La vulvodynie et la vestibulodynie désignent un inconfort persistant de la vulve, cette zone sensible du corps féminin qui protège les organes génitaux.
La vulve comprend les organes génitaux externes féminins, tels que le mont de Vénus, les grandes lèvres, les petites lèvres, le clitoris et le périnée.
La douleur vulvaire peut avoir diverses origines, mais la vulvodynie et la vestibulodynie sont particulièrement liées à une hypersensibilité des terminaisons nerveuses cutanées.
On estime qu’environ 16 % des femmes ont éprouvé des douleurs ou des picotements au niveau de la vulve à un moment donné de leur vie.
Traitement
Le traitement vise à atténuer les symptômes. Comme la cause est souvent indéterminée, il peut être nécessaire d’expérimenter plusieurs approches.
Les médicaments pour soulager la douleur incluent des antidépresseurs, des anticonvulsivants, ou des inhibiteurs de la recapture de la sérotonine-norépinéphrine (IRSN).
D’autres options comprennent des crèmes, des lotions et des gels anesthésiques à appliquer sur la zone vulvaire.
Parmi ces traitements, on trouve des crèmes hormonales topiques contenant de l’œstrogène et de la testostérone, ainsi que des anesthésiques topiques comme la lidocaïne. Ces produits peuvent être appliqués 15 à 20 minutes avant les rapports sexuels ou selon les besoins.
Un bloc nerveux consiste en l’injection d’un anesthésique dans les nerfs transmettant les signaux de douleur, de la vulve à la colonne vertébrale. Cela peut apporter un soulagement temporaire des douleurs.
Si d’autres méthodes échouent, une intervention chirurgicale pour retirer le tissu douloureux peut être envisagée.
Actuellement, deux techniques en phase d’étude sont la neurostimulation et la pompe à perfusion spinale.
La neurostimulation implique l’application d’une stimulation électrique à basse tension sur un nerf spécifique, ce qui peut remplacer la douleur par une sensation de picotement.
La pompe à perfusion vertébrale est un dispositif implanté qui libère des médicaments à faible dose directement dans la moelle épinière et les racines nerveuses, contribuant ainsi à atténuer la douleur.
Cependant, les preuves concernant l’efficacité de ces méthodes pour la vulvodynie restent limitées.
Certaines études montrent que la thérapie physique et psychosexuelle peut améliorer le fonctionnement sexuel, par exemple en aidant à surmonter la peur du contact physique.
Symptômes
La vulvodynie se manifeste par des sensations de brûlure, de piqûre, de démangeaison, d’irritation ou de douleur dans le tissu vulvaire, qui peut être enflammé ou non. Les patientes décrivent souvent des sensations de pulsation, de démangeaison, de douleur et de gonflement.
La douleur peut se localiser à un endroit précis ou s’étendre à une zone plus large, incluant le clitoris, le périnée, le mont de Vénus et l’intérieur des cuisses. Elle peut également affecter l’urètre et le haut des jambes.
La douleur associée à la vulvodynie est de nature neuropathique, résultant de signaux anormaux provenant des fibres nerveuses dans la région vulvaire, où les terminaisons nerveuses sont hypersensibles.
Elle peut être constante ou intermittente. Une douleur persistante, survenant sans contact ni pression, est qualifiée de vulvodynie non provoquée.
La vestibulodynie, anciennement appelée vestibulite, se caractérise par une douleur provoquée par un contact léger.
Les symptômes peuvent s’aggraver pendant ou après les rapports sexuels, lors de la marche, en position assise, ou lors d’activités physiques. Cela peut se produire lors de l’insertion d’un tampon ou d’une pression prolongée, comme lors de l’équitation.
La vulvodynie est généralement considérée comme persistante pendant au moins trois mois. Elle débute souvent de manière soudaine et peut durer des mois, voire des années. Bien qu’elle ne mette pas la vie en danger, la douleur peut gravement perturber les activités quotidiennes et engendrer des troubles émotionnels ou dépressifs.
Complications
Des difficultés relationnelles peuvent en découler, car les rapports sexuels deviennent douloureux. Une étude indique que 60 % des femmes atteintes de vulvodynie ne parviennent pas à avoir des rapports sexuels.
Des recherches suggèrent que les femmes atteintes de vulvodynie peuvent connaître une grossesse normale, et que dans certains cas, la douleur peut diminuer pendant la grossesse. Toutefois, ces femmes sont plus susceptibles d’avoir un accouchement par césarienne.
Remèdes maison
Certaines mesures non médicamenteuses peuvent soulager la douleur.
En cas de vulvodynie, la première étape consiste à éviter les irritants, comme les savons parfumés. Une modification des produits menstruels, par exemple en optant pour des articles en coton, peut également être bénéfique.
Des compresses froides peuvent offrir un soulagement temporaire de la douleur.
Les exercices de renforcement du plancher pelvien peuvent aider à détendre les tissus et à relâcher les tensions musculaires.
Le biofeedback utilise des technologies pour accroître la conscience corporelle, ce qui peut aider à modifier les habitudes nuisibles. Pour les femmes souffrant de vulvodynie, cela peut également renforcer les muscles du plancher pelvien et réduire la douleur.
La thérapie par points de déclenchement consiste à masser une zone spécifique de muscle contracté pour relâcher la tension et soulager la douleur. L’application d’un anesthésique local, tel qu’une crème, peut également apporter un soulagement.
Étant donné que le stress peut jouer un rôle dans la vulvodynie, que ce soit comme un déclencheur ou une conséquence, la gestion du stress peut également contribuer à réduire les symptômes.
L’acupuncture et la thérapie cognitivo-comportementale sont des pistes actuellement explorées.
Causes
La douleur vulvaire peut être causée par des infections, des troubles neurologiques, des conditions inflammatoires ou des néoplasmes comme le carcinome épidermoïde.
La vulvodynie n’est pas liée à une condition sous-jacente identifiable. La cause exacte demeure inconnue. Elle n’est pas causée par une infection sexuellement transmissible ou une autre maladie, bien que ces dernières puissent également provoquer des douleurs.
Les facteurs pouvant accroître le risque de vulvodynie incluent :
- Dommages ou irritation des nerfs autour de la vulve
- Une densité élevée de fibres nerveuses sensibles à la douleur dans la région vulvaire
- Niveaux accrus de substances inflammatoires dans la région vulvaire, dus à une inflammation
- Prédisposition génétique
- Faiblesse ou instabilité des muscles du plancher pelvien
- Réaction atypique ou prolongée à une infection, un traumatisme ou un facteur environnemental
- Changements hormonaux
D’autres facteurs augmentant la susceptibilité incluent :
- Infections à levures fréquentes
- Infections sexuellement transmissibles (IST)
- Irritation chimique des organes génitaux externes, causée par des savons, des produits d’hygiène féminine ou des détergents dans les vêtements
- Eruptions cutanées dans la région génitale
- Antécédents de traitements au laser ou de chirurgies sur les organes génitaux externes
- Irritation nerveuse, blessure ou spasmes musculaires dans la région pelvienne
- Diabète
- Conditions précancéreuses ou cancéreuses au niveau du col de l’utérus
La vestibulodynie provoquée peut être déclenchée par :
- Rapports sexuels
- Insertion de tampons
- Examens gynécologiques
- Position assise prolongée
- Port de sous-vêtements ou de vêtements serrés
- Activités comme le vélo ou l’équitation
La clitorodynie fait référence à la douleur localisée au clitoris.
La vulvodynie peut être confondue avec d’autres problèmes vulvovaginaux, tels que la tension chronique ou le spasme des muscles de la région vulvaire, connu sous le nom de vaginisme.
Régime
Un changement de régime alimentaire peut également être bénéfique. Éliminer un aliment à la fois peut aider à identifier un déclencheur.
Les aliments souvent responsables de réactions incluent :
- Caféine
- Aliments riches en sucre
- Aliments acides
- Aliments transformés
Prévention
Des mesures préventives peuvent réduire le risque de déclencher la douleur :
- Porter des sous-vêtements en coton et des vêtements amples autour des parties génitales
- Éviter le papier toilette parfumé ainsi que les crèmes et savons parfumés
- Limiter les frottements ou les positions assises prolongées
- Ne pas se laver excessivement les organes génitaux
- Éviter les douches vaginales ou les lingettes vaginales
- Utiliser des lubrifiants solubles dans l’eau lors des rapports sexuels
- Tapoter la zone sèche après le rinçage ou l’urination
En cas de suspicion d’infection vaginale, il est crucial de la faire diagnostiquer et traiter rapidement, et de consulter un médecin si des traitements semblent aggraver la situation.
Diagnostic
Le diagnostic peut nécessiter un examen pelvien pour vérifier les modifications cutanées et évaluer la douleur.
Un test à l’aide d’un coton-tige permet de localiser les zones douloureuses et d’évaluer leur intensité. Le médecin peut exercer une pression avec un tampon sur différentes zones tout en demandant au patient de quantifier la douleur.
Le patient doit être prêt à décrire sa douleur, y compris son type, sa gravité, son apparition (soudainement ou progressivement), ainsi que sa localisation et sa fréquence.
Le médecin peut utiliser une loupe spéciale pour effectuer une colposcopie.
Des tests peuvent être réalisés pour tenter d’identifier la source de la douleur et exclure d’autres causes.
Ces tests incluent :
- Prélèvements pour cultures bactériennes et de levure
- Tests sanguins pour évaluer les niveaux d’œstrogène, de progestérone et de testostérone
- Biopsie
Lors d’une biopsie, le médecin commence par anesthésier la région génitale avec un analgésique, puis prélève un petit échantillon de tissu pour un examen microscopique.
Nouvelles Perspectives de Recherche (2024)
Les recherches récentes sur la vulvodynie mettent en lumière des approches novatrices et des résultats prometteurs. Des études menées en 2024 ont examiné l’impact de la thérapie par ondes de choc, qui pourrait réduire la douleur en stimulant la circulation sanguine et en favorisant la régénération des tissus. De plus, l’utilisation de probiotiques spécifiques a été explorée, visant à rétablir un équilibre microbien sain dans la région vaginale, ce qui pourrait potentiellement atténuer les symptômes chez certaines femmes.
Une attention croissante est également accordée à l’importance de la santé mentale dans la gestion de la vulvodynie. Des études indiquent que les femmes souffrant de vulvodynie sont plus susceptibles de présenter des troubles d’anxiété et de dépression, soulignant la nécessité d’un soutien psychologique intégré au traitement. Les interventions psychothérapeutiques, telles que la thérapie cognitivo-comportementale, se révèlent bénéfiques pour aider les patientes à faire face à l’impact émotionnel de la douleur chronique.
Enfin, l’éducation et la sensibilisation des professionnels de la santé demeurent des éléments cruciaux. De nouvelles recommandations soulignent l’importance d’une évaluation approfondie et d’une approche personnalisée pour chaque patiente, afin d’améliorer les résultats cliniques et la qualité de vie. Ces avancées suggèrent un avenir prometteur pour la compréhension et le traitement de la vulvodynie.