières pourrait être bénéfique. Nous devons prioriser notre santé mentale et notre bonheur en apprenant à naviguer sainement dans cet espace numérique complexe.
Eric Vanman